A cultiver l’ignorance, on se vautre dans le ridicule.

Chaque année, depuis des temps immémoriaux, 11 nuits après le 1er janvier, les familles algériennes, libyennes, marocaines et tunisiennes fêtent « Ras el 3am » « tabburt u segwas » ou Yennayer.

En 1980, année du déclenchement du printemps berbère (Tafsut Imazighen) en Kabylie et à Alger, Amar Neggadi, membre de l’Académie berbère de Paris, inventa un calendrier berbère qui débute avec l’intronisation, en 950 av. J.-C., de Sheshonq Ier, un pharaon berbère d’origine Meshouesh (tribu de Cyrénaïque), fondateur de la XXIIe dynastie de l’Egypte antique (1).

Pourquoi ? Qui est obsédé par une origine la plus ancienne possible du peuplement berbère en Afrique du Nord devrait savoir que celle-ci précède de milliers d’années (au moins) l’installation de Berbères (Lebu, Rebu) en Egypte.

Le 12 janvier 2017, à 18 heures, 21 minutes et 48 secondes, le ministère algérien de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication présente ses vœux de Yennayer, dans un message SMS, en précisant la date : 2967 (2). L’Algérie gère donc, désormais, trois calendriers et trois « nouvel an » fériés : le grégorien, l’hégirien et le « shyschnaqien (Sheshonq Ier) ».

Tant qu’à fabriquer un nouveau calendrier, pourquoi pas un « capsien » avec la date de 9020 (3) ?

Soyons sérieux et rappelons que Yennayer, premier jour de janvier du calendrier julien, vient du latin Ianuarius/Januarius (janvier), en relation avec le dieu romain Ianus (Janus), portier et gardien du passage, dieu du commencement de l’année auquel on devait adresser, le jour du Nouvel an, la prière rituelle suivante: 

« Dieu à double visage, c’est de toi que part l’année pour s’écouler sans bruit; toi qui, sans tourner la tête, vois ce que nul autre dieu ne peut voir, montre-toi propice aux chefs dont l’active sollicitude donne le repos à l’Océan et la sécurité à la terre, qui nous prodigue ses trésor » (Ovide, Fastes, I).

Pr Dr Nacéra Benseddik

https://independent.academia.edu/Nac%C3%A9raBenseddik

Renvois

1- Gabriel Camps, Les civilisations préhistoriques de l’Afrique du Nord et du Sahara, Paris 1974. M. Hachid, Les premiers Berbères. Entre Méditerranée, Tassili et Nil, Aix-en-Provence 2000.

2- Par décision présidentielle du 27 décembre 2017, Yennayer devint jour chômé et payé ; il fut fêté pour la première fois, officiellement, le 12 janvier 2018. Les décideurs auraient dû lire F. Soufi, Vérités et mythes sur Yennayer, Reporters.Dz, du 20. 02. 2016 = Le Quotidien d’Algérie, 30. 12. 2017. Il ne semble pas que le reste de l’Afrique du Nord partage cette divagation.

3- Ne parlons même pas de la récente découverte au Dj. Irhoud (Maroc) du plus ancien représentant connu de notre espèce, Homo sapiens : environ 315 000 ans !