Vendredi 22 janvier 2021
« The hill we climb », le poème d’Amanda Gorman qui bouleverse l’Amérique
Elle n’a que 23 ans, elle est noire, elle est maigre (la totale pour échouer), et pourtant elle a réussi à voler la vedette à Joe Biden, ce mercredi 20 janvier, jour de l’investiture du 46ème président des États-Unis.
Le poème d’Amanda Gorman est tellement beau que nous n’avons pu résister à la tentation de vous le traduire. Mot à mot « the hill we climb » signifie « la colline que nous escaladons » mais nous lui avons préféré « la colline en amont ».
Ah si nos dirigeants pouvaient s’en inspirer ! non pas pour mieux nous diriger mais pour laisser les énergies se libérer. Car on ne nous fera pas croire que notre pays ne regorge pas de talent et d’excellence. Une excellence muselée par une bande de chenapans qui se soigne en France ou en Allemagne pour ne laisser à l’intelligence de nos enfants guère d’autre choix que celui d’agoniser dans les mosquées ou dans les prisons.
Même si la traduction ci-après ne prétend pas à la perfection, à vos émotions !
La colline en amont
Quand le jour se lève nous nous demandons où trouver la lumière dans cette ombre qui s’étale à l’infini
La perte que nous supportons, une mer que nous devons surnager
Nous avons bravé le ventre de la bête
Nous avons appris que le calme ne signifie pas toujours la paix
Et les normes et les notions de ce qui juste est
N’est pas toujours « juste-ice »
Et pourtant l’aube nous appartient avant de l’affronter
En fait nous la créons
En fait nous avons vécu pour être les témoins d’une nation qui n’est pas brisée mais seulement inachevée
Nous les héritiers d’un pays et d’un temps
où une petite fille noire et maigre descendante d’esclaves,
élevée par une mère célibataire, peut rêver de devenir présidente
pour se retrouver en train de réciter pour Un président
Oui nous sommes loin d’être étincelants, loin d’être parfaits
Mais cela ne veut pas dire que nous nous éloignons d’une union parfaite
Nous nous efforçons de construire l’union avec un objectif
De composer un pays embrassant toutes les cultures, toutes les couleurs, tous les personnages de dimension humaine
De ce fait nous ne jetons pas nos regards sur ce qui se dresse entre nous
mais ce qui se dresse devant nous
Nous mettons fin à nos divisions parce que nous faisons de notre futur la priorité,
nous devons mettre nos différences de côté
Nous baissons les bras pour que nous puissions tendre les bras les uns aux autres
Nous ne voulons aucun mal à personne mais voulons l’harmonie pour tous
Que le monde puisse, à défaut d’autre chose, constater que cela est vrai :
Que même quand nous pleurons, nous grandissons
Que même quand nous sommes blessés nous espérons
Que même quand nous fatiguons, nous essayons
Que nous serons liés pour toujours, par la victoire
Non pas parce que nous ne connaîtrons plus la défaite
Mais parce que nous ne sèmerons plus jamais la division
L’écriture nous intime d’envisager que chacun puisse se seoir sous sa vigne et son figuier
Et personne ne leur fera peur
Si nous devions vivre à la hauteur de notre temps
Alors la victoire ne sera pas arrachée par l’épée
Mais dans tous les ponts que nous avons édifiés
C’est la clairière promise
La colline que nous escaladons
Si seulement nous osions
C’est parce qu’être américain c’est plus qu’une fierté que l’on hérite
C’est le passé dans lequel nous nous engouffrons et comment nous le réparons
Nous avons été témoins d’une force qui aurait brisé notre nation au lieu de la partager
Aurait détruit notre pays si son but était de différer la démocratie
Et cet effort a presque réussi
Mais si la démocratie peut être épisodiquement différée elle ne peut être défaite pour de bon
En cette vérité en cette foi nous croyons
Parce que pendant que nos yeux sont rivés sur le futur, les yeux de l’histoire sont rivés sur nous
Voici venu l’ère de la juste rédemption
Nous redoutions son commencement
Nous ne nous sentions pas préparés à être les héritiers d’une heure si terrifiante
mais d’elle si nous puisions la force d’écrire un nouveau chapitre
Pour offrir l’espoir et le rire pour nous-mêmes
Alors quand nous nous demandions, comment est-il possible de dominer la catastrophe
Maintenant nous affirmons
Comment serait-il possible que la catastrophe nous domine
Nous ne marcherons pas vers ce qui fut
Mais cheminerons vers ce qui sera
Un pays meurtri mais entier, bienveillant mais audacieux, féroce et libre
Nous ne serons pas remués ou interrompus par l’intimidation
parce que nous savons que notre inaction ou inertie
serait l’héritage de la génération qui suit
nos bévues se transformant en leurs fardeaux
Mais une chose est sûre :
Si nous fusionnons la miséricorde à la force
et la force au droit
Alors l’amour devient notre testament
celui qui changera le droit de nos enfants
Alors laissons derrière nous un pays
meilleur que celui qu’on nous a laissé
Chaque souffle de ma poitrine en bronze pilé
nous transformerons ce monde blessé en monde merveilleux
Nous nous dresserons des collines dorés de l’ouest,
Nous nous dresserons du venteux nord est
où nos aïeuls ont initié la révolution
Nous nous dresserons des villes bordées de lacs des états du Midwest
Nous nous dresserons du sud ensoleillé
Nous reconstruirons, nous réconcilierons et guérirons
Et chaque recoin connu de notre nation et
chaque endroit qui s’appelle notre pays
Notre peuple divers et beau émergera, battu et beau
Quand le jour se lèvera nous sortirons de l’ombre, enflammés et sans peur
Une nouvelle aube fleurira quand nous la libèrerons
Parce qu’il y a toujours de la lumière
Quand nous sommes assez braves pour la discerner
Quand nous sommes assez braves pour en être ses traits.