Dimanche 21 janvier 2018
Ahmed Ouyahia, en dribbleur inconsolable
Lors de la conférence de presse tenue en marge du conseil national du RND, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, a eu droit à toutes les questions autour de l’actualité, des attaques de Chakib Khalil à son rappel à l’ordre par la présidence sur le projet de privatisation des entreprises publiques, le patron du RND a usé de la fourberie pour noyer le poisson mort et laisser les nombreux journalistes présents sur leur faim.
Dans le lot de questions sans réponse, une semble particulièrement fâcher le premier ministre à laquelle il a préféré la dérobade. Il s’agit de celle qui a trait au conflit qui oppose le groupe Cevital au directeur du port de Bejaia. Ahmed Ouyahia a répondu avec une gêne qui se lisait sur son visage : «L’affaire est entre les mains du ministre des Transporteurs ». Ah bon !!! Juste avant, le même Ouyahia déclarait être le chef de l’équipe gouvernementale et qu’il n’y à aucune lutte de clans à l’intérieur. Dans ce cas-là, pourquoi laisser traîner un conflit qui dure depuis des années, pourtant, il a déclaré à maintes reprises que Rebrab est un investisseur sérieux qui crée de l’emploi et qui contribue au développement économique du pays ?
Il y a une évidence : Ouyahia ne veut pas fâcher le clan présidentiel qui a entrepris de bloquer les projets de l’homme d’affaires afin de l’affaiblir car celui-ci garde ses distances avec les Bouteflika et refuse de prêter allégeance à la fratrie qui mène le pays a la dérive. Ironie du sort au moment où les autorités algériennes l’empêchent de monter des usines, Issad Rebrab est reçu avec tous les égards comme 140 grands investisseurs par le président français.
En politique comme football, il y a des positions qui mettent hors jeu. Ouyahia, a non seulement été pris en flagrant délit de hors jeu, mais il s’est retrouvé à courir derrière le ballon sorti de la ligne de touche ! Son statut d’éternel valet du régime le handicape et le met sur un perpétuel siège éjectable. Aujourd’hui, tout un chacun est convaincu qu’Ahmed Ouyahia ne décide de rien, il ne fait qu’appliquer les consignes des gardiens du pouvoir, selon un cahier des charges bien élaboré délimité par des lignes qu’il ne devrait pas franchir.
Personne n’a dû s’étonner en entendant le SG du RND déclarer soutenir un cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika et qu’il ne se présentera jamais contre celui-ci. La position est entendue. L’homme est un simple serviteur des puissants de l’heure. Hier il a loué Liamine Zeroual, aujourd’hui Abdelaziz Bouteflika. Les présidents changent, Ouyahia est le même.
Cette conférence de presse sonne comme une oraison funèbre prononcée par le défunt lui-même car, politiquement, ouyahia a été exécuté de la pire des manière et n’attend que son enterrement.
Il a traité Chakib Khalil d’ingrat mais il sait très bien qu’il n’y a pas plus ingrat que le régime qui l’a congédié à deux reprises après avoir géré les sales besognes.
Dans ce climat de fuite en avant où les responsables se jettent la responsabilité, les travailleurs de Cevital ne peuvent compter que sur la mobilisation citoyenne pour arracher leurs droits et préserver leur dignité .
Salim Chaït