Disserter sur la violence chez nous, c’est oser, à titre individuel, une introspection profonde de soi, tant les adeptes du bouddhisme, de la méditation transcendantale et autres Hare Krishna attitude ne constituent qu’une frange (elle existe bel et bien !) qui se recense en quantité négligeable, noyée dans une société dans laquelle ils sont bien rares ceux qui peuvent prétendre avoir su évacuer le caractère impulsif associé à une majorité écrasante de citoyens, y compris vous et moi, bien évidemment.
Quand bien même le degré d’irritabilité varie d’un individu à l’autre, il est fort probable que nous nous situions tous à des niveaux supérieurs à ceux des citoyens de la plupart des autres pays du monde, qu’importe l’échelle de quantification utilisée.
Même si la presse ne semble pas se préoccuper des racines de la violence, sinon la mettre sur le dos de l’islamisme et de l’antisémitisme, il est peut-être utile de scruter le rétroviseur de nos vies et tenter, à travers une self-analyse juste, d’essayer d’en cerner les origines et d’en identifier les sources, sans faire appel à une armada de psychosociologues attitrés et d’érudits en la matière. Se concentrer sur les étapes essentielles de sa propre vie est je crois la meilleure façon d’appréhender les éléments fondamentaux (exit l’école fondamentale) qui font de chacun de nous un agressif potentiel, constamment sur le qui-vive et prêt à en découdre, ne serait-ce que verbalement avec tout homo-sapiens qui ne souscrit pas à notre angle de vison de la vie et des turbulences qui secouent le monde des humains en permanence.
Concernant notre pays, moult analyses de ce fléau national s’accordent à le mettre sur le dos des envahisseurs qui se sont succédé sur nos terres. Ces occupants venus souvent de contrées lointaines auraient fait subir à nos gènes pacifiques une mutation singulière pour activer en chacun de nos ancêtres une espèce de réaction défensive spontanée laquelle se serait transmise d’une génération à l’autre, via un ADN ardent en permanente ébullition !?
Fantaisies que tout cela ! Car si cela était correct, comment expliquer que même les descendants de ceux qui ont fui les plaines pour se réfugier dans nos massifs montagneux, portent en eux les empreintes d’une violence potentielle que pourtant leurs aïeux ne leurs ont pas léguée ? Il est quasiment indéniable que mise à part cette violence islamiste qui ne nous concerne ni peu ni prou, nous les montagnards avons aussi appris à mimer tout le reste en termes de férocité.
Sans constamment revenir aux époques barbares où les uns massacraient les autres dans le seul but de confisquer leurs terres, il est utile de tenter quelque diagnostic de la violence d’aujourd’hui, celle que nous vivons depuis notre indépendance, celle que nos yeux ont vu et que nos corps et nos tympans ont connu, à travers nos proches, nos enseignants ou certains rituels où le sang coule à flots; celle que nos mains ont parfois administré et nos gosiers éructé envers nos propres enfants, si tant est que chacun de nous ose regarder le miroir de sa vie, de son enfance à sa maturité ! Après tout, diagnostiquer un mal, n’est ce pas le premier pas qui mène à la rémission ?
Les premières violences dont je me souvienne, en plus des raclées que je recevais de ma mère pour mater une turbulence chronique à 4-5 ans, ce sont celles de mon premier professeur d’arabe, à Alger, à la veille de l’indépendance, des gifles fortes qui nous faisaient voir les étoiles, juste pour une hemza oubliée au dessus d’un alif solitaire que pourtant nous apprîmes à ne pas perturber de la moindre nokta (alif our’inakdhara, (point de point sur le alif) chantonnait notre bienveillant cheikh el-djamâa, des années avant l’indépendance, ou peut-être à peine quelques mois auparavant !) En cette année 1961, à l’école de la rue Tanger (transformée depuis en appartements), nous eûmes la chance de connaître un vieil enseignant Français, lequel nous menaçait aussi, mais en nous faisant croire qu’une matraque qu’il surnommait Messaouda, était caché derrière le pupitre pour punir tout écart de comportement.
Mais autant que je puisse torturer ma mémoire, cette Messaouda ne fut jamais utilisée. Ce fut juste une variante efficace de l’histoire du méchant loup qui se promène dans les bois et qu’on raconte aux enfants pour les faire apprécier le confort d’un lit douillet sous le regard attendri de parents bienveillants. Paradoxalement, la classe était beaucoup plus sage sous la menace d’une Messaouda fictive que sous les coups répétés et agressifs de ce prof d’arabe. Comme quoi, la psychologie de l’enfance est une affaire bien trop importante pour la confier à des brutes !
Des coups de poings soutenus portés à une femme par son mari, j’en ai vu souvent, ceux d’un oncle enragé pour une histoire de petites sucreries avariées et ceux d’un frère énervé par la non-vigilance de son épouse suite à une casserole d’eau brûlante que son fils avait malencontreusement manipulé pour se brûler au premier degré.
