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samedi 4 octobre 2025
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Tunis : un homme condamné à mort pour des publications sur Facebook !

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Il en va ainsi dans la très démocratique Tunisie de Kaïs Saïed. La justice tunisienne est au centre d’un scandale qui dépasse le simple cadre judiciaire : un homme de 56 ans, Saber Chouchane, a été condamné à mort par la Cour pénale de Nabeul pour des publications sur Facebook.

L’affaire, révélée le 3 octobre 2025, suscite un vif émoi parmi les militants des droits humains, les avocats et les observateurs internationaux, en raison de la disproportion manifeste entre les actes reprochés et la sanction infligée.

Saber Chouchane, travailleur précaire et père de trois enfants, est détenu depuis le 22 janvier 2024. Les accusations portées contre lui sont lourdes : « atteinte à l’intégrité de l’État », « ordre cruel envers le président de la République » et « diffusion de fausses informations à caractère personnel visant un fonctionnaire ». Selon son avocat, la plupart de ces publications étaient issues de pages tierces et ont suscité peu d’interactions, certaines n’ayant même reçu aucune réaction. Il s’agissait, selon lui, de simples tentatives pour alerter les autorités sur sa situation sociale difficile et sa santé fragilisée.

Cette décision met en lumière une problématique plus large : l’usage de la peine de mort pour réprimer des opinions ou des actes non violents. Les organisations de défense des droits humains, telles que l’Association « Taqatu » et le Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort, dénoncent un jugement qui viole les standards internationaux et le droit tunisien lui-même, garantissant la liberté d’expression. Pour elles, la condamnation de Chouchane représente un retour inquiétant vers des pratiques d’exception héritées du passé, qui assimilent critique et délit.

Le contexte tunisien révèle une tension croissante entre sécurité et libertés : si l’exécution de la peine capitale est suspendue depuis 1991, les jugements à mort n’ont jamais cessé d’être prononcés, et leur nombre a augmenté depuis 2019, sous l’impulsion du président Kaïs Saïed, fervent partisan de cette sanction.

Entre 2015 et 2024, 166 personnes ont été condamnées à mort, dont 12 femmes, et plus de la moitié pour des raisons à caractère politique. Ces chiffres illustrent une justice qui, sous prétexte de protection de l’État, se montre parfois disproportionnée et punitive.

L’affaire Chouchane est aussi symptomatique d’un enjeu social et humain : elle touche un individu vulnérable, confronté à la pauvreté et à des conditions de vie précaires.

Le condamné assume la charge de sa mère âgée et de ses enfants, et souffre depuis des années de séquelles physiques. La sanction tombe donc sur un homme socialement et physiquement fragilisé, amplifiant l’impression d’injustice.

Enfin, cette affaire soulève la question du rôle des réseaux sociaux dans la démocratie tunisienne. Dans un pays où l’expression publique reste fragile et sujette à répression, l’usage des plateformes numériques comme espace d’alerte ou de contestation peut devenir un risque juridique majeur. Le verdict de Nabeul illustre à quel point la frontière entre critique légitime et délit peut être floue et dangereuse, surtout lorsque l’État invoque des motifs de sécurité pour restreindre les libertés.

En somme, la condamnation de Saber Chouchane n’est pas seulement un cas isolé : elle symbolise le défi persistant de la Tunisie à concilier autorité de l’État, sécurité, justice et respect des droits humains fondamentaux. Elle rappelle, à la veille du Jour mondial contre la peine de mort, que la liberté d’expression demeure une valeur fragile et précieuse, et que sa protection ne peut être subordonnée à la seule interprétation sécuritaire de la loi.

Mourad Benyahia 

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