24 novembre 2024
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Un baril de pétrole à 200 dollars à 10 minutes près             

DECRYPTAGE

Un baril de pétrole à 200 dollars à 10 minutes près             

Il est difficile de spéculer ce qui aurait pu se passer dans la nuit de jeudi à vendredi à la Maison Blanche ? Panique ? Désorganisation de l’administration américaine ? Ou campagne électorale de Donald Trump oblige ?

En tout cas, la conduite d’une politique en dents de scie du président américain a laissé les tables rondes du monde entier à leur faim. Donald Trump si l’on croit Le New York Times dans sa livraison du lendemain, aurait validé une frappe contre plusieurs cibles iraniennes comme des radars, des batteries de missiles voire certaines unités de transformation mais il a affirmé à 10 minutes du début de cette frappe sur sa page Twitter qu’il était contraint d’annuler cette opération pour éviter un bilan humain dramatique, estimé par ses stratèges militaire à près de 150 morts.

Cela dit, il maintient ses menaces de mener des représailles contre Téhéran. Pourquoi ?  Parce que jeudi, l’Iran a abattu un drone américain en accusant les Etats-Unis d’avoir violé l’espace aérien iranien, ce que Washington a démenti, assurant que son appareil volait dans l’espace aérien international.

Le fait que le président de la première puissance mondiale devienne subitement humain, raisonnable, laisse les analystes perplexes. Est-ce que l’Iran disposerait de preuves irréfutables que ce drone a bien franchi son espace aérien, auquel cas la Maison Blanche s’est ravisée à la dernière minute pour ne pas avoir la communauté internationale sur son dos ? Ou est-ce la campagne électorale qui a bien commencé pour son deuxième mandat pourrait être perturbée par une guerre dont l’expérience montre qu’elle finit toujours sans vainqueurs ?  

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En effet, ce retrait stratégique montre bien que le candidat à un second mandat à la  Maison Blanche voudrait confirmer à son noyau dur son attitude protectionniste pour ne pas diviser son pays suivant le slogan de sa campagne « l’Amérique d’abord ».

Il a répété cette fois- ci lors du lancement la semaine dernière  qu’il persiste dans sa volonté de vouloir retirer les troupes américaines du Moyen-Orient et de sa guerre qui n’en finit pas. Mais il ne cache pas non plus sa vision agressive vis-à-vis de l‘ Iran qu’il considère comme une menace non seulement pour les intérêts américains dans la région mais aussi pour le monde entier. Il s’est retiré de l’accord nucléaire de 2015 pour exiger un autre plus dur. Il a imposé une politique de sanctions qui étouffe économiquement l’Iran.

Les pays européens signataires de cet accord sont venus en aide à Téhéran par mettre en place un mécanisme, baptisé Instex, pour alléger les sanctions, mais celui-ci n’est pas opérationnel à ce jour. L’Iran a prévenu qu’à partir du 27 juin 2019, il dépasserait le stock de 300 kilos d’uranium faiblement enrichi autorisé par l’accord. Il entend aussi augmenter le degré d’enrichissement de son uranium et la réouverture de son réacteur à eau lourde d’Arak. La semaine dernière, après les fameuses attaques contre les pétroliers en mer d’Oman, Washington a annoncé l’envoi de 1 000 soldats supplémentaires au Moyen-Orient. Ils s’ajoutent aux 1 500 soldats envoyés en renfort après les attaques de quatre autres pétroliers au large des Emirats arabes unis. Exactement l’inverse, donc, de la doctrine de Trump, qui voulait réduire l’engagement de son armée au Moyen-Orient. 

En cas de conflit le prix de l’essence flambera dans les Etats américains

L’Iran dispose  des moyens de nuisance qui n’arrange pas les affaires de Trump en plein campagne électorale.  L’Iran peut perturber la circulation des pétroliers dans le Golfe, ce qui menacerait l’approvisionnement des pays occidentaux et provoquerait une flambée des prix. Mais il peut aussi cibler directement des intérêts américains, voire des soldats, via les milices chiites qu’il contrôle, plus ou moins directement, au Moyen-Orient. Ces milices sont particulièrement puissantes en Irak, où certaines ont lutté contre l’Etat islamique. Même lors de la bataille de Mossoul, dont elles étaient exclues, des commandants iraniens étaient intégrés à des unités de l’armée irakienne. Ces groupes n’ont pas été désarmés avec la victoire contre l’Etat islamique. Le 31 mai dernier des combattants du Hezbollah et d’al-Noujaba ont brûlé des drapeaux américains et israéliens à Bagdad, lors de la journée de Jérusalem, traditionnelle en Iran. Des milices sont aussi déployées en Syrie, où elles combattent avec des Gardiens de la révolution aux côtés du régime de Bachar al-Assad et du Hezbollah libanais. Elles pourraient notamment provoquer des accrochages avec des combattants kurdes, alliés de Washington, dans l’est du pays. 

La sagesse du Pentagone a pris le dessus  

Face à face, les cogneurs comme  son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton et la directrice de la CIA, Gina Haspel, poussant pour une réponse militaire, les stratèges militaires au  Pentagone pensent qu’une telle opération engendrerait une escalade dangereuse, notamment pour les troupes et les intérêts américains dans la région. Donald Trump, en calculateur,  semble avoir suivi l’avis des seconds. Ceci dit si l’on croit l’AFP, les Etats-Unis ont demandé la tenue lundi d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU pour parler des derniers développements liés à l’Iran dans le Golfe. La demande américaine requiert des discussions des 15 membres du Conseil de sécurité « sur les derniers développements liés à l’Iran et les récents incidents concernant des pétroliers.»

Pour appuyer cet important appel diplomatique, son allié sur place, l’Arabie Saoudite est en train d’entreprendre des démarches auprès des puissances mondiales pour les associer à sécuriser les voies de navigation dans la région du Golfe évoquant bien entendu l’intérêt de l’économie mondiale. Selon certains experts militaires, cette offensive diplomatique n’est pas fortuite car les Etats-Unis disposent de preuves irréfutables de l’existence de bunkers sous forme de petites forteresses construites par les Iraniens qui auraient permis à leur plongeurs d’accrocher les bombes dans les pétroliers. Si tel est le cas c’est tout bénef pour Trump.                                                                   
                    

Auteur
Rabah Reghis

 




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