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mercredi 6 août 2025
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Visas : comment les chancelleries européennes saignent la dignité des Algériens

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Chaque année, des centaines de milliers d’Algériens se pressent aux portes des consulats étrangers. En 2024, près de 545 000 demandes de visa Schengen ont été déposées par nos concitoyens. Derrière ces chiffres froids se cachent des vies entières suspendues à une décision arbitraire, une dignité bafouée au quotidien par un système devenu indigne et inhumain.

L’Algérien comme tout autre citoyen du monde éprouve un besoin de mobilité, de voyage et d’exploration. Sous couvert de réguler et juguler l’immigration, les différentes chancellerie et ambassades profitent de ce besoin pour engranger des sommes colossales sur le dos des Algériens. Déjà en imposant des Visas dont les procédures sont couteuses, lourdes, contraignantes et opaques, mais aussi et surtout, en s’accordant le droit de refuser des autorisations de voyage de manière arbitraire sous couvert de souveraineté.

Oui, je suis pour qu’un pays souverain s’accorde le droit de refuser l’accès à son territoire. Malheureusement, certains refus ne sont pas motivés par un exercice de souveraineté, mais plutôt une cupidité sordide face à une situation pensée, organisée et maintenue pour saigner toute une population.

Où est la souveraineté quand elle se mue en une exploitation flagrante d’un besoin de mobilité humain ? Où est la justice, ou sont les droits de l’homme quand un jeune Algérien doit débourser des fortunes, subir des procédures humiliantes, s’exposer à des intermédiaires douteux, simplement pour le droit fondamental de découvrir le monde, de faire du tourisme, de s’éduquer ailleurs, de faire du business, ou même de rendre visite à sa famille ?

L’Algérie a une population jeune, et on sait que les jeunes ont soifs de voyage, d’exploration, de mouvement. Un jeune aime se sentir libre de bouger et de voyager. Or, la proximité linguistique, géographique & culturel avec l’Europe (langue latine, culture méditerranéenne, cout de transport) font que, naturellement les jeunes, veulent visiter l’espace Schengen pour ses nombreux avantages (25 pays accessible avec un seul visa, langues, culture, proximité, cout…).

Les pays européens, profitent cyniquement de notre proximité culturelle et géographique pour tirer des profits colossaux sur le dos de nos jeunes. Des agences privées, mandatées par ces mêmes États, facturent sans scrupule des frais exorbitants à chaque étape d’un processus devenu opaque et inéquitable. Un véritable marché noir du désespoir a pris racine, où même le simple rendez-vous pour déposer une demande se négocie au prix fort, privant de mobilité ceux qui n’en ont pas les moyens.

Beaucoup ne cherchent pas à quitter définitivement leur pays, mais simplement à pouvoir circuler, aller et venir, apprendre ailleurs pour revenir construire ici. Combien d’Algériens, aujourd’hui, se retrouvent forcés de s’installer durablement à l’étranger simplement pour décrocher un document qui leurs assure plus de mobilité pour ensuite revenir à leurs pays d’origine ?

Bien souvent, ce n’est pas tant l’attrait des pays du Nord ou le cadre de vie qui pousse à partir, mais plutôt le manque de liberté de mouvement. Nombreux sont ceux qui immigrent dans le but d’obtenir des papiers, une expérience puis de revenir au pays avec une « Mobilité améliorée ».

Dans un tel contexte, Le visa n’est plus seulement une autorisation de voyage : il est devenu un commerce juteux bâti sur la souffrance, l’angoisse et l’humiliation. Chaque refus, souvent non justifié, plonge un citoyen, une famille, un professionnel dans une spirale de frustration et de détresse psychologique. En 2023, 43 % des demandes algériennes pour l’espace Schengen ont été rejetées, plaçant l’Algérie tristement en tête des pays les plus discriminés.

Certaines chancelleries, conscientes de cette situation depuis longtemps, profitent pour taxer les demandeurs de visa en refusant, 2, 3 et 4 fois avant d’accorder un visa, en sachant qu’en cas de refus, les frais ne sont pas remboursables. Ces pratiquent leurs permettent de maintenir ce Business Model malsain afin de garder les mamelles à flot au détriment des Algériens.

