Incarcérée depuis plus d’un an et déjà condamnée à deux reprises par la justice tunisienne, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani a écopé d’une nouvelle peine de deux ans de prison, lundi 30 juin, à nouveau pour avoir critiqué la politique et le discours du régime tunisien vis-vis des migrants subsahariens.
Voix critique du régime du président Kaïs Saïed qui s’est octroyé les pleins pouvoirs en juillet 2021, l’avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani, 60 ans, a de nouveau été condamnée à une peine de prison ferme par la justice, lundi 30 juin.
Elle écope cette fois de deux ans de réclusion pour avoir critiqué, dans des entretiens ou des chroniques, le racisme contre les personnes de couleur noire dans certaines régions de Tunisie, ainsi qu’un discours du chef de l’État prononcé en 2023. Celui-ci avait alors fustigé l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens illégaux » et un « complot » destiné à changer « la composition démographique de la Tunisie », propos qui avaient déclenché une violente campagne anti-migrants dans le pays.
Selon ses avocats, Sonia Dahmani a été condamnée en vertu du décret 54 de 2022 sur les « fausses nouvelles » émis par le président, un texte très critiqué par les organisations de défense des droits en raison des interprétations trop larges auxquelles elles estiment qu’il peut donner lieu.
« Elle a été condamnée une première fois à huit mois de prison, puis une deuxième à dix-huit mois et maintenant à deux ans… »
Alors que Sonia Dahmani dort depuis plus d’un an déjà en prison – elle avait été incarcérée à la suite de sa brutale arrestation par des policiers masqués le 11 mai 2024 -, ses avocats voient sa situation judiciaire se dégrader et dénoncent un acharnement contre sa personne.
« Elle a été condamnée une première fois à huit mois de prison, puis une deuxième à dix-huit mois et maintenant à deux ans… Lundi [30 juin, NDLR], des collègues ont sollicité un renvoi pour communiquer à la cour l’un des arrêts prononcés contre Sonia Dahmani, mais cela a été refusé », s’insurge ainsi Me Pierre-François Feltesse avant de poursuivre : « Elle a été jugée sans ses avocats et sans pouvoir s’exprimer, ce qui a débouché sur une condamnation totalement arbitraire de deux ans d’emprisonnement ».
Au total, Sonia Dahmani est poursuivie – à chaque fois en vertu du décret 54 – dans cinq affaires liées à des déclarations qu’elle a faites ou des publications qu’elle a signées dans des médias.
RFI