24 novembre 2024
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Tribunal criminel d’El Taref : témoignages poignants

Détenus d'opinion

Le procès en criminel des détenus d’opinion l’universitaire Mohamed Tabainia, Salah Zerfa, Mohamed Fouzi Ounissi, Hassen Mezhoud, Aissa Filali et Loutfi Gouri, ainsi que de ceux qui sont en liberté، sous contrôle judiciaire, Karima Daoudi (épouse de Zerfa), Samia Mouadjedia (l’épouse de Tabainia) et Houria Bakouche se tient ce mardi devant le tribunal criminel de première instance de Taref, annonce le CNLD.

Comme à chaque procès, l’innommable arbitraire s’invite dans les tribunaux. Des citoyens épris de liberté et de justice se retrouvent sous le coup d’accusations éhontées, fabriquées de toutes pièces pour les briser. Le scénario est le même. Les arguments implacables de la défense et les témoignages poignants des prévenus se brisent devant la surdité de juges, tout préoccupés qu’ils sont à plaire à leur hiérarchie. A El Taref, comme dans la plupart des tribunaux algériens, la justice est une balance de mensonges.

Ci-dessous des échos du tribunal d’El Taref.

Aissa Filali est accusé de complot contre l’Etat et 4 autres délits. « C’est à cause de ces pratiques qu’on est sorti dans le Hirak », a-t-il lancé au juge.

Il poursuit :

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« Je travaille dans une entreprise et en dehors de mes heures de travail, je bricole comme mécanicien pour subvenir à mes besoins. Et j’ai ouvert depuis longtemps un compte bancaire en devises et je l’alimentais comme je peux, jusqu’à, après 3 ans, j’ai pu épargner 2500 Euros et d’une façon légale et transparente. Moi je ne comprends pas, comment on ne poursuit pas et on ne demande pas de compte à celui qui vend l’euro, en somme colossale, dans le marché parallèle et en noir au vu et au su de tous les appareils sécuritaires, alors que moi je suis accusé de complot contre l’Etat et d’atteinte à l’unité nationale en me mettant en détention provisoire qui dure depuis 18 mois à cause de 2500 euros que j’ai épargné sous derrière sous de mon labeur et placer en toute transparence dans une banque ».

Karima Daoudi (épouse de Zerfa) :

« Ma famille a vécu l’enfer et un mois de pressions continues et de harcèlement, ce qu’il a causé la perte de mon fœtus. Je suis issue d’une famille révolutionnaire, mais j’habite dans un taudis, avec mon mari et nos quatre enfants. J’ai soutenu le Hirak pour la consécration et la réalisation de l’Etat de droit et de justice « .

Samia Mouadjedia (épouse Tabainia), poursuivie pour les mêmes chefs d’accusations que son mari :

« Je suis sorti et j’ai participé au Hirak populaire, j’étais heureuse de voir l’évolution de conscience chez les Algériens et leur volonté de construire l’Etat de droit. Je suis un cadre et j’ai travaillé avec abnégation et sincérité pour élever mes enfants et les éduquer dans l’amour de la patrie, alors que je me retrouve poursuivie en criminel, mon mari en prison et mon fils unique ayant abandonné ses études 04 mois avant la fin de son cursus universitaire et décroché son diplôme pour prendre la mer, haraga à bord d’un botti, car il ne se sentait plus en sécurité chez lui après avoir vécu le calvaire et l’arbitraire touchant ses parents ».

Mohamed Fouzi Ounissi demande au juge de l’autoriser de faire des pas dans la salle afin de voir son handicap.

« Est ce celui qui n’arrive même pas à marcher peut comploter contre l’Etat et porter atteinte à sa sécurité ? Ils n’ont trouvé à ma possession qu’une somme dérisoire et qui est à la portée de tout père de famille, composée de filles et des petits enfants. Et c’est mon argent et le fruit de mon travail, dans mes entreprises que j’ai créé. Et mon engagement dans le Hirak pacifique est de réaliser l’Etat, dont rêvaient et aspiraient les chouhada ».

Mohamed Tabainia :

« Qu’est-ce qu’il me reste, en s’adressant au juge, je suis cadre dans une entreprise nationale depuis 30 ans et pendant cette vie professionnelle, j’ai développé des programmes, et je suis également enseignant universitaire en grade d’assistant. Ces accusations sont humiliantes à mon encontre et je ne trouve de mots à exprimer mon ressentit. Affrontez-moi avec des preuves si vous en avez !

J’étais jeté en prison 18 mois en détention provisoire et le comble, ma femme est poursuivi dans le même dossier. Vous avez anéanti ma vie et celle de ma famille et vous avez poussé mon fils à l’exil ».

Lotfi Gouri :

« Moi je suis un travailleur journalier et mon niveau d’instruction est simple, j’ai vu des avocats, des juges, des médecins… sortir dans le Hirak populaire, alors que leur niveau de vie est meilleur que le mien mille fois. Comment moi, le désœuvré et le laissé pour compte, je ne sortirai pas pour participer dans le Hirak populaire et revendiquer l’Etat auquel aspirent ces gens. C’est pour cette raison et pas d’autre, je me suis retrouvé emprisonner plus de 18 mois. Pendant mon incarcération, j’ai perdu ma femme, décédée, et mes deux enfants se sont retrouvés orphelins des deux parents, de mère et de père ».

Salah Zerfa, Kamel Zerfa, Karima Daoudi, Leila Daoudi, Houria Bekkouche, Ounissi Mohamed Faouzi, Lotfi Gouri, Hassane Mezhoud, Nouar Bekhouche, Mohamed Tebainia, Mohamed El Amine Ben Mesdek, Hassan Aouadi ( détenu dans un autre dossier) Aissa Filali, Samia Mouadjedia.

Mohamed Fawzi Ounissi a été arrêté vendredi 11 février 2022 à 10h chez lui à Annaba, par la police puis remis à la gendarmerie de Sidi Ammar et transféré le 13 février à El Taref pour présentation devant le procureur.

Mohamed Faouzi Ounissi a été placé sous mandat de dépôt dimanche 13 février 2022 après sa présentation devant le procureur du tribunal d’El Taref pour vider le mandat d’arrêt et mandat de dépôt.

Mohamed Faouzi Ounissi a été arrêté en Turquie le 23 janvier 2022 puis extradé vers l’Algérie, vu la décision de la chambre d’accusation (Cour d’El Taref) pour son mandat de dépôt et un mandat d’arrêt.

Lotfi Gouri a été placé sous mandat de dépôt jeudi 11 novembre 2021 après décision de la chambre d’accusation (Cour d’El Taref) qui a annulé le contrôle judiciaire.

 

 

2 Commentaires

  1. L’Algérie détient, dans ses prisons, des citoyennes et des citoyennes en attente de jugement pendant des mois.
    L’Algérie inculpe et condamne des citoyens dans le but de les faire taire alors que le droit international préconise la liberté d’expression, entre autre.

    Mais…
    L’Algérie a été élu en tant que membre du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies dernièrement ce dont se félicitent le président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Abdelmadjid Zaâlani et tous les profiteurs du systèmes et leurs esclaves et porte parole.

    Cherchez l’erreur…
    En vérité, il n’y en a pas. Nous fonctionnons comme tous ces états pourris dont nous « dénonçons » les dérives et les répressions.
    Nous fonctionnons comme sous le régime colonial. Le peuple ne doit pas redresser la tête sinon c’est la répression.
    Hypocrisie quand tu nous tient…
    A lire ces témoignages, on a l’impression de revenir 70 ans en arrière.

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