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samedi 20 septembre 2025
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 Le clan de l’ignorance

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Dans un vieux texte bouddhique, un moine nommé Nāgasena rappelait à un roi que les sages discutent en tissant et détissant, en avançant des raisons et en les éprouvant, alors que les rois parlent pour imposer et punir. Deux millénaires plus tard, l’Algérie a choisi son camp : celui des rois sans sagesse.

Ici, le pouvoir ne gouverne pas, il recycle. Les discours sont fatigués, les visages défraîchis, les promesses repeintes à la hâte comme une façade qui s’écroule avant même que la peinture sèche. On appelle ça « dialogue national », « réformes », « consensus ». Bref, « l’Algérie nouvelle » : un slogan de supermarché sur un produit périmé. On prétend consulter, mais on ne supporte que l’écho de sa propre voix.

L’arrogance est devenue méthode, l’entêtement stratégie, et l’échec un programme. La seule réforme tangible est celle des fauteuils : on change les noms, on garde la recette. Ce n’est pas une république, c’est une salle d’attente où l’on fait tourner les chaises et où personne n’est jamais reçu.

De cette imposture est né un club fermé : le clan de l’ignorance, autrement dit le Système. Ici, pas besoin d’élections : l’ascenseur social ne fonctionne pas à l’effort, mais à la verticale familiale et clanique. Père, fils, cousin, beau-frère, voisin de palier, ami d’enfance ou fils de la dachra : le beni-âmisme fait office de seule Constitution. Tout est réglé comme dans une caserne : chacun a son étage, chacun son rôle, personne ne bouge sans l’ordre du clan. La mécanique est huilée, presque militaire : on classe, on distribue, on recycle.

Première catégorie : les dirigeants, sourds par vocation. Ils n’ont pas besoin d’arguments, ils ont des communiqués. Deuxième catégorie : les religieux de vitrine, cantonnés au rez-de-chaussée social. Ils distribuent des paniers de ramadhan, vendent du paradis en sachets et servent de sous-titres pieux aux abus du pouvoir. Troisième catégorie : les conservateurs, gardiens autoproclamés de la nation. Nationalistes de salon, anciens moudjahidines sanctuarisés, fils héritiers d’alliances. Pas besoin d’idées : un pedigree suffit. Quatrième catégorie : les identitaires qui refusent de partager. Pour eux, l’Algérie est un héritage indivisible, mais seulement pour la famille.

Ensemble, ils forment une coalition unique : non pas un gouvernement, mais un banquet de parasites où chacun se sert, se ressert et garde l’assiette pleine pendant que le peuple regarde, affamé.

Leur art n’est pas de résoudre, mais de détourner. À chaque crise, un chiffon. La pomme de terre devient rare ? On invente une polémique sur la langue. Le chômage explose ? On ressort un vieux manuel de nationalisme rance. Les jeunes hurlent leur désespoir ? On leur promet un paradis, version « après décès », sans frais de livraison. La règle est simple : occuper les esprits, pour mieux vider les assiettes.

Ce système n’est pas seulement immobile, il est pyromane. Il joue avec les braises de l’histoire comme un enfant gâté avec des allumettes. Amazigh contre arabe, croyant contre laïque, mémoire musulmane contre mémoire coloniale : voilà son seul savoir-faire. La division est sa rente, la peur son capital. L’Algérie n’est pas gouvernée, elle est entretenue comme une vieille querelle de voisinage.

La religiosité, sous ce régime, n’est plus foi mais décoration. On aligne des mosquées comme des trophées, on érige des minarets comme des antennes d’État, et le vendredi devient une parade militaire de piété. Ici, la foi n’élève pas, elle meuble. Quant au conservatisme, il s’est mué en musée poussiéreux : chacun y expose son héros empaillé, ses gloires passées, ses interdits comme des reliques. Toute ouverture est vécue comme une trahison, toute modernité comme une insulte.

Résultat : un pouvoir obsédé par la stabilité, mais qui fabrique l’instabilité. Obsédé par la paix sociale, mais qui cultive la colère. Obsédé par l’unité, mais qui sème la fracture. Ce pouvoir ne construit pas, il inaugure. Il ne réforme pas, il commémore. Il ne dirige pas, il occupe.

Et pourtant, l’Algérie tient encore debout. Mais ce n’est pas grâce à lui. C’est grâce à la patience d’un peuple qui a transformé la survie en art, la débrouille en science nationale et l’ironie en sport collectif. Le régime détruit, les citoyens rafistolent. Le régime impose le désert, le peuple invente des oasis de fortune.

Tant que le clan de l’ignorance tiendra la scène, le pays restera un théâtre d’ombres. Les fantômes de l’histoire continueront à parler plus fort que les vivants. Et le roi sans sagesse continuera à faire des discours… au point que bientôt, même le micro demandera l’asile politique.

Zaim Gharnati

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