Mobilisation générale à Tizi-Ouzou pour recevoir Tebboune. Les administrations ont sommé les fonctionnaires d’être présents pour accueillir le chef de l’Etat.
La ville de Tizi-Ouzou retient son souffle. Pas un papier ne traîne sur les rues principales. Il paraît que Tebboune sera là. Les journalistes missionnés pour couvrir sa visite, a-t-on appris de journalistes de la presse publique, ont tous subi les tests PCR pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs du Covid. Car on sait que Tebboune a souffert gravement de cette épidémie. Prudence donc !
Sauf surprise de dernière minute, Abdelmadjid Tebboune sera à la ville des Genêts demain mercredi. Pour cela, elle sera paralysée, comme à chaque fois qu’un chef d’Etat se déplace à l’intérieur du pays. Des dizaines de bus sont mobilisés pour ramener des obligés par centaines afin qu’ils applaudissent le locataire d’El Mouradia.
A moins de deux mois de la mascarade présidentielle, le chef de l’Etat ne se refuse rien pour amadouer un électorat qu’il a ignoré pendant 4 ans.
En décembre 2019, les wilayas de la Kabylie ont massivement boycotté la mascarade présidentielle, car elles savaient que Tebboune était le désigné du général-major Ahmed Gaïd Salah. C’était un secret de Polichinelle, comme au demeurant la présidentielle du 7 septembre prochain est tout aussi réglée comme du papier à musique. Dans cette région et ailleurs dans le pays, aucun Algérien ne se fait plus d’illusion.
Répression et harcèlement des militants kabyles
La Kabylie qui vit sous une surveillance policière depuis début 2021 aura payé cher son engagement total dans la dissidence populaire. Des dizaines de ses habitants sont jetés en prison. Aux incendies de forêts qui ont fait plus de 120 victimes et des plusieurs centaines d’ha de forêt partis en fumée s’ajoute le procès expédié de l’affaire dite Djamel Bensmaïl. 48 condamnations à mort ont été prononcées dans ce procès inique, troussé d’une manière autoritaire pour envoyer à la mort des jeunes dont les preuves de leur implications laissent à douter. Alors même qu’il vient en Kabylie, Mira Mokhnache, enseignante et militante de la cause amazighe, est maintenue en garde à vue dans un commissariat de la wilaya de Bejaia.
A la lumière de ces éléments, peut-on réellement accueillir avec égard un chef d’Etat qui réprime, oppresse, emprisonne et maintient le pays dans une terreur ?
Comme toute ses visites, il n’y a rien de concret à attendre de la virée de Tebboune à Tizi-Ouzou. A défaut d’usines, d’hôpital, d’université, ou de quelque grande infrastructure, il inaugurera un stade. Ici comme ailleurs, Tebboune hérite du travail de son prédécesseur. Ce stade dont le montant des travaux reste un secret a été lancé et réalisé à plus de 80% sous Bouteflika. Un stade baptisé au nom de Hocine Aït Ahmed. Voilà pour réduire encore une fois la dimension de cet opposant qui a combattu la dictature de Ben Bella Boumediene les armes à la main. Un combat que les actuels dirigeants du FFS ont compromis pour d’improbables strapontins.
Il inaugurera des logements lancés aussi sous Bouteflika, une pénétrante de 48 km fort attendue. Il serait aussi question de la nouvelle ligne de train qui reliera Tizi-Ouzou à Yakouren, de deux ports…
Il compte même annoncer sa candidature à partir de Tizi-Ouzou, nous apprend une source habituellement bien avertie.
Sans nul doute, il y aura des annonces, de grandes phrases pour chatouiller l’orgueil de cette région meurtrie par le pouvoir depuis 1962. En l’espèce la propagande se chargera d’inventer les prochaines réalisations.
Le ban et l’arrière ban local des traditionnels soutiens au régime sont convoqués pour faire de la figuration et assurer le spectacle d’une région soudée derrière Tebboune. Il y va en vrai de leur avenir de s’afficher et de redoubler de zèle. Attendez-vous donc qu’ils proclament haut et fort leur attachement à l’unité du pays et à son drapeau. Comme si les évidences ne l’étaient plus.
Le soir, quand les derniers drapeaux seront retirés, la poussière reprendra sa place. Potemkine aura vécu le temps d’une journée…
Yacine K.