Ces souvenirs d’enfance étalés, qui peut prétendre ne pas avoir subi ou été témoin de violences caractérisées inconcevables en plus de s’avérer souvent incontrôlables ?
Il n’est pas nécessaire d’être psychologue attitré pour conclure que la violence n’est pas une affaire de comportement spontané ou de caractère inné. Elle est le produit d’une transmission et d’une assimilation qui s’enclenche dès l’enfance !
Et à propos d’enfance, il est très instructif de lorgner du côté des sociétés qui s’efforcent d’évacuer toute empreinte d’animosité chez le chérubin dès ses premiers rapports avec les autres. Côté USA, on apprend aux petits enfants à l’école et dans la famille qu’il faut respecter les autres, qu’il ne faut pas en dire du mal et même qu’il ne faut pas les fixer du regard. Maintes fois j’ai vu une mère parler à son enfant et lui dire « Don’t stare at him! », « ne le fixe pas ainsi ! » (C’est à dire ne dévisage pas les gens ainsi !)
J’ai été témoin de nombreuses actions pédagogiques, où une maman interpelle son enfant qui s’adressait à un copain en élevant la voix : « Don’t yell at him like that ! » « Ne lui crie pas dessus comme ça ! » Tout récemment, j’ai récupéré mon petit-fils de deux ans et demi à la crèche. Dès qu’il m’a vu, il s’élance dans le couloir à toute vitesse pour venir vers moi. Une course effrénée que les intimations de sa maîtresse, sous forme d’une série de « Don’t run ! » fermes, n’ont pas réussi à ralentir.
Arrivée à notre niveau, la maîtresse le prend par la main, lui refait traverser le couloir en sens inverse en lui demandant de refaire le chemin qui mène à « Grand’pa » sans courir ! J’avoue que devant tant de pédagogie, j’avais l’air vraiment bête, moi qui ai baigné dans le milieu de l’éducation pendant plus de 40 ans ! Eh oui ! Contrairement à feu Chadli et à la plupart de nos hommes politiques qui prennent souvent un malin plaisir à matraquer « wahad ma ye3ttina eddarss, nahnou n’atloubou eddourrouss, yewmane ba3da yewmane ». Et c’est peut-être bien là que réside le drame de toutes les sociétés musulmanes, celui d’être réfractaires à toute forme d’éducation externe à celle véhiculée par un certain message …vide de toute pédagogie !
Tout ça pour dire que comme tout le reste, la non-violence s’apprend, s’assimile et s’intègre dès les premiers balbutiements de vie. Or, force est de constater qu’en Algérie comme dans tous les pays dits arabes, la violence est une sève dont on irrigue abondamment chaque étape de formation de l’individu, celui du mâle en particulier :
– Votre enfance est jalonnée de reproches sous forme de « Fais pas ci, fais pas ça !» hurlés à tout va, lesquels vous font rapidement croire que le monde appartient à celui qui sait gueuler le plus. Bienvenu dans le monde de la violence verbale !
– À un âge où vous prenez conscience du monde qui vous entoure et qu’une certaine lucidité commence à s’installer en vous, on vous coupe le zizi sous des youyous stridents qui vous donnent envie de faire péter la planète pour évacuer la violence d’une douleur que vous êtes le seul à ressentir tandis que tous les autres donnent l’impression de baigner dans un océan de joie absolue !
– Année après année, on vous habitue à voir couler le sang, et apprécier, en spectacle grandiose, ce rituel barbare appelé sacrifice du mouton. À ce propos, je me souviens qu’aïd sur aïd, pendant que tous les autres enfants de mon âge jubilaient devant cette pauvre bête que les Hommes allaient immoler, je me sauvais pour ne pas assister à ce sacrifice d’un mouton inoffensif, lequel, à peine quelques heures auparavant, broutait encore l’herbe que ma petite main innocente lui tendait. Un jour, ayant bien assimilé les étapes du rituel, et pour imiter les adultes, mon cousin, d’à peine un an de plus, a failli me zigouiller dans mon sommeil avec une lame gillette qu’il avait ramassé de je ne sais où. Sans la vigilance de ma mère, je ne serais pas face à cet écran ce soir pour rapporter l’anecdote. Eh oui ! l’enfant n’invente rien, il apprend à reproduire !
– À votre adolescence, ce sont vos premiers émois que vous êtes bien obligés de refouler face à une société cadenassée qui vous commande « de fille tu ne fréquenteras point, jusqu’au jour d’un mariage hallal et à point ! » Et là, pour la majorité des adolescents c’est une frustration de plus, la frustration de trop, qui peut faire basculer tout être fragile dans l’horreur quand la promesse de moult houris prend des allures de récompense divine accordée à toute vie dédiée à un dévouement aveugle pour Allah !
Est-il besoin de rajouter d’autres exemples pour nous convaincre que la violence n’est pas une manifestation innée mais qu’elle s’acquiert dès le bas âge à travers les interactions de l’individu avec la société dans laquelle il évolue et qui l’a (dé)formé ? Il aura fallu des myriades d’études conduites par des armadas de spécialistes pour trouver des moyens pédagogiques efficaces à même de construire des sociétés saines dans lesquelles les enfants apprennent très vite à interagir sans heurts et sans animosité afin qu’ils évoluent en citoyens aboutis et responsables. Pourquoi ne pas les imiter ?
