On ne peut tout connaître et tout maîtriser, c’est certain. Cependant, pour les phénomènes physiques qui nous passionnent il est inévitable de ressentir un profond regret de ne pas y avoir mis plus d’acharnement qu’en toute autre chose pour les comprendre.
Le lecteur s’est peut-être souvent posé cette question pour un nombre important de situations équivalentes. Quoi de plus disponible dans son esprit que son propre vécu ? Un phénomène donné en spectacle dans le ciel ce mercredi 12 juin permet de trouver opportunité pour réfléchir sur l’ignorance, particulièrement la mienne.
Pour développer ma chronique à ce sujet, il me faut poser la question de son titre car deux sens sont possibles pour l’expliquer. La tête en l’air dans son sens réel est la conséquence de ma passion pour le ciel et l’espace. Dans son sens figuré, avoir la tête en l’air signifie oublier par distraction de l’esprit.
L’oubli par la tête en l’air concerne un spectacle d’une extrême beauté pour l’humanité que je n’ai pas eu le réflexe de partager avec vous dans une chronique immédiate. Faute avouée… Vous connaissez le dicton.
Pour le nom de Lune des fraises, appelée plus simplement Lune rose, heureusement qu’un très petit niveau de connaissances suffit à en expliquer la couleur. Elle a été nommée ainsi par une ancienne peuplade (laquelle ? Encore une ignorance). Ce jour-là la lune est basse dans le ciel et dans cet angle, la lumière traverse l’épaisseur importante de l’atmosphère. Elle apparait ainsi dans une couleur rose.
Je serai incapable de répondre à une autre question, pourquoi dans les autres positions de la lune le phénomène n’apparait pas alors que cette même lumière traverse aussi la couche de l’atmosphère ? C’est pour cela que je parlais d’ignorance sans excuse pour ce qui est d’une passion.
Le phénomène ne se produit qu’une fois dans une période de douze mois mais pas à la même date ou très rarement. Comme pour toute honte, les êtres humains essaient de la camoufler par l’excuse de ne pas avoir eu les capacités cognitives de comprendre un phénomène complexe ou qu’on n’en n’a pas eu l’enseignement. C’est vrai que cette explication semblerait plus pardonnable.
Pardonnable pour moi ? En vérité, pas du tout. Car faute n’est pas de la société et de l’école de m’avoir donné toutes les opportunités de comprendre. À l’internat de Bouisseville, près d’Oran s’est passé le premier cours sur le ciel par un professeur du collège. Les lecteurs non Oranais sont dévoilés eux aussi dans leur ignorance, ils n’ont aucune excuse de ne pas connaitre le lieu.
Par une soirée d’un ciel magnifique, le noir du ciel permettait d’apercevoir une multitude impressionnante d’étoiles qui brillaient comme les lumières d’un arbre de Noël ou, par malice méchante, autant que la brillance des pellicules sur les épaules d’un de nos camarades (le pauvre, même plus d’un demi-siècle après, il devra supporter notre plaisanterie douteuse).
Et ce jour-là, j’ai eu mon premier doute sur la possibilité de mes capacités à être plus tard un expert en astrologie. Il a eu beau nous montrer les constellations, de la Grande ourse, du Sagittaire ou du Capricorne, je ne voyais que les pellicules de notre camarade dans le ciel, ce n’est bien entendu qu’une image sur mon ignorance. Vous connaissez aussi le très célèbre proverbe chinois, lorsque le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. Cette fois-ci ce n’est pas seulement une image.
L’être humain trouve également une autre excuse classique pour dissimuler sa honte ou son embarras, celle de prétendre qu’à cette époque lointaine, nous n’avions pas les mêmes conditions d’apprentissage. À l’idiotie se rajoute un mensonge grossier, Bouisseville n’avait pas tant de lumière pour voiler le ciel à cette époque. L’endroit était assez isolé des maisons qui, elles aussi, n’étant vraiment pas nombreuses. De plus, à Bouisseville comme dans le monde, la pollution n’était pas l’écran qu’il est maintenant.
Ah non, les jeunes, vous ne vous en sortirez pas aussi facilement avec cette excuse pour me blâmer. Moi je n’avais pas Internet et d’autres possibilités pour éviter mon ignorance. Encore une piètre excuse des hommes pris en flagrant de délit d’ignorance, je persiste dans le mensonge !
En conclusion générale, contrairement à ce que le laisse supposer ma chronique, l’être humain n’est paradoxalement jamais blâmable pour son ignorance mais pour son manque dc curiosité et de passion pour les magnifiques choses de ce monde. Et là, on aura du mal à me prendre à défaut, au risque de la prétention.
Je m’en suis bien sorti ?
Boumediene Sid Lakhdar