20 janvier 2025
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AccueilChroniqueUne démocratie à bout de souffle, une dictature au souffle coupé

Une démocratie à bout de souffle, une dictature au souffle coupé

Deux nations, deux systèmes politiques, deux héritages différents. Et pourtant, une même respiration saccadée. D’un côté, la France, cette vieille dame démocratique, jadis fière et souveraine, aujourd’hui haletante, peinant à retrouver son souffle dans une cacophonie parlementaire sans fin. De l’autre, l’Algérie, cette jeune république née dans les douleurs de la lutte, figée dans une stabilité de façade, le souffle court sous le poids d’un héritage militaire omniprésent.

Paris : l’asphyxie démocratique

Ah la France ! Terre des droits de l’Homme, berceau de la Révolution, où les débats politiques ressemblent désormais à des matchs sans arbitre. Une Assemblée nationale sans majorité, un président sans mandat clair, et une société qui semble de l’air frais dans les fumées des manifestations. Les urnes parlent, mais personne n’écoute. Les partis traditionnels se sont effondés, laissant place à une mosaïque d’opinions, de revendications et de rancœurs. La Cinquième République, conçue pour un homme fort, se retrouve paralysée par un système incapable de générer du consensus.

La France, jadis fière de son modèle démocratique, se noie aujourd’hui dans ses propres libertés. Chaque décision devient un compromis, chaque réforme une bataille. Le peuple veut du changement, mais rejette toute forme d’autorité. Résultat ? Une démocratie qui piétine, fatiguée de ses propres contradictions. À bout de souffle, elle tosse et s’étouffe, incapable de respirer l’unité dont elle a tant besoin. Les distinctifs de 1789 semblent bien loin, remplacés par une cacophonie où chacun crie plus fort que l’autre sans jamais se faire entendre.

Alger : la respiration contrôlée

Et pendant ce temps, de l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie respire à peine, mais toujours sous contrôle. Ici, pas de place pour les débats interminables ou les jeux d’opposition. L’armée veille, le pouvoir reste en place, immuable comme une montagne.

Depuis 1965, le souffle de la république est mesuré, régulé, surveillé. Mais derrière cette façade de stabilité, le souffle est court, les poumons comprimés. Chaque mouvement contestataire, chaque cri de liberté est rapidement étouffé.

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Le Hirak de 2019 a été une bouffée d’air frais, un souffle de liberté longtemps contenu. Mais l’élan s’est heurté à un système solidement ancré, où le pouvoir militaire s’accroche à ses privilèges. Un peuple qui aspire à la liberté, un régime qui retient son souffle. Car derrière les apparences, le régime est lui aussi fragile.

La stabilité autoritaire est une façade qui masque des tensions profondes, des fractures sociales et un désir de renouveau. Chaque contestation est comme une bouffée d’air retenue, chaque appel à la démocratie est étouffé sous le poids des années.

Deux systèmes, un même essoufflement

La vérité ? Aucun des deux modèles ne semble triompher. La démocratie française s’embourbe dans son propre pluralisme. La dictature algérienne vacille sous le poids de son propre contrôle. L’une manque d’autorité, l’autre d’oxygène. Deux visages d’un même malaise : quand le pouvoir perd son souffle, c’est toujours le peuple qui suffoque.

En France, la démocratie est malade de ses divisions. En Algérie, le régime s’asphyxie sous son propre poids. Deux chemins différents, mais une même destination : un peuple en quête de liberté, pris au piège d’un système qui ne lui laisse plus d’espace pour respirer.

Alors, qui retrouvera son air en premier ? La démocratie fatiguée ou la dictature crispée ? Le duel continue. Le cynisme aussi.

Une lutte pour l’air, une course contre le temps

Ce duel n’est pas qu’une simple opposition entre deux systèmes politiques. Il incarne un combat plus profond, plus universel : celui de la légitimité face à l’usure du pouvoir. En France, la démocratie n’a jamais été aussi libre, mais jamais aussi désorientée. La liberté d’expression est totale, mais la voix collective peine à se faire entendre. Les institutions respectent, mais l’esprit républicain vacille. Chaque élection ressemble à une tentative désespérée de reprendre son souffle , chaque réforme à une bataille pour maintenir le cap dans une tempête d’intérêts divergents.

