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Fake news, pas si new !

Posez la question à n’importe qui, il vous répondra instinctivement que c’est l’expression de Donald Trump. Bien entendu, la quasi-totalité d’entre eux savent que c’est une pratique aussi ancienne que l’humanité.

Mais c’est vrai que le terme a pris une résonance mondiale du fait de l’explosion des médias traditionnels et d’Internet. Et aussi par l’importance du pays concerné tout autant que par la pratique très répandue des spin doctors, maîtres en communication, qui essaient de trouver un élément de langage court, percutant et identifiant.

Une fake news est une fausse affirmation d’un évènement ou d’une parole qui a pour objectif de tromper aux fins d’une manipulation politique, financière ou d’affrontement guerrier.

Ce n’est donc pas nouveau et les grandes manipulations par des fausses calomnies dans l’histoire sont pléthoriques. Il y en a pourtant des plus marquantes. Chacun ira de son choix, je présente mes préférées car après tout je suis l’auteur de cette chronique. Non ?

En fait si nous affirmons que la pratique est aussi ancienne que l’humanité, ce sont surtout les rois du Moyen âge qui pratiquaient la « fausse nouvelle » comme arme politique dans des formes qui ressemblent à peu près à celles d’aujourd’hui.

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Les nombreux apocryphes des textes religieux sont souvent considérés comme des Fake news mais la réalité est que ce sont des textes non validés par l’autorité de l’Église car elle ne leur reconnait pas leur origine divine. En quelque sorte des faux, ce qui ne peut être assimilé que  d’une manière assez lointaine à la définition actuelle des Fake news.

Parmi ces rois « falsificateurs », celui qui est considéré comme le champion des fake news, le Donald Trump du Moyen âge, c’est Philippe le Bel, roi de France entre le 13ème siècle et le 14ème. Beaucoup le présentent comme l’inventeur des Fake news même si, on l’a dit, c’est un titre assez exagéré.

Philippe le Bel ne supportait pas que le pouvoir spirituel du Pape Boniface VIII puisse rivaliser avec celui du roi de France. Et surtout que celui-ci, fort de sa victoire contre le Saint Empire, dénonçait la volonté du roi de perpétuer la pratique des décimes, un impôt prélevé sur le clergé. Entouré de brillants juristes et conspirateurs expérimentés, il divulgua un certain nombre de fausses nouvelles à l’encontre du Pape. Parmi les plus connues, celle qui faisait du Pape un adepte de la sorcellerie, un acte des plus graves pour l’Eglise catholique.

La pratique des fake news était dans cette histoire tout simplement une affaire d’argent et de pouvoir, le temporel contre le séculaire, chacun se revendiquant supérieur à l’autre. Une autre salve de fake news par Philippe le Bel aura pour objectif de faire main basse sur le « trésor supposé » des Templiers, un ordre guerrier au service du Pape.

La seconde histoire de Fake news qui m’apparait utile à savoir autant que comique est celle dont j’avais fait mention assez rapidement dans une chronique précédente. Pour discréditer le parti démocrate aux Etats-Unis, les républicains avaient prétendu que ce dernier avait relâché les animaux du zoo qui étaient en train de déferler sur la ville. Pour dire vrai la Fake news avait un objectif financier de l’augmentation du tirage du journal plus que politique pour un média proche des républicains.

Le caricaturiste d’un autre journal, proche du parti démocrate, va alors lancer à son tour une Fake news tout aussi grossière pour répondre avec humour à l’attaque du concurrent. Et devinez qui était l’éditeur du journal ?

Joseph Pulitzer, celui qui est considéré comme le plus grand journaliste dont la référence est encore célèbre dans le monde de nos jours. Le gag est que celui qui est responsable d’une énorme Fake news soit considéré comme l’exemple parfait d’un journaliste d’investigation, impartial et indépendant.

Le Prix Pulitzer, équivalent du Prix Nobel, récompense le meilleur journaliste de l’année dans le monde. L’homme était certainement à la hauteur de son prestige mais avouez que c’est cocasse qu’il ait été à l’origine d’une des plus grande Fake news de son pays. C’est-à-dire le contraire absolu de la déontologie du journalisme.

Enfin, je ne peux pas terminer cette chronique sans rappeler mes grands amis, ceux que j’ai fustigés (sans insultes) durant toute la période du Covid par mes articles, particulièrement dans ce journal que je remercie.

Ce sont les parfaits héritiers de cette histoire des Fake news, de grands adeptes du complotisme. Pour eux tout est complot des forces souterraines, celles des états et du grand capital. Le virus du Covid n’existe pas, il est une manipulation de ces forces, il aurait même une puce miniaturisée qui contrôlerait le corps et l’esprit. Très surprenant que ceux qui dénoncent les Fake news en soient les maîtres.

Le complotisme est exactement le discours des populistes dont l’un des champions est Donald Trump. Tiens, quelle coïncidence !

Qui sait, peut-être que ma chronique d’aujourd’hui est une Fake news et que je suis un complotiste ? Avouez  qu’avec le nombre de chroniques que j’écris, je suis légitime à me revendiquer être un Philippe le Bel Oranais.

Boumediene Sid Lakhdar

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