Le témoignage exceptionnel de Daho Ould Kablia met en lumière l’apport décisif du « Lion des Djebels », figure emblématique de la lutte armée, dans les tractations secrètes qui ont précédé la fin du conflit.
Ce récit rare éclaire les coulisses d’un moment charnière de l’histoire algérienne, où courage militaire et stratégie politique se sont entremêlés pour ouvrir la voie aux négociations avec la France. Pour autant, Daho Ould Kablia a gardé le silence sur l’assassinat et les assassins de Krim Belkacem.
À l’occasion de la commémoration du 55ᵉ anniversaire de l’assassinat de Krim Belkacem, un témoignage exceptionnel de Daho Ould Kablia a été diffusé par la chaîne Berbère Télévision. Ancien officier du Ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG) et actuel président de l’Association nationale des anciens du MALG, il est revenu avec précision sur les coulisses des Accords d’Évian et sur le rôle prépondérant joué par Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne.
La cérémonie de commémoration, organisée au cimetière d’El Alia, s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités et citoyens, parmi lesquels la fille de Krim Belkacem. L’événement a donné lieu à un moment de mémoire vive, rappelant le parcours de l’un des principaux artisans de l’indépendance algérienne.
Une rencontre décisive à Tunis
Dans son témoignage, Daho Ould Kablia raconte sa rencontre avec Krim Belkacem à Tunis, alors qu’il occupait un poste de chef de service au sein du MALG — la structure chargée du renseignement, des liaisons et des transmissions pendant la Guerre d’indépendance algérienne.
« Je voyais souvent Krim Belkacem et Bentobal au bureau de Boussouf. Il y avait avec moi Kasdi Merbah. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à connaître de manière plus directe la vie de nos dirigeants », confie-t-il. À l’époque, le MALG jouait un rôle stratégique dans la collecte d’informations et la préparation des dossiers sensibles en vue des négociations avec la France.
Dans son témoignage, Daho Ould Kablia a mis en lumière l’importance du travail préparatoire réalisé par plusieurs élites algériennes, lors des négociations avec la France, notamment sur les dossiers stratégiques liés au pétrole. Parmi elles, Salah Bouakouir occupe une place centrale : son expertise technique et sa rigueur ont été déterminantes pour défendre les intérêts algériens. Ould Kablia rappelle également la contribution d’autres figures clés de l’époque, qui, par leurs analyses et leur engagement, ont permis de structurer les dossiers avec précision et d’assurer une représentation efficace de l’Algérie dans ces discussions cruciales. Ce travail collectif a été essentiel pour sécuriser les ressources du pays et poser les bases d’une souveraineté économique durable.
Grâce à son implication dans le comité de préparation, Daho Ould Kablia est désigné comme conseiller au sein de la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) pour les pourparlers d’Évian.
Évian, les nuits stratégiques
À Évian-les-Bains, Krim Belkacem dirige les séances avec une autorité politique incontestée. Chaque soir, après les longues journées de négociation, il réunit ses conseillers à l’hôtel. « Krim nous faisait le compte-rendu détaillé des discussions et nous sollicitait pour élaborer les réponses et affiner les positions de la délégation », se souvient Ould Kablia.
Aux côtés de techniciens et juristes chevronnés comme M’hamed Yazid, Mohamed Seddik Benyahia, et Ahmed Boumendjel, Krim se distingue par sa stature politique. « C’est lui qui prenait la parole le plus souvent. Contrairement aux experts, il portait en lui une force idéologique : celle de la dignité, de la souveraineté et de la justice », affirme l’ancien officier du MALG.
Un héritage vivant
Ce témoignage éclaire avec force la dimension politique et symbolique de Krim Belkacem lors de ces négociations historiques. Plus qu’un négociateur, il était la voix d’un peuple en lutte pour son indépendance. Son influence sur la dynamique des discussions a été déterminante dans l’issue des Accords d’Évian, qui ouvriront la voie à l’indépendance de l’Algérie en 1962.
En rappelant ces moments décisifs devant la tombe du leader assassiné en 1970, en présence de sa famille, Daho Ould Kablia ravive une mémoire longtemps restée dans les coulisses de l’histoire officielle.
« Ce qui m’a marqué chez Krim, c’était cette conviction inébranlable, cette manière d’incarner la Révolution au-delà des chiffres et des arguments techniques », conclut-il avec émotion.
Bio Express
Krim Belkacem, figure majeure de la lutte de libération, fut l’un des principaux négociateurs des Accords d’Évian.