Question idiote n’est-ce pas ? D’autant que :
– De Ben-Bella à Tebboune, nos présidents n’ont jamais su délivrer le moindre discours sans hausser le ton et gueuler à tout va.
– De Djamaa el-Kebir à Djemaa E’ssghir, nos imams ne font que débiter des hadiths auxquels ils ne comprennent rien, avec des cascades de hurlements à causer l’extinction du loup des bois !
– Les chefs de partis politiques, pour la plupart, ne font qu’éructer des reproches contre un pouvoir sourd, aveugle et muet !
Sans nous étendre sur les rapports parents-enfants qui se traduisent quasiment toujours par une surenchère de cris et de hurlements à tue-tête. Pour autant, peut-on accuser le peuple et lui faire porter l’entière responsabilité de ce fléau de société ? Je ne le pense pas ! Car, à tous les niveaux, force est de constater que dans les circuits du pouvoir, jusqu’au plus haut sommet de l’état, ceux qui sont censés nous gratifier du bon exemple de comportement serein en donnent quasiment toujours le pétulant !
Mais s’il faut un début à tout, alors que tout le monde s’y mette en commençant par éloigner dès le vendredi 6 juin, jour de l’aïd el-Kébir, un maximum d’enfants des lieux de sacrifice du mouton ! Un mouton auquel, ils se sont d’ailleurs attachés des journées durant, comme tous les enfants du monde s’attachent à une bête de compagnie !
Vœux pieux, bien évidemment ! Et c’est bien dommage ! Car imprégner un enfant de ces images de moutons égorgés et de ce sang qui coule à flots est le meilleur moyen de lui faire porter un regard tronqué sur le monde au fur et à mesure qu’il s’habitue à ne rien trouver d’anormal au fait que la barbarie fasse partie d’un jeu à pratiquer, à maîtriser à « excellency », tout au long de la vie….
Pensez-y !
Kacem Madani
En effet, il y a bcp de rituels attachés à la religion ou pas qui sont plus que barbares.
Heureusement que les rituels barbares liés à la civilisation/culture ont disparus, suite logique à l’évolution de l’humanité.
Ils restent indéboulonnable les rituels religieux liés à des dogmes dont l’Aid elkbir avec le sacrifice du mouton.
Ce rituel d’un autre âge n’a aucune justification, aucun sens ni économique, ni sociale , son impact sur ces deux piliers principaux
de la société est désastreux.
En effet, sur le plan sociale, il engendre de la violence mais pas que, il engendre aussi des comportements indigne d’un homme/femme civilisé(ée).
Il suffit de jeter un coup d’œil sur certaines vidéo concernant l’importation des moutons de Roumanie décidé par aamhoum Taboune.
J’AI VU
– un bateau de moutons noyés
-des moutons mort de stress
-des moutons dans des camions sortir du port sous la protection des gendarmes avec des applaudissements de la foule
-des hommes dormir sur le trottoir dans des queues interminables pour obtenir un hypothétique mouton le matin.
-un homme mourir dans une bousculade devant le lieux où ces moutons sont gérés de manière catastrophique comme d’habitude la désorganisation est présente
-des moutons dans des appartement de bâtiments -des moutons malmenés
-des moutons malmenés
-un mouton chez le coiffeur
La liste est longue malheureusement pour nous renseigner que le peuple Algérien est vraiment malade mentalement.
On pourrait certainement faire une autre liste de ce type après le sacrifice surtout sur les plans hygiéniques.
Personnellement, je préférais les Aids où mon père n’avait pas les moyens d’acheter un mouton, où on se contentait de deux kg de viande
car à chaque fois qu’on égorgé un mouton, j’étais triste en perdant un ami, je ressentais vraiment son absence pd autant de jours que je l’ai côtoyé.
Mr ne comparez pas un pays comme les USA et l’Algérie. La société Algérienne ne veut pas évoluer à commencer par le mariage arrangé entre les
parents tjrs d’actualités. Même si l’enfant est le produit d’un amour entre deux adultes responsables avec une bonne éducation, ça ne sera pas suffisant
pour produire des citoyens responsables. Déjà à l’école, il faut des cours d’éducation civique et non des cours religieux qui d’ailleurs on retrouve dans la société
sous forme communautaire .
Un peuple qui passe la nuit sur un trottoir pour un mouton est de fait sans dignité, son éduction en découle.
Le peuple Algérien possède les dirigeants qu’il mérite, le jour où je vais voir le même peuple passée la nuit devant
un tribunal pour libérer les détenus d’opinion, ce jour là le peuple sera libéré pour enfin s’éduquer pour être un bon citoyen, ce n’est pas pour demain!
Pour terminer, je dis tjrs » Dis moi comment tu traites les animaux, je te dirais ton degré d’humanité «