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mercredi, 12 novembre 2025
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Tebboune : paroles en l’air, vérités enterrées

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Cette rencontre de Tebboune avec des journalistes triés sur le volet se voulait éclairante, mais finit par ressembler à un numéro de prestidigitation. Tebboune s’est laissé aller à son sport préféré, un numéro de déni de toutes les grandes questions qui rongent le pays. Epatant !

Le déni en guise de rhétorique

Dès l’ouverture, Tebboune installe le registre du déni. « Crise créée de toutes pièces », « climat délétère » mais que « l’essentiel avance ». Bien entendu, il n’y a pas d’affaire d’Etat Abdelkader Haddad, ce général, ancien patron de la DGSI, qui a fui le pays. Même pas évoquée d’ailleurs. Le scandale n’existe pas. Il n’y a pas 200 prisonniers d’opinion non plus. La presse est aussi libre si l’on entend le chef de l’Etat. On croit rêver. Soit l’homme est décidément perché trop haut pour voir la réalité algérienne. Ou alors il cultive un cynisme sans nul pareil.

«L’Algérie est sur la bonne voie, raison pour laquelle elle est la cible de certains partis qui craignent son indépendance acquise et sa capacité à retrouver son rôle central, aux niveaux régional et international », a-t-il soutenu avant de menacer ceux qui alimentent les « rumeurs ».

En effet, à entendre Tebboune, tous les conflits diplomatiques sont des tempêtes dans un verre d’eau. Tout baigne selon la rhétorique tebbounienne. Il s’agit à travers cette rencontre de renvoyer l’image d’un homme maître du jeu, calme face à l’orage, quand, dans le brouillard des faits, nombreuses sont les zones d’ombre. Pour Tebboune, les Algériens qui fuient le pays par milliers sur des embarcations de fortune ne sont pas l’expression de son échec le plus cuisant. Il n’y est pour rien. Pathétique.

Le babillage lunaire ou l’art de détourner le regard

Et quand la question dérange — Boualem Sansal, les libertés, le rôle des médias — on égrène les formules mielleuses : « c’est un problème pour ceux qui l’ont créé », « d’autres cas de binationaux n’ont pas soulevé autant de solidarité », etc.

On feint d’être ouvert, mais on esquive. On brandit la Constitution, on rappelle des principes, mais sans laisser échapper le moindre élément concret de réforme : pas de cadre de dialogue sérieux, libre et franc avec les partis. Que de vagues déclarations d’intentions. Encore une fois, il a fait des promesses pour 2026, comme il en a fait en 2020 pour 2021,… Ainsi de suite depuis que le général Gaïd Salah l’a installé à la présidence fin 2019.

Dans son raout, Abdelmadjid Tebboune sous le règne duquel la presse a été avilie a encore une fois répété à ceux qui veulent le croire que « la liberté d’expression est garantie en Algérie, mais la liberté d’insulter et de diffamer n’est pas permise ».

Le bilan, après 75 minutes de discours télévisés, ressemble à un mirage : on voit des promesses, mais pas de preuves ; on entend des mots forts, mais ils ne touchent pas l’épiderme de la réalité. La presse officielle applaudit. La rue boude, se gausse même de cette « geste » tebbounienne !

Tebboune propose une image de grandeur pour l’Algérie : « L’Algérie est très grande… C’est à nous de devenir assez grands pour être à son niveau. » Beau sentiment. Mais entre cette abstraction et le quotidien des Algériens — cherté de la vie, emploi, liberté d’expression, justice — il reste un fossé abyssal.

Moralité (ou avertissement, selon les goûts) : la gouvernance par le déni peut tenir un temps. Elle a tenu six ans déjà ! On peut s’amuser à jongler avec les mots, débrancher les réalités gênantes, minimiser les contestations. Mais ce jeu se fissure dès que la population attend des actes — actes visibles, concrets, mesurables. À vouloir parler surtout pour ne pas changer, on finit par perdre toute crédibilité. La leçon du règne menteur de Bouteflika est encore frais et sa triste fin également.