En Algérie, la respiration est réglée, chaque inspiration contrôlée par un pouvoir qui ne veut rien lâcher. Les mots d’ordre sont la stabilité et l’unité nationale, mais à quel prix ? Les aspirations populaires sont étouffees sous une chape de plomb. Le régime respire, mais de manière saccadée, craignant à chaque instant que l’air ne manque. L’oxygène démocratique est rare, les espaces de liberté étroits. Le peuple, lui, aspire à une bouffée d’air pur, à une rupture avec un passé qui pèse encore lourdement sur ses épaules.

Deux peuples face à leurs contradictions

Au-delà des régimes, ce sont les sociétés elles-mêmes qui se retrouvent en tension. La France, fatiguée de ses propres débats, semble chercher un nouveau souffle, une nouvelle dynamique qui lui permettra de dépasser ses clivages. Mais la confiance est rompue, et chaque crise politique renforce un peu plus le cynisme ambiant. Les citoyens réclament plus de démocratie tout en critiquant ses limites. Ils veulent du changement, mais sans les compromis qu’il exige.

En Algérie, la contradiction est tout aussi palpable. Le peuple veut la fin du contrôle militaire, mais redoute aussi le chaos qui pourrait en résulter. La stabilité est perçue comme un mal nécessaire, une sorte de respiration artificielle réalisée par un système à bout de souffle. Le Hirak a ouvert une brèche, mais le chemin vers une véritable démocratie reste semé d’embûches. Le désir de liberté est là, mais l’héritage du passé pèse encore lourd.

Et après ? Une bouffée d’air ou l’asphyxie ?

Le parallèle entre ces deux nations, aussi cynique soit-il, soulève une question fondamentale : peut-on encore croire à un renouveau démocratique ? La France, avec son modèle républicain épuisé, et l’Algérie, avec sa dictature en sursis, semblent toutes deux à la croisée des chemins. L’une risque l’immobilisme, l’autre l’explosion.

La réponse viendra peut-être d’une nouvelle génération, d’un nouvel élan populaire. Car au-delà des systèmes, ce sont les peuples qui détiennent la clé. La démocratie française a besoin de retrouver le souffle, de l’unité. La société algérienne, elle, aspire à une respiration plus libre, plus authentique.

En guise de respiration finale

L’histoire nous enseigne que les systèmes politiques, aussi robustes soient-ils, ne peuvent survivre sans l’adhésion de ceux qu’ils prétendent représenter. L’air manque, partout. La question n’est plus de savoir quel modèle est le plus efficace, mais lequel saura redonner de l’oxygène à une société en quête de renouveau.

Alors, France ou Algérie, qui retrouvera son souffle en premier ? Peut-être que la véritable question n’est pas de savoir qui gagnera, mais comment éviter l’asphyxie.

Note de la rédaction : prenez une profonde inspiration. L’histoire n’a pas encore dit son dernier mot.

Dr A. Boumezrag

8 Commentaires

  1. Macron ressemble de plus en plus au roi Ubu!
    il se plaint que personne ne comprend sa dissolution surprise de l’assemblée nationale!
    on a l’impression qu’il souffre d’un délire de persécution ! Hé oui mr Macron votre politique de Gribouille mènera la France dans le chaos, il est grand temps que vous vous ressaisissiez ou alors cédez votre place !

  2. La France sortira de son instabilité avec une élection à partir du moi de juin ou l’assemblé nationale française pourra être dissoute et ou une majorité pourra se dessiner ,Pour l’Algérie hélas ce n’est pas pour demain que la lumière de la démocratie apparaitra

