21 novembre 2024
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Une histoire vraie de vrai… mais romancée (III)

Image par <a href="https://pixabay.com/fr/users/daniel_nebreda-3841176/?utm_source=link-attribution&utm_medium=referral&utm_campaign=image&utm_content=4205751">Daniel Nebreda</a> de <a href="https://pixabay.com/fr//?utm_source=link-attribution&utm_medium=referral&utm_campaign=image&utm_content=4205751">Pixabay</a>
Rue de village. Photo Daniel Nebreda

Troisième partie : une maison chargée d’histoire familiale

La famille s’était  agrandie. Horia avait désormais un frère et il était temps pour la petite famille de penser à déménager et, plutôt que de prendre en location un appartement plus spacieux, l’idée d’acheter une petite maison et, de préférence, avec jardin et surtout au calme, hors de la ville, commença à germer au sein du couple.

Les visites allaient s’enchaîner durant de longs mois sans trouver la demeure rêvée, surtout au regard des moyens financiers limités de deux enseignants avec deux enfants à charge.

Ainsi, les recherches trainaient en longueur mais l’opportunité peut parfois prendre des chemins détournés ou, tout simplement, inattendus. Le quotidien suivait son cours quand un soir l’épouse rentra du boulot et, de but en blanc, proposa à son mari de prendre en cours particuliers le neveu d’une de ses collègues.

Une histoire vraie de vrai… mais romancée (II)

Un enfant pourtant brillant auparavant mais que la séparation récente de ses parents avait complétement perturbé. De plus, l’élève ne lui était pas inconnu car il l’avait eu dans une de ses classes un an avant. Il accepta à contrecœur car sa femme semblait y tenir et le gamin, qui lui avait effectivement laissé une bonne impression, ne méritait pas de sombrer. Et puis, l’idée de tendre la main dans ces conditions ne lui déplaisait pas. Une nouvelle expérience pédagogique à mener ?

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La tâche fut effectivement ardue tant le jeune était en décrochage et se désintéressait totalement de sa scolarité. Il fallut déployer des trésors de pédagogie pour reprendre le fil. Qu’à cela ne tienne, notre professeur en fit son affaire et releva le défi tant et si bien que l’élève se remit petit à petit à remonter la pente.

L’année scolaire se termina par des résultats tout à fait satisfaisants. Le père de l’enfant, ravi, voulu rétribuer le travail accompli mais se heurta au refus de notre enseignant qui n’entendait pas se faire payer pour avoir rendu service à une collègue de sa femme. Il objecta même que, si  à l’inverse c’était cette collègue qui avait accompagné Horia, elle n’aurait certainement pas accepté une quelconque rétribution.

Les choses en restèrent là jusqu’au jour où le hasard vint remettre ce projet au premier plan. Cette même collègue ayant appris, au détour d’une conversation, que le couple était à la recherche d’une petite maison sollicita son frère, le père du fameux collégien, en lui disant qu’il avait peut-être là une occasion inespérée de leur renvoyer l’ascenseur en les aidant dans leur recherche. Propriétaire d’une agence immobilière, celui-ci n’eut aucun mal à leur faire les premières propositions et les visites s’enchainèrent de nouveau.

Les rendez-vous se firent de plus en plus réguliers jusqu’au jour où ils tombèrent sur une petite maison, un peu vieillotte, certes, mais avec un bout terrain pentu en guise de jardin et une rivière en contrebas, bordant la parcelle. Ce cadre lui rappela tout de suite les reliefs escarpés de son village et, allez savoir pourquoi, il se sentit immédiatement un peu chez lui. Fier de sa trouvaille, il appela son épouse pour lui suggérer de venir le rejoindre car il était presque sûr d’avoir trouvé le bien qui leur conviendrait.

La visite se poursuivit donc en présence de l’épouse et, pour la convaincre, il lui montra le bout de terrain qui lui plaisait tant. Ils l’arpentèrent jusqu’au bord de la rivière. Là, se trouvaient deux petites bicoques abandonnées dont le propriétaire s’empressa de dire qu’elles faisaient partie du lot.

L’épouse poussa la porte de l’une des deux, s’arrêta net, resta muette un instant et, submergée d’émotion, éclata en sanglots. Elle venait de reconnaitre le tricycle de son enfance ; les casseroles et les poêles de sa maman, celles-là même qui servaient pour préparer, au point du jour, l’omelette du père avant qu’il n’aille au travail ; la traversée à pied de la rivière, en contrebas, quand celle-ci était gelée ; la bâtisse non chauffée ; la mère allant au lavoir, à quelques enjambées de là, hiver comme été.

Du coup, tout était remonté à la surface en un clin d’œil. Paradoxalement, ce flot de souvenirs d’enfance faisait s’entremêler, alternativement, les peines d’un dénuement presque total, lui donnant envie de tourner les talons, et les joies d’un cocon familial chaleureux la scotchant irrésistiblement sur place.

Ainsi, cette bicoque était la maison d’ouvriers qu’occupaient ses parents alors qu’elle n’était qu’une petite enfant.  Bien entendu, la perle rare était là et bien là, même s’il fallait envisager de faire quelques travaux de remise au goût du jour car la maison était restée inhabitée pendant une décennie. Restait donc à s’entendre sur le prix. Et là, la surprise fut à la hauteur de toute l’émotion vécue à la fin de la visite.

Le vendeur fier de lui et heureux de renvoyer l’ascenseur à ceux qui avaient sorti son fils d’une mauvaise passe, leur annonça un prix ridiculement bas. Ils protestèrent bien sûr mais en vain. Il leur expliqua alors qu’il avait acheté cette maison dix ans plus tôt et qu’il ne la leur revendrait qu’au prix d’acquisition de l’époque, s’interdisant ainsi de faire un quelconque bénéfice dans l’opération.

Ils repartirent le jour même avec les clés, en toute confiance, et la paperasse se fit rapidement. Une nouvelle vie pouvait commencer en un lieu chargé d’histoire familiale.

Il avait bien fallu casser la tirelire pour réunir les fonds et obtenir un crédit bancaire. Mais, une fois cette partie réglée, il fallait commencer les travaux de remise en état nécessaires. Dans un premier temps, notre prof fit appel à un maçon originaire de chez nous mais, rapidement, il s’était rendu compte qu’il n’y avait rien de sorcier à mettre un parpaing sur un autre, à poser du carrelage ou du revêtement mural, à refaire une plomberie vétuste et, tutoriels aidant, il s’y mit.

Il faut dire que, bien que gaucher, il s’était révélé très adroit de ses deux mains et il réalisa des merveilles, et ce, dans les règles de l’art. (A suivre…)

Mouloud Cherfi

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