Il n’est pas en effet possible d’accéder à Brest (Ouest de la France) au canon de Baba Merzoug, puisque situé en zone militaire. Vous vous ferez donc refouler à l’entrée du port et pourrez tout au plus apercevoir le canon à plusieurs centaines de mètres de distance !

A quoi bon dès lors toutes ces questions sur la mémoire, tous ces rapports, alors même que nous n’avons pas un libre accès à la mémoire matérielle, pourtant très riche entre la France et l’Algérie ?

Pensez que le château de Versailles possède trois salles entières, monumentales, consacrées à l’Algérie, quasi systématiquement fermées ou occupées par des expositions qui cachent pourtant des tableaux célèbres de par le monde, à commencer par la prise de la Smalah par Horace Vernet, chef d’oeuvre de l’orientalisme et plus long tableau de son temps.

Il y a comme un tabou inconscient de l’Algérie au niveau du patrimoine, un oubli, une honte. Sans doute à peine 1%, voire moins, de la population de Brest a connaissance de l’existence de ce canon qui faisait partie des trophées de la prise d’Alger.

Ce tabou, cet inconscient, n’est d’ailleurs pas propre au patrimoine, pensez aux études juridiques et à la question de la laïcité, que l’on fait semblant de redécouvrir à l’égard de l’islam depuis les années 1980, alors que pendant près d’un demi-siècle on a systématiquement refusé de l’appliquer en Algérie, malgré les suppliques des Algériens d’alors adressées aux autorités françaises.

Bref, Baba Merzoug n’est que la face émergée d’un inconscient collectif, d’un tabou absolu : l’Algérie.