23 novembre 2024
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L’islamisme : la bête immonde du monde capitaliste (1)

TRIBUNE

L’islamisme : la bête immonde du monde capitaliste (1)

L’émergence des frères musulmans est relativement récente. Paradoxalement, mais sans nous étonner, les liminaires phénomènes politiques islamistes sont apparus dans les années 1920-1930, à l’époque de l’émergence, en Europe, des mouvements fascistes et nazis (Italie, Allemagne, Espagne).

À cette période d’émersion de l’islamisme, les frères musulmans étaient principalement actifs en Égypte et en Syrie et, dans une moindre mesure, dans la zone d’influence de ces pays. Les convergences politiques et idéologiques réactionnaires se manifestent ainsi dès cette période.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, notre époque, frappée par une crise économique systémique, voit apparaître les mêmes mouvements réactionnaires à l’œuvre, aussi bien identitaires que religieux.

En cette période de crise économique et institutionnelle systémique, les gouvernants exploitent toutes les tendances réactionnaires et irrationnelles générées par une société marquée par le pessimisme, la décomposition sociale, l’idéologie du non future, le nihilisme.

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Minoritaires jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les mouvements islamistes connaîtront une prodigieuse expansion durant la Guerre froide. De fait, tous les mouvements islamistes contemporains tirent leurs racines de l’organisation des Frères musulmans (Ikhwan al-muslimuun), fondée en Égypte en 1928. Son fondateur, Hassan al-Banna prônait le retour aux sources de l’Islam sunnite orthodoxe, pour libérer le monde musulman de la domination occidentale, avec pour objectif politique l’instauration d’un authentique État islamique (sic).

Aussi, relève-t-on des analogies entre les mouvements islamistes et fascistes et nazis européens : ils se fondent tous sur la pureté des origines, le culte des ancêtres, la glorification d’un prétendu passé mythifié, auréolé de toutes les vertus, non pas morales mais guerrières. Mais aussi, corrélativement, sur le rejet de la «modernité », assimilée à la décadence.

Au reste, le mouvement islamiste, à l’instar du nazisme, dénonce, verbalement, avec virulence, «l’idolâtrie socialiste et capitaliste ». Ces deux forces réactionnaires prêchent une Troisième Voie : axée, pour le nazisme, sur la race érigée en programme exclusif politique du nouveau Reich impérialiste, et, pour l’islamisme, sur la Charia (les lois d’Allah) hissée en principes uniques de gouvernance de la nouvelle Oumma internationale (une tentative illusoire de perpétuer les anciens rapports de production féodaux précapitalistes, en vérité historiquement condamnés à disparaître, tout comme le mode de production capitaliste contemporain est voué à se dissoudre pour laisser place à une société plus évoluée : humaine).

Autre similitude avec les mouvements fascistes : les Frères musulmans prônent la violence terroriste pour accéder au pouvoir, pour combattre leurs « adversaires » politiques.

Les seules urnes qu’ils respectent, ce sont les urnes funèbres dans lesquelles ils enfouissent les cendres de leurs ennemis démocrates éliminés du paysage politique pour apostasie idéologique ou hérésie raciale.

De toute évidence, les Frères musulmans constituent le substrat idéologique de l’islamisme (le substrat économique fondamental étant le mode de production féodal encore prégnant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord), en dépit de l’existence de multiples variantes bandes fondamentalistes islamiques.

Une chose est sûre : les mouvements islamistes ne doivent leur éclosion et leur existence qu’au soutien financier et logistique fourni par les multiples États qui les ont toujours manipulés. La diversité sociale de ces oligarchies nationalistes explique l’hétérogénéité des tendances islamistes réactionnaires. Toutes les organisations islamistes ont été patronnées par les puissances impérialistes et leurs affidés politiques locaux.

Il en est ainsi du Hamas, fondé par Israël pour affaiblir l’OLP. De même, le GIA (Groupe islamiste armé) a été financé par les États-Unis, pour évincer la France de sa chasse gardée algérienne néocoloniale. Pareillement, pour le Hezbollah, les Talibans, Al Qaïda, Daech, etc. Cependant, chacun de ces mouvements a eu son parcours singulier résultant de ses origines sociales et de ses soutiens internationaux.

