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Tunisie : l’arrestation controversée du juge Mourad Messoudi secoue la société civile

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L’arrestation du juge tunisien Mourad Messoudi, président de l’Association des jeunes magistrats, le 15 août 2025, a provoqué une onde de choc au sein de la société civile et du corps judiciaire.

Selon son avocat, Samir Ben Omar, l’opération a été menée par des agents en civil sans présentation de mandat officiel, conduisant le juge vers un lieu inconnu pour sa famille et ses conseils, en violation flagrante des procédures légales.

Le jour de son interpellation, Messoudi se trouvait avec sa fille de six ans. L’avocat et l’association Trac pour les droits et libertés rapportent que d’autres membres de la famille, dont une fillette de neuf ans, ont été victimes de violences physiques nécessitant une hospitalisation. Le domicile du juge a été perquisitionné, ce qui constitue selon Trac une atteinte directe à la protection constitutionnelle du domicile et aux droits des habitants.

Cette arrestation survient dans un contexte politique sensible. Messoudi avait été accusé, lors des élections présidentielles de 2024, d’avoir tenté d’influencer le vote par des dons en nature ou en espèces. Un jugement initial par contumace rendu en août 2024 avait été annulé, et le juge avait comparu en février 2025 dans le cadre d’un recours, restant en liberté et obtenant l’annulation de tout avis de recherche. Pourtant, le 14 août 2025, le procureur général a émis un nouvel avis de recherche et une ordonnance de détention sur la base d’un jugement désormais caduc.

Pour son avocat, « le juge aurait dû comparaître en liberté, puisque le jugement initial avait été contesté et n’avait pas force exécutoire ». La prochaine audience pour examiner son recours est fixée au 5 septembre 2025.

L’affaire a attiré l’attention internationale. La Fondation des victimes de la torture de Genève a dénoncé « une violation flagrante des droits humains et des normes internationales », en référence à l’interdiction de l’arrestation arbitraire et au droit à un procès équitable. L’organisation a également rappelé la protection des juges contre toute pression ou représailles.

Pour Trac, cette affaire reflète une instrumentalisation politique de la justice, visant des acteurs judiciaires engagés dans la vie publique. Le juge Messoudi et sa famille ont subi une série de violations de droits humains, de l’arrestation arbitraire aux violences physiques. L’association appelle à « l’arrêt immédiat de ces pratiques, à la protection de la famille Messoudi et à une enquête impartiale ».

Cette affaire s’inscrit dans un climat déjà tendu pour la justice tunisienne, fragilisée par la décision présidentielle de 2022 qui avait conduit à l’éviction de 57 magistrats, dont Messoudi. Bien que la Cour administrative ait annulé cette mesure, son application demeure problématique, soulignant les tensions persistantes entre pouvoir politique et indépendance judiciaire en Tunisie.

Mourad Benyahia 

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