Jeudi 9 novembre 2017
Pourquoi le projet SH2030 de Sonatrach ne sera qu’un effort vain (I)
« La Sonatrach, c’est l’Algérie et l’Algérie c’est la Sonatrach », n’arrête pas de marteler Dr Abderrahmane Mebtoul. Historiquement, chaque cadre qui a étudié ou exercé à l’étranger et à qui on confie la charge de la société nationale, commence sans diagnostic, profond et crédible, sur la base d’une simple opinion à lui imposer des critères économiques en violant sa démarche qui reste et demeure primordialement politique. Le résultat, observable d’ailleurs, ne sera que sa fragilisation sur tous les plans.
Ainsi, à en croire la presse, le nouveau PDG, Abdelmoumen Ould Kaddour, qui était en visite à Hassi R’mel lundi dernier devait profiter de l’occasion pour annoncer d’emblée que la nouvelle « stratégie du groupe » pourrait être finalisée avant la fin de l’année. S’agit-il d’une nouvelle feuille de route prête à la mise en œuvre ou un simple projet qu’il soumettra au propriétaire de l’entreprise pour un débat ?
Pour lui, il s’agira de définir d’ici la fin de cette échéance ce que Sonatrach va devenir et avec quels moyens et organisation va-t-elle y parvenir. Il est facile de comprendre par là qu’en un peu plus d’une décennie et avant même que tout le pays mette une stratégie de diversification qu’il peine même à visionner clairement, Abdelmoumen Ould Kaddour, réorientera les objectifs de la mamelle de tous les Algériens pour en faire une entité à sa taille qui respecte « de délais, de coût et de la qualité » des projets. C’est là un concept qu’il maîtrise bien dans sa vie professionnelle antérieure.
Pourtant, l’approche du redéploiement d’une « National Oïl Company (NOC), est devenu un cas d’école. La dernière en date est celle de Saoudi Aramco dont le lifting est éminent si l’on croit les déclarations du prince héritier Mohamed Ben Salmane à l’agence Reuters. D’abord son assainissement a commencé voilà plus de 10 ans pour qu’en 2018, elle rentre en bourse pour une valeur estimée à 2000 milliards de dollars. Pour crédibiliser sa cotation en bourse, elle cédera, 5% de ses actions et à qui ? A celui qui non seulement dispose de l’argent et concurrence les Etats-Unis : la Chine. L’annonce même n’a pas manqué de donner la sueur froide aux grands groupes pétroliers qui font pression sur l’Etat Fédéral pour empêcher ce projet à tout prix, d’ailleurs en vain. La raison est simple, la Saoudi Aramco par son envergure menace l’emprise des réserves des hydrocarbures par les sept sœurs. Mais en parallèle, Mohamed ben Salmane a également évoqué le projet de mégapole de l’Arabie saoudite, un chantier de 500 milliards de dollars que Ryad souhaite également introduire en Bourse. Cette opération s’inscrit aussi dans le cadre de la diversification de l’économie saoudienne, baptisée Neom, cette zone d’activité, qui devrait s’étendre sur 26.500 km2, se déploiera au bord de la mer Rouge, sur trois pays, l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Jordanie. Tout cela se fera sur la même échéance, c’est-à-dire 2030. Ryad espère y attirer des entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables, les biotechnologies et le divertissement et permettre la création de millions d’emplois. Cet exemple devrait inspirer les responsables des grandes entreprises algériennes pour comprendre que la stratégie est globale et n’a aucun effet si elle s’opère par itérations successives pour ne pas l’appeler carrément « essai » Quelles sont les circonstances de la naissance de Sonatrach ? Quelles en sont les étapes de sa décadence ? Et par qui? A suivre
R. R.
Partie II : La restructuration de début 80 a effrité le savoir faire de Sonatrach
Partie III : L’impact du passage de Chakib Khellil à Sonatrach