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110e vendredi : la marche de l’union

DISSIDENCE

110e vendredi : la marche de l’union

Qu’ils aient pris le départ au croisement de la  rue Victor Hugo et de la rue Didouche Mourad dans une relative mixité ou qu’ils soient arrivés entre hommes de Bab El Oued, Soustara ou le 1er Mai, les marcheurs ont voulu faire de ce jour de manifestation celui de l’union.

Conscients que la protesta est en proie à des manœuvres visant à son éclatement pure et simple  sinon à sa réduction jusqu’à la rendre insignifiante, qualifiée par certains de « chahut d’une poignée d’hurluberlus »,  ils inventent un nouveau slogan plus rassembleur : « tahia el Djazair tahia el Djazair dawla madania tahia tahia  el djazair machi 3askaria » i.e. Vive l’Algérie, vive l’Algérie état civil, vive l’Algérie, vive l’Algérie pas militaire. On décide de se débarrasser de tous les «isme », sujets de discorde et ponts faibles de la protesta en scandant durant tout l’après midi : « Makach islami makach 3ilmani kain mafia tesre9 3inani » i.e. il n’y a pas d’islamiste il n’y a pas de laïc il y a juste une mafia qui vole impunément. 

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On rappelle aux policiers l’exemple de Toufik Hassani, un ancien collègue qui a rejoint les rangs de la protesta en chantant : « Policia ntouma tani dirou kima toufik Hassani » i.e. policiers faites vous aussi comme Toufik Hassani.

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Les marcheurs restent courtois avec les forces de l’ordre et tentent de les faire basculer. Ils scandent : « Policia polcia wa3lach taghlak trik Alia 7na khradjna bessilmia bach n7arerouk mel3ouboudia » i.e. policiers policiers pourquoi me bloques-tu les issus alors que je manifeste pacifiquement pour te libérer du joug de l’esclavage.

 On ne cesse de reprendre «les enfants d’Amirouche » et « Ali Ammar » deux chants devenus mythiques. On hurle Istiqlal ! Istiqlal ! I.e. Indépendance ! Indépendance ! djazair houra democratia i.e. Algérie libre et démocratique.

« Allah ou Akbar Larbi Zitout ! Allah ou Akbar Amir dz ! Allah ou Akbar Hichem Aboud ! »

Les marcheurs se solidarisent avec les youtubers, activistes basés outre Méditerranée, contre lesquelles des mandats d’arrêts internationaux ont été lancés. Un marcheur questionné sur le sujet explique : « une autre mascarade, ils n’ont rien trouvé de mieux à faire, tout le monde est terroriste sauf eux ! » On crie pour manifester son soutien : « Allah ou Akbar Larbi Zitout ! Allah ou Akbar Amir dz ! Allah ou Akbar Hichem Aboud ! »

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On scande : « Ntouma el hirhab les généraux Amir dz machi irhabi » i.E vous êtes les terroristes les généraux Amir Dz n’en est pas un. On ressasse : « Amir Dz sa7afi Hor ! Larbi Zitout siassi hor ! i. Amir Dz est un journaliste indépendant ! Larbi Zitout est un politicien indépendant ! Des disciples de Ali Belhadj (ex-leader du Fis) placé en résidence surveillée défendent sa cause en fredonnant Ntouma el irhab ntouma el coronna ouali Belhadj khelouh isali » i.e c’est vous le terrorisme c’est vous le corona laissez Ali Belhadj prier.

On refuse les législatives : « intikhabat mesra7ia ouel mouchkal rahou fi echar7ia » i.e. les élections sont une parodie et le problème est celui de la légitimité. « Siyada chaabia mar7ala inti9alia » i.e. suprématie au peuple période transitoire. « Makach el vote edi hkaitek ou rouh Echaab houa liyqarar » i.e. il n’y aura pas d’élections prends ton histoire et tire toi c’est le peuple qui décide.

Tebboune cible des manifestants

Le président Tebboune est au centre de toutes les critiques et en prend pour son grade. On chante son illégitimité. On dénonce la tutelle exercée sur lui par les militaires. On ne cesse de répéter le long de la procession : « Makach el vote oualah mandirou na7ou Tebboune n7aoudou mazero oual 3issaba yelzem itirou » i.e. nous jurons que nous ne voterons pas révoquez Tebboune  on reprend à zéro et le gang doit partir ! 

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L’implication de l’Algérie au Mali est également au centre de nombreux mots d’ordre particulièrement violents.

Les marcheurs n’oublient pas également les raisons qui les poussent à manifester, ils répètent en cœur durant tout l’après midi : « Zidou lezit ouzidou ne7iou elma 7na Ahrar Khredjna 3al Houria » i.e augmentez le prix de l’huile et continuer à procéder à des coupures d’eau nous sommes des hommes indépendants et sommes sortis pour la liberté.

La dissidence toujours là

Bien qu’il soit visible à l’œil nu et de notoriété publique que le Hirak II diffère du Hirak I, il n’en demeure pas moins que la contestation et le mécontentement quasi-généralisés sont omniprésents.

Le fait qu’une partie de la population responsable, désabusée fatiguée ou tout simplement préoccupé par le tracas d’une vie quotidienne de plus en plus pénible participe moins à la protesta ne signifie pas qu’elle ait abdiqué bien au contraire elle est de tout cœur pour le changement. L’obstination à organiser des élections avec les acteurs nocifs et rejetés du paysage politique passé n’augure rien de bien radieux pour le futur, pour ce que l’on s’échine à désigner d’ »Algérie nouvelle ».

Auteur
Djalal Larabi

 




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