Sans conteste, les périodes de crise économique systémique, caractérisées par l’obscurcissement de l’avenir et l’obturation de tout progrès, sont propices à l’expansion des tendances ténébreuses irrationnelles, à l’explosion des sectes fondamentalistes, des idéologies apocalyptiques et nihilistes. Et l’islamisme est l’expression de cette inclination nihiliste contemporaine propre au Moyen-Orient néo-colonisé, aujourd’hui en voie de délaissement par les puissances impérialistes en guerre commerciale, engagées dans une politique d’alternative aux énergies fossiles, abondamment produites dans ces régions musulmanes.

Ainsi, en proie à une grave crise économique, le monde musulman se désagrège à grande vitesse. Cette désagrégation favorise toutes les tendances irrationnelles. Aussi n’est-il pas surprenant que l’islamisme emprunte au nazisme ses thèses conspirationnistes sur le complot juif mondial, épouse ses délires antisémites et ses diatribes anti-occidentales, dans sa guerre sainte menée contre le monde occidental accusé de pervertir la « communauté musulmane ».

Au vrai, l’islamisme est l’expression irrationnelle du déclin historique du mode de production capitaliste, parvenu, ces dernières décennies, à ses limites de son expansion, aujourd’hui largement prouvées par son entrée dans une ère de crise économique systémique dramatiquement illustrée actuellement par l’effondrement de son économie et son incapacité à protéger ses populations contre un microscopique virus ; mais aussi par son inaptitude congénitale d’assurer le développement de régions entières du monde, toujours délibérément maintenus dans le sous-développement.

C’est ce sous-développement économique et social qui fonde l’armature idéologique de l’emprise de la religion, en particulier de l’islam, sur des populations écrasées par la misère et brisées par leurs classes dirigeantes, ces potentats féodaux locaux, forts avec leur peuple, faibles avec leurs maîtres.

Pour Marx, c’est le capitalisme qui sape les fondements de la religion. Or, le capitalisme tarde à convertir économiquement ces régions musulmanes à sa religion productive, industrielle, financière, technologique, faute de révolution impulsée par les habitants de ces pays islamiques.

Ces régions stagnent au stade du capitalisme marchand, de l’économie rentière, à l’instar de l’Algérie. Pour assurer leurs rudimentaires besoins, leur flegmatique désert gorgé d’or noir inonde leurs parasitaires trésoreries publiques préposées aux fonctions d’acquisition des biens matériels auprès des « mécréantes » puissances industrielles laborieuses. Et quand la faim se fait fortement sentir, la Mosquée soulage leur misère.

Selon Marx, la religion est « la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu ». Aussi la religion constitue-elle « une conscience erronée du monde, la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable ».

Néanmoins, la religion ce n’est pas simplement une conscience erronée, mais une réponse à l’oppression réelle (mais une réponse inappropriée) : « La détresse religieuses est, d’une part l’expression de la détresse réelle, et, d’autre part la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d’un monde sans-cœur, de même qu’elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole ».

Aussi, l’introduction du capitalisme dans ces régions d’obédience islamique s’étant réalisée tardivement et incomplètement, sans avoir accompli au préalable une quelconque révolution bourgeoise ni développé les forces productives, n’est-il pas surprenant de relever la survivance et la prégnance des vestiges culturels archaïques au sein de ces sociétés dominées par ailleurs par la religion islamique, corollaire du reliquat du mode de production féodale conservateur.

Qui plus est, à l’inverse du monde chrétien européen, le « monde musulman » n’a pas initié un mouvement de sécularisation, l’équivalent d’une révolution des Lumières. Quoique la « galaxie musulmane » ait intégré le marché mondial capitaliste comme partenaire commercial, elle demeure toujours un glacis de la réaction cultuelle, toujours arc-boutée à certaines structures précapitalistes, notamment ses reliquats identitaires religieux fanatiquement sacralisés.

Certes le Dieu-argent occidental s’est largement implanté dans ces régions paupérisées, mais le Dieu musulman n’a pas encore été détrôné de son règne.

Quelles que soient leurs affiliations théologiques islamiques, sunnites ou chiites, les mouvances islamistes ne s’opposent aucunement au capitalisme : elles font partie intégrante de l’échiquier mondial impérialiste, réduites au rôle de simples pions utilisés par les différentes puissances dans leurs affrontements géopolitiques.

De surcroît, ces bandes islamistes, civiles ou armées, sont liées aux réseaux de la criminalité internationale. En effet, elles sont impliquées dans le commerce des armes, le trafic humain, la drogue et la criminalité protéiforme capitaliste. ( suivre)

Auteur
Khider Mesloub

 




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