6 novembre 2024
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5 juillet : le coup d’Etat contre le peuple

POINT DE VUE

5 juillet : le coup d’Etat contre le peuple

Le peuple algérien et sa révolution se trouve dans un tournant décisif. La dictature militaro-financière et ses larbins, à sa tête Gaïd Salah, se révèle au grand jour, usant de moyens hideux pour faire ployer la résistance. En effet, le chef d’Etat-major entreprend un voyage dans le temps sans retour pour atterrir en 1962. Il réédite le coup d’Etat de l’armée des frontières, dont il fut caporal, contre le peuple et sa volonté d’indépendance.

Pour l’histoire, Boumediène et ses sbires n’ont jamais tiré une balle contre la France coloniale. Ils ont fait la guerre à l’armée de l’intérieur qu’ils ont décimée, renversé le GPRA et installé avec la complicité de Ben Bella un régime militaire qui allait faire main basse sur le pays pour générer ensuite une mafia implacable. 

C’est le même système, avec les mêmes moyens, le coup d’état contre le peuple, la force et l’imposition, que veut à tout prix reproduire Gaïd Salah aujourd’hui. Pour casser cette révolution qui a soulevé le pays contre le mensonge, la gabegie et l’injustice, les généraux mafieux et leur chef ne reculent devant aucun méfait. Ils manipulent la police, la gendarmerie, la justice et les médias publics, concentrant tous les pouvoirs entre leurs mains, pour réduire, casser, diviser, vider et dénaturer ce mouvement populaire sans commune mesure.

Ainsi, la confiscation du drapeau amazigh, l’arrestation de ses porteurs, l’emprisonnement de personnage symbolique comme le Moudjahid Lakhdar Bouregaâ, la mise sous tutelle judiciaire de toute voix discordante, les citoyens qu’on empêche de se recueillir sur la tombe de Mohamed Boudiaf, le 29 juin, le chef de sûreté d’Oran qui menace le journaliste militant Saïd Boudour, l’incarcération de l’élu APW de Tizi-Ouzou Samira Messouci, la torture du jeune journaliste de Annaba Mustapha Bendjama par des éléments des Renseignements généraux (RG) et bien d’autres services encore, montrent les excès de l’offensive du régime sous la conduite de Gaïd  Salah. Ces pratiques dignes de la Gestapo et de l’armée coloniale visent à assommer le peuple, à le mettre à genoux, à le réduire au silence pour obéir docilement aux Maîtres incontestable de l’Algérie. Assurément, ce soldat de plomb de Gaïd Salah veut, comme en 1962, substituer à cette révolution de l’honneur celle du déshonneur. La sienne, celle de l’armée des frontières dont il faisait partie. 

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 Mais « Point de pessimisme ! », clame le peuple. Aujourd’hui comme hier, il se soulève comme un seul homme, debout, déterminé, concentré sur un même objectif, Une Algérie démocratique. Ce n’est pas comme en octobre 1988 et durant les années 1990 où il y avait récupération du mouvement des jeunes par l’intégrisme islamiste, les amalgames des militaires et le peu de conscience de la société civile encore fermée et parasitée par toutes sortes d’idéologies. Aujourd’hui, ce n’est plus aussi opaque. Les enjeux sont clairs et le peuple algérien déclare son unité dans la lutte pour un même objectif : abattre la dictature. Cette dernière a essayé tous les moyens pour fracturer et diviser les Algériens, briser la révolution que le chef d’Etat-major appelle « la crise », une « crise » qu’on doit résoudre selon sa volonté pour reconduire le régime et son système mortifère. 

