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Un référendum à ciel ouvert : les Algériens votent contre la présidentielle

DISSIDENCE CITOYENNE

Un référendum à ciel ouvert : les Algériens votent contre la présidentielle

Alger contre la présidentielle. Crédit photo : Zinedine Zebar

Alger semble calme en début de matinée, le jeudi 12 décembre, jour de ce scrutin présidentiel tant décrié. La circulation est fluide et les bureaux de vote  déserts. 

A Kouba, Hussein Dey, El Harrach, ils sont littéralement vides d’électeurs. Personne ! Que du vent ! Les forces de l’ordre et les agents de l’administration sont pratiquement seuls à déambuler dans les couloirs et dans les salles. Ils sont gagné par l’ennui et l’angoisse. Les yeux grands ouverts, ils regardent avec curiosité les rares personnes qui osent s’y rendre.

Car il faut savoir que les citoyens votent dans leur quartier. Quand bien même ils feraient partie de cette très très faible minorité pro-élections ils ne s’y risqueraient pas : le rejet des présidentielle s’est quasi généralisé au centre d’Alger et ça ne passe vraiment pas, devant les voisins, d’aller voter par les temps qui courent.

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Vers 9h30 à Belcourt des escarmouches éclatent entre forces anti-émeutes et jeunes manifestants. La police qui a visiblement reçu l’ordre de garder la circulation automobile fluide et d’empêcher toute forme de manifestation ou d’attroupement tente de les empêcher de se diriger vers le centre ville. C’est une pluie de pommes de terre et d’objets de tous genres qu’utilisent les manifestants pour en venir à bout.  

A Didouche Mourad la situation semble normale jusqu’au environs de 10 h. Les manifestants qui arrivent sont pourchassés dans les rues adjacentes par les forces anti-émeutes et matraqués. Leur nombre ne cesse de croître. Ils s’appellent au téléphone et demandent du renfort. S’en suit une bataille pour la prise de la rue Didouche Mourad. L’heure est à la tension. Des murs de policiers sont disposés en travers de la route tous les 20 ou 30 mètres pour retenir la foule et l’empêcher de regagner son point de rencontre  mytique qu’est la rue Khettabi. Très vite débordés par l’ampleur de la foule les policiers battent en retraite et perdent inévitablement du terrain. 

Les manifestants cassent les différents murs de brigade anti-émeutes et libèrent le passage en scandant en cœur sans interruption  

oh ya 3issaba djabouna khams Diaba 

9oulna makach El vote 3aliha Na7ia oua namoute I.e. Oh gang ils nous ont ramené cinq chacals , On a dit  qu’il n’y aura pas d’élections, et pour ça on s’éveillera et on mourra

Ou encore Istiqlal! Istiqlal! I.e. Indépendance! Indépendance!

Les marcheurs ne se lassent pas. 

Après une nuit à affronter les forces de l’ordre ils crient encore leur rage. Leur colère de voir ces élections dont ils ne voulaient pas, se dérouler malgré la mobilisation de tout un peuple pendant dix mois, leur exaspération de voir les organisateurs de cette mascarade, en maquilleurs professionnels et invétérés de scrutins depuis l’indépendance, s’adonner à leur pitoyable mise en scène électoral à l’aide de leur exécrable machine médiatique qui rappelle la propagande bolchévique des années 50 et de leur clientèle habituelle qui se fait de plus en plus vieille.

Les marcheurs n’attendent pas les résultats, ne s’y intéressent pas, n’y croient pas et n’y ont jamais cru. 

Les résultats sur le taux de participation de la communauté algérienne à l’étranger annoncés hier, par le porte parole de l’autorité en charge, sont un avant goût de ceux qui seront exprimés demain : une aberration et un non événement.

Le mois de décembre 1960 les Algériens ont refusé la troisième voix de De Gaulle, « l’Algérie algérienne », ce projet néo-colonial qui se résumait à placer au pouvoir une classe politique soumise à l’état français et chargée de mettre en œuvre  la politique économique dictée par la France. Ils l’ont fait savoir et payé de leur sang.

De même, en décembre 2019, les Algériens font savoir qu’ils ne veulent pas d’un président qu’ils ne choisiront pas, qui ne sert pas leurs intérêts et le font savoir. Ils refusent cette voie sans issue qu’on leur propose. Ces élections n’y changeront rien

Auteur
Djalal Larabi

 




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