Quelle différence entre le président Tebboune et le désormais ex-entraîneur national, Djamel Belmadi ? Si le second est remercié avec un beau chèque pour ses piteux résultats, le premier continue de conduire le pays dans le précipice sans que personne ne pipe mot.
Belmadi part, Tebboune reste
Au printemps 2021, Tebboune affichait sa fierté d’avoir rencontré Belmadi. « C’est un entraîneur qui a réalisé de très bon résultat (avec l’EN). Beaucoup de pays nous envient pour Belmadi », s’enorgueillait Tebboune. Les choses ont-elles depuis changé ? Tebboune n’est plus le même. L’ancien attaquant de l’EN aussi.
Le peuple du football algérien s’est montré – à juste titre – très indigné par la lamentable élimination de l’équipe nationale de football de la Coupe d’Afrique des nations. Les centaines de supporters algériens envoyés par Tebboune avec l’argent public, se sont précipités dans l’hôtel de l’équipe nationale pour faire payer au staff technique et sans doute aux joueurs leur échec à Abidjan. Comment ne pas saluer cette montée de colère ? Cependant, il y a un mais. Car, l’échec de Belmadi n’a rien à voir avec la situation générale du pays qui, elle, est de la responsabilité du chef de l’Etat. Comment on s’offusque de l’élimination de l’EN de la CAN et on se tait devant la crise morale, politique et économique dans laquelle se débat le pays ?
Qui peut renvoyer Tebboune ?
Ce qui s’est passé avec Belmadi devrait nous interpeler et susciter un sérieux examen de conscience. La FAF est donc arrivé à un compromis à l’amiable pour renvoyer l’entraîneur national. Mais y a-t-il une institution qui peut rappeler Tebboune à ses échecs et le pousser à faire amende honorable ? Bouteflika a été poussé à la porte par le clan d’Ahmed Gaïd Salah (AGS) à la faveur du mouvement de dissidence populaire. Adoubé par AGS, Tebboune reste le seul bénéficiaire finalement du mouvement de dissidence populaire.
L’Algérie vit depuis 4 ans sous un régime d’exception qui ne dit pas son nom. Plus de 200 honnêtes citoyens sont derrière les barreaux pour leurs positions politiques. Des centaines d’autres, sous ISTN, sont empêchés arbitrairement de tout mouvement.
Non content d’avoir bafoué la Constitution en détricotant tous les contrepouvoirs, vidé la justice de ses lois d’airain, la presse de sa liberté, la scène politique de son essence, Abdelmadjid Tebboune se conduit en autocrate. Les uns ne vont pas sans l’autre. On est passé de « Fakhamatouhou Bouteflika » à « le président Tebboune a donné l’ordre ». La moindre décision est exprimée sous cette formule martiale qui n’appelle à aucun dialogue ou débat. On en est à la verticale du pouvoir la plus impitoyable. A quelques mois d’une énième présidentielle qui sera une réédition des mascarades électorales précédentes, Tebboune (78 ans) affiche ses ambitions pour un énième mandat.
Alors ! Que Belmadi parte ou reste, cela ne changera rien pour les millions d’Algériens qui tirent le diable par la queue et subissent l’arbitraire au quotidien. Se défausser sur Belmadi c’est feindre d’ignorer les vrais responsables de la dramatique crise que traverse l’Algérie.
Yacine K.