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115e vendredi : première tentative d’empêcher la protesta par la police

DISSIDENCE CITOYENNE

115e vendredi : première tentative d’empêcher la protesta par la police

Ce qui avait l’air d’être un vendredi comme les précédents ne le fut pas. Les forces de l’ordre, qui étaient jusque-là plutôt dans la surveillance, ont l’air d’avoir reçu le signal tant attendu. Ils passent à l’action.

 Aux alentours des mosquées c’est la tension dès l’approche de la fin de la prière. Hommes de la BRI et éléments en civil occupent l’espace. 

Dans la rue jouxtant la mosquée Errahma, occupée habituellement par les fidèles, les fidèles sont presque empêchés de s’y positionner par les forces de police qui, finalement, lâchent du lest. A Bab El Oued, la pression autour des lieux de culte était tout aussi perceptible. Interrogé, un marcheur qui arrive de Bab El Oued lance : « Les mosquées ont subi la pression des hommes bleus en tenue ou en civil ; on pensait que l’on n’allait pas pouvoir marcher et tout à coup on a pu s’élancer je ne sais pas comment, c’est Dieu ».

Une femme de la même cohorte, plus réaliste et probablement plus intelligente s’écrie : « Ils veulent montrer que c’est eux les macs ! Ils veulent nous montrer que c’est comme ils veulent eux ». 

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A Bab El Oued, l’Adhan a été décalé d’une vingtaine de minutes entre les différentes mosquées, tonne un autre arrivant.

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La circulation des véhicules est maintenue le plus longtemps possible par les forces de l’ordre et finalement stoppée par les manifestants de la vague Bab El Oued. Objectif : désorganiser les manifestants

La poignée de marcheurs qui s’est élancée de la rue Victor Hugo est empêchée de rejoindre les manifestants qui arrivent de l’Ouest d’Alger. L’accès à la rue Asselah Hocine, au front de mer par Port Saïd et à la Grande Poste sont bloqués. A quelques mètres du commissariat de Cavaignac un commissaire divisionnaire à la stature imposante, vêtu d’une tenue de combat noire, cheveux grisonnants et yeux clairs, rabroue sèchement  des journalistes qui insistent pour passer. Son ton est provocateur et humiliant : artistes, intellectuels, journalistes, scientifiques républicains ont de tout temps été la proie idéale pour ce type de « légionnaires » en apparat.

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C’est la tension entre les forces de police et les manifestants. Après avoir traité Tebboune de « président contrefait », réclamé « un Etat civil et pas militaire », qualifié les services secrets de « terroristes » on s’en prend aux policiers. On leur rappelle que mardi ils s’en sont pris aux étudiants. On les traite de tous les noms. On leur reproche d’être « les esclaves du gang ». On leur crie : « Haw  Haw oui chef ! » Ou encore : « Aftan ya poulice rak 3ayach erkhis » i.e. réveille-toi policier, tu vis sans honneur. Un nouveau slogan fait son apparition durant cette marche. On scande à l’adresse des policiers, ils sont traités de suppôts que Khaled Nezzar.

 « Istiqlal istiqlal ! »

On chante « les enfants d’Amirouche,  Ali Amar » et on demande la chute du régime. On répète : « Istiqlal istiqlal ! » I.e. Indépendance ! Indépendance !  Vive l’Algérie ! On invente une nouvelle mélodie patriotique que l’on chante en cœur : 

ÔÔÔ Kelma lilmamat maranch 7abssine, ma3andnach el patron ou rana 7ourin, ou had el hirak makana 3alia ou ga3 nsalou fih, echa3b likalbou mat ikhlasha ghalia ou rah eddour a3lih ÔÔÔ i.e. nous faisons le serment de ne point nous arrêter jusqu’à la mort, nous n’avons pas de patron et sommes libres ; ce hirak occupe une place de choix dans nos cœurs et nous appartient à tous, les gens qui ne réagissent pas paieront chers et ça se retournera contre lui.

On demande la libération des détenus que l’on assimile à des otages tout en criant : où est Khaled Tebboune justice du téléphone ? Relativement aux rumeurs propagées sur les réseaux sociaux faisant état d’une perquisition faite cette semaine par des éléments de la gendarmerie dans le domicile de Khaled Tebboune, le  fils du président impliqué avec Kamel Chikhi alias le boucher.

Le convoi qui remonte traditionnellement jusqu’à la rue Victor Hugo est stoppé en bas de la rue Didouche Mourad au niveau de la rue Richelieu. Les marcheurs répètent en cœur : « Est-ce un Etat ou une force d’occupation ? »

L’élargissement du confinement à plusieurs wilayas, la relance du débat sur la pandémie par les radios télés et journaux officiels par ce tout venant que l’on appelle « experts », la communication officielle journalière de l’augmentation du nombre de contaminés, l’approche des élections, les interpellations et perquisitions durant la semaine passée sont les signes qui présageaient un durcissement de la position officielle quant à la protesta.

Le nouveau chef de la police, docteur en criminologie, maitrise les techniques de domination et ceux de la manipulation psychologique. Durant ce premier vendredi d’essai d’empêchement de la marche il confirme la maitrise de la situation par ses hommes. 

Armés de leur foi et de la conviction que l’arrêt de la protestation équivaut à la  mort de tout espoir les manifestants pacifiques répètent : « Dirou ouach dirou maranach abssine » i.e. faites ce que vous voudrez mais on ne s’arrêtera pas !

Il y a toutefois une réalité que tout Algérien connaît : la paralysie politique, les arrestations et l’embolie économique ne sont pas pour arranger les semaines à venir. Ni pour calmer les esprits.

Auteur
Djalal Larabi

 




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