  3. En France, notre problème est que nous n’avons plus confiance en la parole de nos élus depuis le référendum de 2005 où nous avons majoritairement voté contre le traité de Maastricht qu’ils nous ont imposé ( N. Sarkozy ) 2 ans plus tard sous le nom de traité de Lisbonne, 20 ans plus tard, nous ne l’avons pas digéré, ils se sont assis sur la volonté du peuple ( droite et gauche confondues ), pas un jour sans que leur soit rappelé cette infamie!
    C’était le 2 éme référendum de la 5 e République, le 1 er datant de 1969 quand le Général de Gaule a mis son mandat en jeu, il a perdu, il a démissionné : le panache !!
    Nous avons eu un voyou à la tête de l’Etat ( déjà condamné, d’autres procès l’attendent ) qui a étalé sa vie privée de manière ostentatoire « Carla et moi, c’est du sérieux « dit à la tv lors d’une émission politique et faisant preuve de népotisme en ayant voulu son fils de 23 ans encore étudiant à la tête du plus grand centre d’affaires de France ( La Défense) !
    Nous avons eu Hollande avec son «  mon ennemi, c’est la finance «  mais qui est devenue sa meilleure amie, et lui aussi nous a fait rentrer dans sa chambre malgré nous !
    Et puis Macron … !
    Nous sommes les plus prélevés au monde et pourtant nos services publics sont en déliquescence ! Aucun n’a de vision d’avenir, il n’y a pas de réformes structurelles, chaque député propose des lois qui visent uniquement sa niche électorale ( l’intérêt général, on verra plus tard ! ) a l’instar d’Aymeric Caron ( LFI- Mélenchon, parti animaliste ) qui a fait plancher l’ AN, toute une journée sur «  accorder un crédit d’impôt de 30 €/ mois aux propriétaires de chien/chat pour les aider à acheter les croquettes et/ou à payer le vétérinaire « , c’est devenu ubuesque !
    Mais il paraît que nous avons les élus que nous méritons ! Et sans vous offenser, je préfère vivre en France que en Algérie tout de même.
    Bien à vous.

    • Je vais finir par dire Chère Olympie !!!
      « Mais il paraît que nous avons les élus que nous méritons ! Et sans vous offenser, je préfère vivre en France que en Algérie tout de même »
      Moi j’ai choisi de vivre en France. Je m’épanouie psychologiquement, intellectuellement, artistiquement (même en ce qui concerne ma propre culture), socialement, économiquement etc….. et je suis content de payer autant d’impôts.
      Vous n’offensez personnes en le disant ; il y a sans doute des dizaines de millions d’algériens qui veulent vivre en France

      En Algérie les élus sont imposés pas mérités.
      Vous avez oublié LE GRAND USURPATEURS « MITTRAND » comme le disait si bien Georges

  4. Non seulement l’Algérie a besoin d’une refonte totale de son système mais rien ne se fera sans une réforme profonde des mentalités.

    L’algérien est en partie individualiste et très soucieux de son petit confort éphémère car ses intérêts priment sur ceux du pays,finalement nous avons un peuple à l’image de ses dirigeants dont ces derniers sont eux mêmes issus du peuple.

    • et le hlib lui il vient du chameau rasu que toi et ton regime aiment trairent a genoux. Tu devrais rejoindre les agricultures francais avec un chameau et peut-etre ton rasul, apres tout tu as 2 mains non? tu pourras traire les 2 a la fois – une main pour la patriiiiiiiyeeee et l’autre pour la baaaatiiiiiyeeee.

  5. @ El Hassi
    Je suis très heureuse que vous vous épanouissiez dans mon si odieusement raciste ! Je n’ai pas oublié Mitterand, l’homme à la francisque, l’homme qui voulait poursuivre la guerre d’Algérie, l’homme qui a jusqu’au bout a protégé le plus grand collabo français des nazis, l’homme de l’attentat du petit clamart, l’homme qui dès 1983, nous a soumis à l’austérité, l’homme qui a commencé à démantelé les services publics en commençant par les PTT, l’homme qui a payé sur les deniers publics la vie de sa fille adultérine, l’homme des écoutes téléphoniques complètement folles, l’homme méprisant soit disant de gauche mais qui avait la mentalité d’un petit bourgeois du XIX siècle etc .
    Quelque soit les difficultés que mon pays traverse, j’ai confiance car nous avons le droit de nous exprimer, nous avons le droit à la liberté de culte etc même s’il peut exister des dérives, on se heurte souvent les uns et les autres, mais qu’importe nous sommes dans le fond optimistes car nous avons une longue histoire très complexe.
    Si vous pouviez m’expliquer ce paradoxe: les algériens haïssent la France, mais ils veulent y venir ! La guerre d’indépendance ne justifie pas tout car la France, en 70 ans, de 1970 à 1940 a subi l’assaut de l’Allemagne avec 2 guerres mondiales et regardez nous aujourd’hui : nous sommes les 2 premiers membres fondateurs de l’UE ce qui vous permet à vous citoyen algérien légalement sur notre sol d’aller et venir à travers 28 pays.
    Bien à vous.

  6. @ El Hassi
    Je m’excuse de mes fautes d’orthographe, mais à 72 ans, même avec d’excellentes lunettes, on se rate, peut-être que le site pourrait pouvoir faire en sorte que nous ayons la possibilité de nous relire et de nous rectifier comme sur le site français de Mediapart.
    Bien à vous

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