AccueilMise en avant20 avril 2022 : le drapeau amazigh en berne 

20 avril 2022 : le drapeau amazigh en berne 

drapeau amazigh

La date du 20 avril 2022 est une date sombre qui va marquer l’histoire des célébrations du printemps berbère de 1980, affirme le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) dans la déclaration ci-dessous. 

Dans un contexte d’état de siège, ce 42ème anniversaire sans la marche traditionnelle viendra s’ajouter dans nos mémoires meurtries au printemps sanglant de 2001.
Toujours célébrée par des manifestations, conférences et galas, cette date était l’occasion de faire le bilan de l’évolution des revendications premières du Mouvement Culturel Berbère en terme de droits culturels et de libertés démocratiques.
Étaient analysées au fil des célébrations, les évolutions, certes très lentes et chaotiques, sur l’identité amazighe qui avait été marquée par la reconnaissance de Yennayer, le bilan de l’enseignement de Tamazight qui reste bien en deçà des espérances en raison du manque évident de volonté politique mais aussi d’un déficit de vision politique de notre part.
Mais aujourd’hui, nous voici brutalement dans un véritable tournant suite à un violent tour de manivelle de gouvernance pour un retour accéléré vers le passé et retrouver l’idéologie hégémonique exclusivisiste, chère à la « novembria-badissia », le panarabisme avec son corollaire, le despotisme et la répression.
Contrairement aux autres pays d’Afrique du Nord dans lesquels la revendication amazighe avance dans la société et dans les institutions, celle-ci subit un fort recul en Algérie, notamment marqué par la répression des porteurs du drapeau amazigh, à l’origine d’une condamnation des Nations unies.
Le constat général est une régression inédite, grave et inquiétante à laquelle fait face le combat identitaire et démocratique initié par le printemps berbère : forte réaffirmation d’une Algérie exclusivement arabe, entraves diverses dans l’enseignement de Tamazight, discours raciste et éradicateur assumé et impuni, recul sur les quelques libertés démocratiques en terme de liberté d’expression, liberté de presse, menaces sur le multipartisme, criminalisation de tout acte politique pacifique avec comme conséquences des centaine de détenus politiques et d’opinion.
La commémoration actuelle survient après une « Annus horribilis  » pour la Kabylie
qui a vécu, une fois de plus, de grandes souffrances, subissant épidémie, incendies meurtriers faisant plusieurs victimes et détruisant une bonne partie de son écosystème.
Sans lui laisser de répit pour panser ses blessures, elle est la cible d’agressions politiques graves et diverses, faites de provocations-diversions. Vidée de son élite politico-culturelle en prison ou en exil, accusée injustement de faits ignominieux, ses citoyens, déjà fortement éprouvés, vivent en permanence dans un climat de terreur continuelle.
Par son extrême gravité, sa violence et le péril encouru pour sa sécurité, cette période particulièrement sombre pose des questions existentielles à la Kabylie. Un bilan sérieux doit être fait de nos luttes avec un regard lucide sur nos fragilités et insuffisances avec le triste constat d’atteinte à nos moyens séculaires de résistance et de mobilisation résidant dans nos organisations villageoises, notre tissu associatif, nos valeurs et référents culturels et nos identifiants symboles comme la JSK et autres icônes.
Il y a certainement des clarifications politiques à faire, des enjeux à comprendre et mieux appréhender et des formes de lutte à adapter tout en gardant impérativement le mot d’ordre d’avril 80 : la lutte pacifique.
L’avenir dépendra de la qualité du constat qui doit être fait sans complaisance et sans concessions et de l’intelligence à trouver ensemble, en dépassant les clivages habituels, des solutions dans cette conjoncture loin d’être favorable à la Kabylie.
À l’échelle nationale, la situation difficile dans laquelle se trouvent également tous les militants démocrates algériens parmi lesquels ceux originaires de Kabylie, pour lesquels il est vital de ne pas s’isoler, nous impose de rejoindre tout cadre de concertation pour un franc dialogue, sans tabous, afin d’envisager une convergence des forces, dans le respect des uns et des autres, dans le but de rendre effective une  Algérie démocratique et plurielle.
Gloire à tous nos martyrs !
Libération de tous les détenus politiques et d’opinion !
Le 20 avril 2022
RPK France – RPK Canada 

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