Ce n’est pas un simple dysfonctionnement bureaucratique. C’est une stratégie pensée, soutenue, orchestrée. Car les chancelleries européennes, loin d’ignorer cette situation, y participent et l’encouragent sournoisement.

Pourquoi voudraient-elles remettre en question un système qui leur rapporte des millions d’euros chaque année ? Pourquoi assainir un processus aussi profitable, aussi rentable ? En maintenant un taux élevé de refus, elles doublent mécaniquement leurs revenus. En fermant les yeux sur les dérives des agences sous-traitantes, elles alimentent un marché parallèle dont elles contrôlent les clés.

Ce système entretient sciemment un sentiment d’injustice profonde. La jeunesse algérienne ne rêve pas de fuir : elle rêve de liberté, d’exploration, d’ouverture au monde. 

C’est une atteinte fondamentale à la dignité humaine. Priver un être humain du droit à la mobilité, c’est le priver d’une liberté essentielle, c’est nier son droit à grandir, à découvrir, à se construire librement. C’est maintenir délibérément toute une génération sous une pression psychologique permanente, en lui refusant ce qui est donné sans question à d’autres citoyens du monde.

Face à cette injustice quotidienne, l’Algérie doit réagir. Nos autorités doivent urgemment négocier une égalité de traitement, exiger une transparence totale des procédures et des frais imposés. Nos citoyens méritent mieux que ces humiliations répétées. Ils méritent que leur pays défende activement leur dignité, leur liberté et leur droit fondamental à la mobilité. Il est temps que cela cesse. Il est temps que voyager redevienne un acte libre, humain, respecté. Il est temps que les Algériens retrouvent pleinement leur droit à la dignité.

Cet appel est celui d’un cœur qui refuse l’humiliation et réclame, tout simplement, le droit fondamental à la liberté de circuler.

Mais au-delà de l’indignation, il faut aujourd’hui construire une réponse collective. Une réponse digne, lucide, stratégique. La société civile algérienne, les intellectuels, les artistes, les entrepreneurs, les étudiants, doivent prendre leur place dans ce combat pour la liberté de circulation. Non pas en quémandant des faveurs, mais en bâtissant des alternatives.

Il est temps d’élargir nos horizons. Tournons-nous vers les pays frères d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie. Tissons des ponts avec les nations qui partagent notre aspiration à l’équilibre, au respect mutuel et à la coopération équitable. Organisons des forums citoyens sur la mobilité, créons des plateformes de solidarité pour faciliter les démarches et dénoncer les abus.

Il nous revient, en tant que peuple, de redonner du sens à notre dignité, de refuser la mendicité diplomatique, et d’imaginer un monde plus juste où la liberté ne serait pas le privilège de quelques passeports.

L’Algérien n’est pas un mendiant de visa, c’est un citoyen du monde qui mérite d’être accueilli avec la même humanité qu’il offre.

Relevons la tête, agissons ensemble, et reprenons la main sur notre destin mondial. Le combat pour la mobilité est un combat pour la liberté. Et la liberté, elle se conquiert, elle ne se demande pas.

Dr Ali Benbekhti

Consultant Expert en Stratégie & Management

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2 Commentaires

  1. Conséquence direct de la prise du pouvoir de force par le clan des frontières et le chaos que les choix de ces terroristes ont généré !!!
    Quand on découvre que la nomenclatura (les caïds, leurs rejetons et les rejetons de ces dernières….) voyage avec des passeports diplomatiques, on comprend que ceux qui sont aux commandes ne sont là que pour se servir au lieu de construire un état de droit, un état respectueux et respecté !
    On en est loin du compte, cher monsieur !

  2. Une histoire romantique!
    ! Que les algériens se dirigent d’autres continents que l’Europe, et France surtout !
    Commencez par reglyvos problèmes face à vos gouvernants qui vous empêchent de respirer et de penser avant d’accuser les autres .
    Vous êtes si laches !!

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