Samedi 27 février 2021
« Zitoutisme », « Nour-edinnisme », égocentrisme !
Pendant que les dizaines de manifestants battent le pavé, les idées peinent à infuser dans un climat politique délétère.
Au fil des chroniques servies par nos hommes politiques, on remarque un jeu solitaire insolite, en totale opposition de phase avec la solide cohésion affichée par le Hirak à chacune de ses sorties aux quatre coins du pays, depuis deux ans.
De la plupart des contributions mises en ligne par nos opposants de première heure, il se dégage un sentiment bizarre où la formule « l’étincelle qui a déclenché le Hirak c’est Moi qui l’ai provoquée et personne d’autre que Moi ! » s’octroie à excès.
Et, à propos de cette « moi-je-me-mite » qui semble décidément bien incurable, la dernière tribune de Nour-eddine Boukrouh atteint des limites supérieures que l’on croyait pourtant appartenir au passé (*). Jugez-en par vous-même !
Au compteur, le texte « Zitoutisme » nous est servi sous forme d’une multitude d’expressions où la première personne du singulier règne en toute splendeur : 13 fois j’ai ou j’avais, 8 fois « je », 10 fois distribuées entre « moi », « m’ » et « me » ! (Avec un simple clic de souris, ça ne prend pas plus d’une minute pour effectuer ce décompte. Juste pour expliquer à ceux qui ne manqueraient pas de se dire : il n’a que ça à faire !). La première personne du singulier utilisée 31 fois dans un texte d’une centaine de lignes, avouez que cela est une performance en termes d’opinion de soi !
Un peu de retenue bonté divine !
On veut bien croire que dans ces affaires d’empoignades, l’égo prend une dimension à la mesure des années cumulées en combats divers, mais donner l’exemple de sobriété dans le verbe et les envolées lyriques donnerait plus de crédit à ce méli-mélo politique où tout le monde se positionne en frère ennemi de celui qui lui ressemble le plus. Suivez mon regard !
Il est peut-être temps que la vieille garde de notre classe politique, opposants compris, comprenne qu’il serait plus judicieux et sage pour eux de passer le flambeau, en prenant une petite retraite bien méritée. Ali Benflis l’a bien compris. Noureddine Aït Hamouda aussi.
Le Hirak donne des signes de discernement si forts qu’il n’a pas besoin de guide « éclairé » ou d’élite politique avertie pour continuer son combat pacifique ! De ce fait, il ne nécessite pas de tuteur, encore moins de tutelle ! C’est un mouvement aussi libre que l’électron qui se déplace dans un conducteur.
Si l’on n’a pas compris ce postulat, alors on n’a rien compris au Hirak !
Bi-kouli ihtiram,
K. M.
(*)https://lematindalgerie.comde-legocentrisme-lhypertrophie-du-moi