Chef historique de la Wilaya III historique, il devint membre influent du GPRA et principal interlocuteur de la partie française.
Il a été assassiné le 18 octobre 1970 dans un hôtel à Francfort, dans des circonstances qui demeurent entourées de zones d’ombre. Selon le livre écrit par Farid Alilat, Krim devait rencontrer trois Algériens Hamid Aït Mesbah, officier de la Sécurité militaire (SM). Mohamed Ouslimani, haut cadre de l’État algérien, qui a voyagé sous le pseudonyme de Mohamed Debaï ainsi qu’un certain Mohamed Salah. Un nom d’emprunt selon le journaliste. Ces trois individus se sont jamais formellement expliqués sur ce rendez-vous et l’assassinat de Krim. Et l’Etat algérien, avec ses différents présidents n’a jamais lancé ni d’enquête. Il n’a pas non plus essayé de comprendre l’assassinat du chef de la délégation du GPRA à Evian.
Retour en Algérie après les accords d’Évian et unité nationale: le rôle crucial de Krim Belkacem, selon sa fille
À l’occasion du 55ᵉ anniversaire de l’assassinat de Berbère télévision a recueilli ce samedi 18 octobre au cimetière d’El Alia (Alger) le témoignage émouvant de sa fille. Elle a rappelé la figure exceptionnelle de son père, soulignant non seulement son rôle dans le déclenchement de la Révolution et dans l’organisation militaire, mais aussi sa responsabilité continue après la signature des accords d’Évian.
Elle a particulièrement insisté sur le retour décisif de Krim Belkacem en Algérie le 10 juin 1962, pour mettre fin à l’effusion de sang provoquée par les attentats de l’OAS, une initiative précieuse peu connue du grand public.
Bien avant que d’autres dirigeants tels que Boudiaf ne le rejoignent. Ce retour, plein de courage et de responsabilité, illustre l’engagement de Krim Belkacem pour la paix et la sécurité du peuple algérien, et souligne l’importance pour la nouvelle génération de connaître l’histoire de ceux qui ont façonné l’indépendance. « Il n’a jamais cessé de penser au peuple algérien », a-t-elle rappelé.
Le témoignage a également mis en lumière l’importance de transmettre cette mémoire à la jeune génération. Selon elle, pour aimer et respecter son pays, il est indispensable de connaître l’histoire de Krim Belkacem et de tous ceux — femmes, hommes et enfants — qui ont consenti à d’énormes sacrifices pour l’indépendance. Krim Belkacem a assumé toutes les responsabilités, à chaque étape : du déclenchement de la Révolution à l’organisation militaire, en passant par l’unification des rangs, jusqu’aux moments critiques de la mise en œuvre des accords d’Évian.
Ce récit rare permet certes de comprendre la dimension humaine et politique de Krim Belkacem mais le mystère de son assassinat reste entier. On commémore sa mort le 18 octobre, mais on ne pipe mot sur ce qui s’est passé à cette date précisément. Ce crime
Samia Naït Iqbal
Djebel? Au-delà des faits, qui sont accablants quant aux événements tragiques, c’est cette impasse faite d’autocensure, qui voudrait que l’on sauve les « meubles », en feignant une union de façade et en superposés, dans l’espoir que le temps allait faire oublier ou régler les questions fondamentales, comme cette histoire de légitimité du pouvoir. Si le congrès de la Soummam et me GPRA n’ont jamais indiqué benbella et boumediene comme potentielle référence politique. Au contraire, on continue de célébrer ces deux hommes qui ont cassé l’élan unitaire en leur reconnaissant les titres d’hommes d’État et en maintenant leurs décisions scélérates comme valeurs constitutionnelles, l’arabisation et l’islamisme en autre. Quand toutes les tensions actuelles ne sont que la ramification des torsions identitaires introduites par cette dictature née du coup d’État. Un paternalisme est sans fin.
Le Kabyle même pour « célébrer « et normaliser Krim doit subir l’affront, cette expression qui a synthétisé le déterminisme dit tout : « le lion du djebel » veut que l’histoire doive impérativement être vécue en arabe. En Kabyle l’on dit Izem Idh’urar. Mais l’arabisme assimilationniste commence bien avant la révolution trahie.
Feu Bennai Ouali a dit, en substance, à Albane chef du CCE : en acceptant notre condamnation, tu es entrain de creuser ta propre tombe. La suite, hélas, lui a donné raison pour toutes les liquidations. Il y a la matière à cogiter.