Mercredi 10 novembre 2021
Tebboune veut-il sa décennie noire ?
Lorsqu’ on ne peut plus se permettre de payer la pomme de terre au prix de cent cinquante dinars le kilogramme, et qu’il n’y a guère de choix à faire entre mourir de faim ou croupir dans une de ces geôles que seuls nos dirigeants savent construire, c’est que le pays, après toutes les révoltes qu’il a connues, est devenu un grand cimetière.
Fuir son pays, au risque de se faire emporter par la houle en pleine mer, c’est choisir la plus criarde des morts, celle où il ne subsistera pas de sépulture pour se recueillir.
Comment se peut-il que, ce pays qui compte d’innombrables terres arables se meut en de terres inexploitables, et que notre désert, qui regorge de pétrole et de gaz, devient la besace dans laquelle nos dirigeants pillent indéfiniment et impunément nos richesses ? Est-ce qu’il suffit à Tebboune de ne pas être Bouteflika pour faire dans l’illégalité ce que Bouteflika a toujours fait en toute impunité ?
Ces discours inintelligibles, sa posture aussi bouffonne que dramatique, son inculture qui en dit long sur son imposture, souvent objet de moqueries, ses longues dissertations sur le prix de la pomme de terre et le, supposément, dangereux voisin marocain, ont souvent plus d’impact sur l’avenir du pays que l’évènement historique qui a vu la destitution de Bouteflika. Tebboune est rentré par la petite porte de l’histoire, et, comme tout imposteur en mal de légitimité, il déguerpira après avoir orchestré plus de dégâts que tous ses prédécesseurs.
Le destin rompant qu’il nous réserve n’est guère reluisant et porte à croire que , incapable de se défaire du désaveu populaire qu’il traine comme un boulet depuis l’avènement du Hirak, acculé par le clan qui n’a jamais voulu de sa candidature et qui, lui, gouverne aujourd’hui le pays, Tebboune nous prépare à une guerre contre l’ennemi imaginaire, celui qu’il vient de ressusciter des ténèbres de l’inconscient collectif du clan qui endeuille le pays, pour masquer une vérité devenue incontestablement dérangeante et éminemment menaçante.
En se mettant dans le costume vert kaki de chef suprême des armées, Abdelmadjid Tebboune joue son dernier grade de supplétif mal aimé. Il veut nous faire croire que nous sommes prêts pour la guerre, et que pour la guerre nous sommes faits. Le temps des massacres nous a aguerris, le temps des révoltes réprimées dans le sang nous a habitués aux pires, aux nuits des longs couteaux, au bruit des bottes et au long silence qui s’en suit. Passer votre chemin, il n’y a rien à voir. On tue!
En Algérie, nos dirigeants font la guerre par atavisme, par le simple de besoin de changer d’air ou de passer à une autre ère. Pour de vrai, les Algériens ne sont jamais sortis de la guerre: de celle que la colonisation française leur a infligée à toutes celles que le pouvoir politico-militaire a fomentées, plus d’un demi-siècle après l’indépendance. Rien que le lynchage et l’immolation abjecte dont a été victime Djamel Bensmaïl est, en soi, un crime de guerre, une tragédie d’une barbarie incommensurable.
Tebboune, malgré la porosité de ses discours, la viscosité de ses propos, l’impertinence de sa posture, et son inculture qui en dit long sur son imposture, il a compris une chose : pour rester au pouvoir, lui et le clan dont il essaie en vain de séduire, feront du Maroc et du MAK notre prochaine décennie noire.