Samedi 12 octobre 2019
Halte à la répression ! Halte à l’arbitraire ! Vive le mouvement citoyen du 22 février !
L’Histoire n’est pas un éternel recommencement. Octobre 88 ; dont nous marquons cette année le 31ème anniversaire a été certes une douloureuse expérience mais ô combien éclairante pour les luttes qui ont suivi et celles d’aujourd’hui.
33 vendredis déjà que l’Algérie défile massivement pour exiger le départ du système et l’instauration de l’Etat de droit. Avec une détermination inébranlable, une intelligence collective remarquable et le panache de la non violence !
Une lame de fond pacifique secoue le pays mais le système à ce jour, est inflexible. Il demeure sourd aux revendications du mouvement citoyen. Mais ni la répression policière, ni les tentatives de division du mouvement, ni les calculs politiciens en tout genre du système n’ont réussi à fourvoyer les millions de manifestants sur le chemin de la violence.
Bien au contraire, les manoeuvres du pouvoir ont redonné du souffle au mouvement, resoudé la société dans sa pluralité culturelle et linguistique et hissé l’Algérie au rang de véritable Etat-nation. Le peuple trempé par des mois de luttes exemplaires, n’est pas près de cesser le combat, ni de succomber aux sirènes du pouvoir. Ainsi il rejette en bloc la feuille de route d’un système qui croit avoir trouvé la panacée à la sortie de crise, en faisant des « élections présidentielles » son leitmotiv.
Le mouvement citoyen en revanche, a compris depuis fort longtemps que s’inscrire dans les élections à venir du système, c’est se renier et perdre ses acquis. En effet, le système disposant à sa guise d’une administration omnipotente et entièrement soumise à son agenda politique, a toujours fait de la fraude la norme constitutive du processus électoral et son ingrédient indissociable. C’est pourquoi, celui-ci est une imposture et un subterfuge redoutable qui lui ont permis de ravaler pendant des décennies sa façade et de passer en sous-main ses objectifs, réussissant ainsi à différer sa chute !
La maturité politique des citoyennes et des citoyens est telle que le mouvement du 22 février a toujours su désamorcer les embûches du pouvoir. Une pression populaire importante sur le pouvoir a été maintenue en permanence grâce à un niveau élevé de mobilisation et le caractère pacifiste du mouvement a pu être préservé depuis le déclenchement de cette vague sans fin de protestation. Le mouvement a par ailleurs su éviter les fractures en son sein en transcendant ses clivages tout en sauvegardant le cap des ruptures politiques. L’emblème amazigh, en dépit des menaces d’emprisonnement, a conquis désormais le coeur de la nation entière.
En un mot, le mouvement du 22 février a sonné le glas de l’entrisme et des compromissions qui ont ruiné pendant des décennies l’avènement de la République démocratique et sociale.
La nouvelle scène politique qui en résulte, laisse entendre que l’époque des cordons sanitaires qui séparaient les partis démocrates entre eux est révolue et que celle des alliances contre nature est clôturée. Les démocrates ne se chantent plus de berceuses. Ils savent désormais qu’il n’est pas possible de construire la démocratie avec ceux qui sont passés maîtres dans l’art de piper les urnes ou ceux qui ont fait du religieux le tremplin du pouvoir et un fonds de commerce à des fins politiques.
L’un des fruits essentiels du mouvement citoyen du 22 février est la naissance d’une convergence de partis démocrates, laquelle se construit patiemment aujourd’hui sur le socle du pacte de l’alternative démocratique du 26 juin 2019. Cette décantation politique majeure ne peut pas être du goût d’un système antidémocratique habitué à régner en maître absolu dans le champ politique.
Pris dans l’étau de mutations politiques décisives, le pouvoir n’a trouvé d’autre réponse que celle du bâton. C’est pourquoi ; il s’est permis nombre d’arrestations de personnalités, de syndicalistes, de journalistes, … Il a actionné aussi « la justice du téléphone » pour embastiller de soi-disant « fauteurs de troubles » et « comploteurs » et multiplier les parodies de justice.
Ce système n’a strictement aucune légitimité pour arrêter qui que ce soit ou prendre une quelconque décision de justice. Depuis le 4 juillet 2019, il est hors la loi et le vide juridique que vit l’Algérie, appelle naturellement à une transition démocratique. Il est urgent de se doter d’institutions de transition, seules susceptibles de faire écho aux revendications populaires et de conduire le pays vers une véritable sortie de crise et l’édification de l’état de droit.
Les condamnations de personnalités civiles et de responsables de partis par une justice aux ordres, notamment celle de Louiza Hanoune et l’arrestation arbitraire et le mandat de dépôt prononcé contre Karim Tabbou sont scandaleux. Le PLD les rejette catégoriquement. Il exige la libération immédiate et sans conditions de ces 2 personnalités politiques ainsi que celles de tous les détenus d’opinions.
Ce système joue avec le feu. Il n’a pas conscience que l’Algérie est une poudrière qui pourrait exploser d’un moment à l’autre. C’est pourquoi la plus grande vigilance doit être observée pour ne pas tomber dans le piège de ses provocations. Mais la pression populaire doit aller crescendo pour exiger le départ définitif du système et la mise en chantier d’une transition démocratique.
Alger le 5 octobre 2019,
Le porte parole du Bureau National du PLD,
Moulay Chentouf.