Ce huit mars, allez-vous mettre mes photos sur les unes de vos journaux ? Débattriez-vous de ma situation sur vos plateaux ? M’offririez-vous des roses et des coquelicots ? Me féliciteriez-vous via les réseaux sociaux ? Me citeriez-vous des versets des cieux afin de prouver que je suis un être humain comme vous ? 

Non, mâles, je veux débattre d’égal à égal et que de vos canons extraire vos balles et de vos bouches vos mots sales qui me font très mal. Et que vous maîtrisiez vos impulsions animales en voyant mes poils. 

Non, ma place n’est pas uniquement entre les marmites et les poêles, je suis capable de piloter les Boeing et les rafales, maîtriser le matériel terrestre et naval. De grâce, garder vos fatwas et vos morales, je ne suis pas l’esprit du mal pour que vous décidiez si je suis Haram ou Halal.  

Non, je ne suis pas sur terre pour vous servir, vous obéir et pour me dévêtir afin de satisfaire vos charnels désirs. Je peux gérer, bâtir, écrire des romances et des satires et comme Dihia régner sur un empire et sans peur tomber en martyre pour ma terre. 

Dans la littérature, je peux être Djebar Assia, dans l’art notre Baya (Fatma Haddad), dans la bravoure lalla Fadma et Hassiba, dans la générosité mère Teresa, dans la conquête de l’espace Valentina Tereshkova…

Mais qui es-tu petit frère pour parler au nom du créateur du ciel et de la terre ? Crois-tu que le respect de la femme, tu ne le dois qu’à ta mère, mais les autres, tu dois les faire taire et les mettre plus bas que terre ? 

Non, pauvre hère, une fois au cimetière, tu ne te soûleras pas avec des verres débordants de vin et de bière entre les bras des houris belles et incendiaires, juste parce que tu m’as fait taire et que tu m’avais déclaré la guerre au nom du maître de l’univers.  

Au lieu de consacrer une journée à la femme, il vaut mieux lui épargner les drames en rangeant ta lame, le venin de ton calame et faire taire les incultes imams et les quidams qui réclament la soumission des filles et des dames. 

Lorsque vous réussirez à effacer ce tableau noir, cesser vos discours accusatoires et vos actes privatoires et condamnatoires, ce jour-là, avec vous, je célébrerai la victoire

Mais aujourd’hui, laissez-moi pleurer mes sœurs violées, violentées, poignardées, immolées, défigurées et lapidées au nom de vos imbécilités et de vos divinités. De grâce, cessez cette hypocrisie.