22 novembre 2024
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Téhéran appelle Ryad à ne pas jouer avec le feu

Moyen-Orient

Téhéran appelle Ryad à ne pas jouer avec le feu

Le président iranien Hassan Rohani a adressé mercredi une sérieuse mise en garde à l’Arabie saoudite, lui conseillant de ne pas jouer avec le feu, après une exacerbation des tensions entre les deux puissances rivales au Moyen-Orient. 

La veille, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait accusé l’Iran « d’agression directe » contre son pays après l’interception d’un missile tiré sur Ryad par les rebelles yéménites houthis, soutenus par Téhéran qui a démenti toute implication.

« Vous connaissez la puissance et la place de l’Iran dans la région. Des plus grands que vous s’y sont cassé les dents. Vous n’êtes rien ! » a lancé M. Rohani à l’adresse des dirigeants saoudiens, lors d’un discours retransmis par la télévision d’État.

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« Les États-Unis et leurs alliés ont mobilisé tous leurs moyens contre nous et n’ont rien pu faire », a ajouté le président iranien, faisant référence à la guerre dévastatrice déclenchée en 1980 par l’Irak contre la jeune République islamique d’Iran, avec le soutien des pays occidentaux et arabes. Le conflit s’était achevé huit ans plus tard par un retour au statu quo ante.

Téhéran et Ryad ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016 après le saccage de l’ambassade saoudienne à Téhéran lors d’une manifestation de colère contre l’exécution d’un dignitaire religieux chiite en Arabie saoudite.

Les deux pays, gros producteurs d’hydrocarbures, soutiennent des camps opposés dans les principaux conflits au Moyen-Orient (Syrie, Yémen, Irak) et s’opposent aussi sur la situation au Liban et à Bahreïn.

Erreur stratégique

« Si vous pensez que l’Iran n’est pas votre ami et que les États-Unis et le régime sioniste sont vos amis, vous faites une erreur stratégique et de calcul », a encore ajouté le président iranien, faisant écho à de récents propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon qui la « menace » iranienne contribue à un rapprochement inédit entre l’État hébreu et ses voisins arabes.

Depuis le tir d’un missile balistique des rebelles houthis samedi soir au-dessus de l’aéroport de Ryad, l’Arabie saoudite et l’Iran se livrent à une violente passe d’armes au sujet du Yémen.

Les autorités saoudiennes accusent l’Iran d’être derrière ce tir qui pourrait, selon elles, « équivaloir à un acte de guerre ».

L’Iran a rejeté ces accusations et plaidé pour l’apaisement mais la Maison Blanche a pris fait et cause pour Ryad contre Téhéran. L’Union européenne a appelé toutes les parties au calme.

Devant ses ministres, M. Rohani a exhorté l’Arabie saoudite –qui dirige depuis 2015 une coalition arabe au Yémen en soutien aux forces gouvernementales– à cesser les bombardements sur les régions contrôlées par les Houthis et à mettre fin au blocus qu’elle impose à ce pays.

« Diplomatie » contre « bombardements »

Ce regain de tension entre Ryad et Téhéran intervient en une période d’incertitudes provoquée par la remise en cause par Washington de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump s’est attaché à revigorer l’alliance entre Washington et Ryad, négligée par son prédécesseur Barack Obama.

Sur son compte Twitter, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a appelé mercredi à trouver une issue pacifique au Yémen plutôt qu’à « créer de nouvelles crises par des bombardements et des menaces ».

« Il n’y a aucune crise qui ne peut être résolue par la diplomatie. Nous l’avons déjà prouvé », a-t-il ajouté en faisant référence à l’accord sur le nucléaire de 2015.

D’autre part, le quotidien conservateur iranien Kayhan a été condamné à une suspension de deux jours (samedi et dimanche) pour avoir titré lundi en première page : « Tir de missile des Ansar Allah (rebelles houthis) contre Ryad, la prochaine cible sera Dubaï ».

Selon l’agence officielle Irna, la justice a donné raison au Conseil suprême de la sécurité nationale, pour qui ce titre est « contraire à la politique de la République islamique dans la région ».

 

Auteur
AFP

 




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