Une tension inédite a secoué la scène syndicale tunisienne ce mercredi après-midi, lorsque des individus non identifiés, qualifiés de « bande étrangère au mouvement syndical », ont tenté d’envahir le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), situé place Mohamed Ali, à Tunis.
Dans un communiqué ferme diffusé dans la foulée, l’UGTT dénonce un « acte lâche » visant à « faire taire la voix du syndicat et l’empêcher de jouer son rôle dans la défense des droits économiques et sociaux des travailleurs, et dans sa lutte pour les libertés publiques et individuelles. »
« Une facilitation étrange et condamnable »
L’organisation syndicale met en cause directement les autorités, les rendant responsables du déroulement des faits. Elle affirme que les assaillants ont pu accéder aux abords du siège « après la levée des barrières de sécurité », ce qui aurait facilité leur tentative d’intrusion.
Les slogans scandés par les manifestants visés sont d’une rare violence : appels à la dissolution de l’UGTT, atteintes à l’honneur et à la dignité des syndicalistes.
Appel à la justice et promesse de riposte judiciaire
L’UGTT appelle le ministère public à ouvrir en urgence une enquête pour « actes d’agression, diffamation, incitation à la violence et tentative de l’exercer ». Elle indique aussi se réserver le droit de poursuites judiciaires contre « toute personne ayant appelé à l’agression, participé à la tentative d’intrusion ou proféré des insultes et atteintes à la vie privée par des slogans indignes. »
L’ombre du pouvoir
Enfin, le communiqué syndical pointe sans détour les partisans du président Kaïs Saïed, qu’il accuse d’avoir orchestré ou au moins encouragé cette attaque, dans un climat de campagnes de haine et de diabolisation contre l’UGTT, exacerbées selon le syndicat par les dernières mobilisations sociales et l’annonce de nouvelles luttes à venir.
« Des militants présents dans le siège ont résisté avec calme et courage, refusant de tomber dans le piège de la provocation et de la violence que voulaient provoquer ces groupes. »
Mourad Benyahia