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dimanche 25 mai 2025
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Yasmina Khadra, le visage littéraire du  projet de lobbying diasporique en gestation

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Honoré par le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA), Yasmina Khadra donne une nouvelle portée à son rapprochement avec le pouvoir. Derrière l’intention affichée de construire un soft power algérien, des interrogations subsistent sur les motivations du régime de Tebboune et la place ambiguë des intellectuels dans le paysage politique actuel.

Un écrivain engagé, une stratégie d’influence affirmée

En recevant le Prix de la diaspora décerné par le Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA), association de droit français présidée par Karim Zeribi, Yasmina Khadra n’a pas simplement été honoré. Il a clarifié, voire revendiqué, le rôle d’influence qu’il entend désormais jouer au service de l’Algérie. La déclaration lui ressemble puisqu’il a toujours fait foi de ses convictions nationalistes au-delà de tout calcul politique. À travers une déclaration empreinte de fierté et de solennité, l’auteur de L’attentat a apporté une légitimité symbolique à un projet de lobbying diasporique en gestation— un projet auquel il semble adhérer pleinement.

Le romancier a exprimé sa volonté d’endosser un rôle actif au sein de cette dynamique, mettant sa notoriété internationale au service d’un soft power national encore embryonnaire. « Le monde avance grâce aux lobbies », a-t-il affirmé, plaidant pour la structuration d’un espace d’influence piloté par la diaspora algérienne.

Un projet politique camouflé sous la bannière culturelle ?

Ce rapprochement avec les cercles du pouvoir, récemment confirmé par une réception officielle accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, prend une dimension nouvelle. Yasmina Khadra, en mettant sa stature littéraire au service de cette initiative, apporte de la visibilité et de la consistance au rôle qui lui a été confié — ou qu’il a choisi d’endosser — en tant que figure de proue d’un soft power longtemps négligé.

Mais si l’intention de créer un levier d’influence externe peut sembler louable, elle ne peut être dissociée du contexte politique algérien. Le régime est aujourd’hui confronté à de multiples défis : crise de légitimité, tensions sociales, libertés restreintes, et une image brouillée sur la scène internationale.

C’est dans ce moment délicat que surgit le cas Yasmina Khadra. Tandis que l’auteur de Ce que le jour doit à la nuit est célébré, d’autres figures majeures de la littérature algérienne sont marginalisées ou poursuivies.

L’incarcération de Boualem Sansal et les démêlés judiciaires visant Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024, illustrent un contraste saisissant. Ils jettent une ombre sur cette stratégie de réhabilitation symbolique orchestrée par le pouvoir, et posent une question de fond : Tebboune cherche-t-il à construire un véritable lobby d’intérêt national ou à s’adosser à des figures prestigieuses pour restaurer une image sérieusement écornée ?

Avec un célèbre écrivain de 80 ans condamné à 5 ans de prison et un autre, prix Goncourt sous deux mandats de recherche internationaux qu’aucun Etat ne prend au sérieux, voilà l’équation impossible à résoudre pour Tebboune et ses soutiens !

Le CMDA, structure activement soutenue par le pouvoir, semble avoir reçu le feu vert présidentiel pour initier cette démarche. Mais si ce soft power veut dépasser le stade du simple outil diplomatique, il devra s’enraciner dans des principes solides : liberté de pensée, indépendance et pluralisme — des valeurs encore peu incarnées dans l’Algérie de l’impitoyable tandem Tebboune- Chanegriha.

Une démarche instrumentalisée par le régime ?

Dans un contexte où le pouvoir peine à restaurer sa crédibilité — tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays —, le recours à des figures consensuelles et célèbres comme Yasmina Khadra peut être perçu comme une manœuvre de communication, plus que comme une stratégie de transformation.

La question reste donc entière : le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune cherche-t-il à construire un lobby solide au service de l’intérêt national ou à redorer son image internationale ?

L’engagement de Khadra, aussi sincère soit-il, n’échappe pas à cette lecture politique. Il cristallise à la fois les espoirs d’un soft power algérien longtemps laissé en jachère et les limites d’un système politique qui marginalise les voix critiques. 

Si le projet porté par le CMDA veut s’inscrire dans la durée, il devra rompre avec les logiques d’instrumentalisation et s’ouvrir aux expressions multiples de la culture et de la pensée algériennes.

C’est à ce prix seulement qu’un véritable lobby algérien, crédible et durable, pourra exister et peser sur l’échiquier international.

Samia Naït Iqbal

Lien pour écouter la déclaration du célèbre écrivain Yasmina Khadra 

https://www.facebook.com/share/v/1ASfkxhY4E

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