L’offensive jihadiste et rebelle lancée mercredi dernier contre l’armée syrienne se poursuit dans les provinces d’Alep et Idleb au nord, et Hama au centre. Les combats ont déjà fait 412 morts, dont 61 civils.
En Syrie, situation de plus en plus confuse à Alep. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a averti dimanche qu’environ 200 000 Kurdes syriens sont « assiégés par des factions pro-turques », qui ont avancé dans le nord de la province d’Alep.
Les rebelles pro-turcs ont occupé Tell-Rifaat et plusieurs villages environnants, au nord d’Alep, qui étaient contrôlés par les forces kurdes. Cette enclave située à 20 kilomètres de la Turquie était convoitée depuis des années par l’armée d’Ankara, qui menaçait de l’occuper.
Les Kurdes pris au piège
Les deux enclaves kurdes de Tell-Rifaat et Shehba au nord de la ville et dans lesquelles vivent plusieurs centaines de milliers de déplacés des conflits précédents, seraient encerclées et sous le feu des groupes armés soutenus par la Turquie.
Ces milliers de civils kurdes pourraient être les victimes de nouvelles violences communautaires. C’est ce que craint Shiler, responsable d’une ONG locale et dont la famille est prise au piège. Son témoignage a été recueili, recueilli par le correspondant de Rfi au Kurdistan irakien : « Les groupes d’oppositions soutenus par la Turquie ont attaqué les zones kurdes qui accueillent des milliers de personnes déplacées de la ville d’Afrin, un territoire déjà occupé par la Turquie et ses alliés islamistes dans la région.
Les attaques ont été violentes à Tal Rifaat. Les personnes là-bas, notamment mes parents, ma famille, mon frère sont piégés, sans défense, sans aucune protection. Les enfants sont effrayés… Tout le monde, des centaines de personnes attendent dans leurs voitures, prêtes à fuir… Elles attendent que la route qui est bloquée soit ouverte à nouveau pour pouvoir traverser vers une zone plus sûre. La connexion internet a été coupée. L’électricité est coupée. Les Forces kurdes défendent les lieux, mais il semblerait que la situation soit en train d’empirer et que les attaques soient de plus en plus violentes. Nous craignons un massacre. Parce que c’est déjà arrivé. »
La progression de la coalition anti-gouvernementale est rapide à Alep et Idleb mais semble plus lente à Hama
Les jihadistes et les rebelles ont pratiquement pris la totalité de la province d’Idleb. Ils continuent de progresser au sud d’Alep où ils ont pris un nouvel aéroport militaire, ce qui porte à quatre le nombre d’aérodromes occupés, y compris un aéroport international, rapporte le correspondant de Rfi à Beyrouth.
L’armée syrienne et son allié russe ont renforcé leurs lignes de défense à Hama, dans le centre, où d’importants renforts ont été envoyés. Le chef d’état-major syrien s’est rendu sur le front dans cette région, où ses troupes affirment avoir stoppé l’offensive jihadiste et rebelle et repris sept localités.
L’aviation russe concentre son activité dans ce secteur visé dimanche par des dizaines de raids pour tenter de ralentir l’avancée des combattants de la coalition anti-gouvernementale.
L’armée russe, qui dispose d’une importante base aérienne à Hmeimim, dans la province côtière de Lattaquié, est pleinement engagée dans cette bataille.
Le président syrien, qui a reçu dimanche à Damas le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, a d’ailleurs souligné l’importance du « soutien des alliés » pour faire face « aux attaques terroristes ».
Avec RFI