L’éléphant est bien dans la pièce. Si Tebboune voulait apaiser, il lui faudrait moins de babillage lunaire et plus de transparence, moins d’omissions, plus de courage dans les concessions. Les illusions de grandeur — excellentes sur le papier — ne nourrissent pas ceux qui ont faim. Les mots ne comptent que s’ils marchent. Mais Tebboune ne peut faire que du Tebboune. Il ne faut raisonnablement rien attendre de lui.

Rabah Aït Abache

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2 Commentaires

  1. Rien à attendre de cet individu. Ses deux fils se livrent à un véritable racket des entreprises privées (quelques milliards contre protection judiciaire). Le fils de Chengriha en fait de même. Une honte ! L’Algérie est en train de subir un pillage en régle (des milliards de dollars englouties dans des entreprises turques dans lesquelles tous les généraux sont associés). Il n’y a qu’un seul ennemi de l’interieur : c’est Teboune et sa Issaba?

  2. Après ce qu’il vient de nous déblatérer lors de sa dernière interview en face de 2 chats de journalistes, interview qui n’en est pas une, Il y a une chanson qui convient très bien et qu’il faut faire écouter à 3hammi Tebboune, c’est celle chantée par la célèbre et regrettée Dalida « paroles et paroles » .

    Cela fait 63 ans que le pouvoir adopte ce type de discours , de technique, d’entourloupe surtout la veille d’échéances électorales. J’espère que les citoyens malgré son phagocytage , son intoxication par la propagande des médias ne vont pas tomber encore une fois dans le piège et se laisser faire. Cela ne sert à rien d’aller aux élections tant qu’il n’y a pas au préalable une période de transition démocratique inclusive à définir avec un contenu, un planning et des échéances , un processus de transition à discuter avec la société civile en générale, tout en désignant un gouvernement de transition, de compétences constitué de personnalités intègres et patriotes pour assurer la continuité de l’Etat. Le boycott électoral est , pour l’instant, la seule arme pacifique entre les mains des démocrates et des patriotes , des forces du changement pour tenter de faire changer d’avis à ce pouvoir, en attendant d’autres formes de luttes organisées.

    Enfin, c’est mon avis . ceux qu’ils veulent participer à des simulacres d’élections, à une pièce de théâtre électoral burlesque, ils sont libres évidemment. Pour ceux qui refusent , rejettent ou excluent cette option, ils seraient bon qu’ils nous proposent une autre alternative pour arriver à changer les choses avec un régime pareil . Moi je n’en trouve pas pour l’instant en dehors du boycott , en tout cas tant qu’on observe le statu quo , l’immobilisme du pouvoir qui refuse le changement. Et le « pire des plus pires » comme on dit Tebboune parle de liberté d’opinion , que les citoyens sont libres de critiquer etc.. etc .. alors qu’il garde « au chaud » de nombreux détenus d’opinion et de détenus politiques , et même des condamnés à mort pour des opinions dans les geôles d’El Harrach et de Koléa notamment (il y en a plus de 200 ) . Il nous dit qu’on est libre de s’exprimer alors que les menaces , les intimidations et les emprisonnements ne s’arrêtent pas.

    Ainsi, malgré la situation politique du pays, il va continuer à magouiller avec certains partis politiques bien connus , il va réveiller même l’UGTA qui était sous morphine à forte dose, il va faire semblant de changer la loi électorale, la loi sur les partis politiques qui seront votées par une APN et un Senat aux ordres, il va faire faire semblant de changer la composition de l’ANIE et le tour est jouer , bref comme d’hab.

    Définition de la société civile dans un Etat de droit : c’est l’ensemble des organisations et associations non gouvernementales libres, qui défendent les intérêts des citoyens indépendamment de l’État. Elle constitue un pilier fondamental de la démocratie participative, agissant dans un Etat de Droit comme un contre-pouvoir et un groupe de pression.

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