On l’aura compris, les militaires ont toujours eu tous les pouvoirs, ils ne vont pas abandonner aussi facilement. Le pouvoir criminel est fidèle à sa logique. En désespoir de cause, les généraux devront sans doute recourir à la répression militaire, essayer de provoquer un conflit armé pour pacifier la rue. La dictature cherche un bouc émissaire pour déclencher les hostilités. Et celui-ci semble tout trouvé. L’Etat-major pousse les amazigh vers les extrémités et l’émeute, ce qui pourrait leur permettre d’ouvrir le feu pour mater ce mouvement et justifier la violence. Il ne faut pas tomber dans ce piège. Les Algériens sont conscients, ils viennent de déjouer cette énième tentative de brouiller le jeu et de casser la révolution. 

D’un autre point de vue, toute révolution a un coût, encore plus les révolutions pacifiques. Il suffit de ne pas oublier les militantes et militants qu’ils traquent et emprisonnent sous des prétextes fallacieux. Il faut exiger sans répit, encore et encore leur libération, sans tomber dans la violence que Gaïd et le pouvoir veulent à tout prix provoquer, justement pour mettre à mal cette révolution qui leur fait mal. Le militant convaincu, lorsqu’il sort protester et se battre, s’attend en fait à toutes les implications et complications, même à ne pas rentrer chez lui en fin de journée, à se retrouver en prison ou mort… C’est en toute connaissance de cause qu’il mène son action.

L’important est de garder ces âmes vaillantes en mémoire, de les rappeler en toute occasion, car c’est une lutte commune pour un avenir commun. Il faut aller de l’avant… et avec le drapeau et emblème amazigh. Ces condamnations ne doivent dissuader aucun marcheur, aucun militant, aucun homme libre. S’ils veulent remplir les prisons, qu’ils le fassent. Le peuple fera tomber tôt ou tard ces vieux bons à rien, sinon à séquestrer leur pays. Un jour proche, les prisonniers sortiront et les décideurs et juges d’aujourd’hui prendront leur place.

Ce 5 juillet, c’est un vœu, le peuple devrait encore démontrer que l’Algérie lui appartient vraiment, comme son histoire et sa révolution. C’est l’armée qui appartient au peuple et non pas le contraire comme semble le faire entendre Gaïd Salah. Les Algériens devront tous ensemble crier haut et fort leur détermination, leur opposition à l’État militaire. Ils doivent poursuivre leur action pacifique, c’est l’arme la plus redoutable, plus forte que leurs chars et leurs baïonnettes. 

Que la police mise au pas fasse la chasse aux drapeaux, honte à eux. Que les juges aux ordres prononcent leurs condamnations injustifiées, Honte à eux ! Que l’État-major descende son niveau à celui de Naïma Salhi, honte à eux ! On sait à qui l’on a affaire. Tout cela joint à la répression ne peut que jouer contre ce pouvoir dictatorial et mobiliser davantage. Leurs agissements ont toujours eu l’effet contraire à celui qu’ils ont planifié. C’est ce qui les fait courir à leur perte. Les militaires n’arrivent pas à convaincre et à leurrer le peuple, ce ne sont ni des politiques ni des stratèges. Ils font bêtement dans la contrainte et l’imposition. Tout ce mal qu’ils répandent ne peut être justifié et poussera à la révolte même les pierres de ce pays. Bien sûr que la révolution, même pacifique, porte son lot de sacrifices, bien sûr qu’il y aura des emprisonnements, des condamnations, des confrontations, des bastonnades et même… des morts. Il y en a déjà eu, gloire à Kamaleddine Fekhar et à d’autres, à tous ceux qui ont risqué leur vie pour que vivent ce pays et son peuple. Mais, oui, il ne faut pas désespérer malgré tout. La révolution se porte bien, il faut la nourrir de la respiration impérieuse de milliers de poitrines, elle arrivera à bon port… Que Gaïd et ses généraux affidés ferment le passage vers la destination du peuple, il viendra un moment où ils vont plier et fondre comme des soldats de plomb dans une forge, une forge révolutionnaire qu’allume des millions de souffles qui convergent vers un même but : LA LIBERTÉ.

Auteur
Mohand Amokrane Tighlit

 




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