Vendredi 23 février 2018
Le pouvoir peut supprimer les cantines scolaires mais ne peut instaurer l’impôt sur la fortune!
Il n’y a, apparemment, qu’un seul acquis social intouchable en Algérie, et ce n’est pas celui des classes sociales défavorisées. Bien au contraire. L’impôt sur la fortune, puisque c’est de cela qu’il s’agit, avait pourtant été annoncé en grande pompe, dans l’avant-projet de Loi de finances 2018, et son seuil fixé à 50 millions de dinars (375.248 euros), avant qu’il ne soit vite mis aux oubliettes. Le Premier ministre avait précisé, en octobre dernier, qu’il s’agirait d’une introduction d’un impôt sur la fortune « d’une manière plus directe ».
Grâce à un tour de passe-passe, et à une majorité parlementaire (FLNRND), hostile à son peuple, le projet de loi a été avorté « estimant que l’administration fiscale risque de se heurter à des difficultés en matière d’application sur le terrain de ce nouvel impôt », avait-on avancé du côté des parlementaires nouveaux oligarques pour la plupart.
La décision annoncée par Ahmed Ouyahia, hier jeudi 22 février, devant les parlementaires, de supprimer le financement de l’État aux cantines scolaires et de léguer aux communes la gestion directe, à cause de la « situation financière difficile du pays », montre, si besoin est, que tout ce qui est destiné à aider les plus démunies au pays, peut être sujet à révision voir à suppression, dans l’intérêt suprême du pays bien-entendu !
Ainsi, le Premier ministre voudrait que les communes gèrent en grande partie, les cantines scolaires (18.789 écoles disposant de 15.201 cantines scolaires) et de trouver les financements, vu que légalement, elles ont l’obligation de le faire, et ce, depuis janvier 2018. « Le Premier ministre a souligné que les pouvoirs publics ont mis en place un cadre juridique cohérent régissant la gestion des cantines scolaires, leur entretien et leur contrôle, à travers l’adoption, le 15 janvier 2018, d’un décret exécutif fixant les dispositions appliquées aux cantines scolaires et qui fixe le rôle des communes et des directeurs des écoles primaires. », précise une dépêche APS.
Il ne passe donc pas un jour, sans que le pouvoir en place, qui fait face à une situation financière désastreuse, dont il est le seul responsable, ne tente un nouveau coup de force, afin de supprimer les subventions qui pèsent davantage sur son portefeuille déjà vide et qui ne peut plus contenir une grogne sociale qui monte crescendo.
Il y a quelques jours, le ministre des Finances Abderrahmane Raouia, de Dubaï, avait révélé que les subventions des carburants allaient être supprimées dès 2019, ainsi que d’autres subventions sur des produits de première nécessité, avant qu’Ahmed Ouyahia démente son ministre et ne mette ces révélations sur le registre de la déstabilisation. Déclarations de son ministre, pourtant rapportées, par la très sérieuse agence d’information Reuters.
De toutes les manières, le gouvernement Ouyahia, croit, comme le dit l’adage, que passer par-dessus le petit mur des petites gens, est toujours plus simple, que de sauter le haut mur de ceux qui ont l’argent et dont il fait partie.
Il est effectivement plus simple de s’attaquer à ceux qui ont besoin de semoule, de pain et de lait que de s’attaquer à ceux qui possèdent des yachts, voitures de luxe, villas nanties, piscines creusées ou qui vivent gratuitement, comme des parasites, dans les « réserves » de l’État. Non ceux-là n’ont rien à craindre, les acquis sont fait pour durer, voir se multiplier. Et même qu’ils nous chanteraient, pour avoir osé les contester, comme Ouyahia à Biskra: « anarchistes, anarchistes, anarchistes, … » !