24 novembre 2024
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Le point zéro de la révolution

TRIBUNE

Le point zéro de la révolution

Le pouvoir algérien est toujours en attente des excuses de la France pour avancer comme si tout tenait à cela. Il ne manque rien, il y a juste ce problème d’excuses pour le passé colonial de l’Hexagone qui grippe la machine de l’Etat pour que tout soit rentré dans l’ordre. 

Dans un double entretien accordé à la fois aux quotidiens Liberté et L’Opinion le 14 juillet, jour de fête nationale française (hasard du calendrier ou calcul ? On n’en sait rien) coïncidant ainsi avec l’interview d’Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune accrochant son mandat aux excuses de la France revient sur la question de la mémoire. C’est bien évidemment le sujet préféré du pouvoir afin de masquer la réalité économique et sociale des Algériens, la gestion catastrophique de la crise sanitaire et la réalité du Hirak qui est toujours là en sommeil à cause de la crise du Covid-19. 

 Au lieu de répondre aux demandes pressantes et actuelles du peuple algérien, notamment l’accès au soin et à l’emploi et de permettre la transition démocratique dans l’ordre qui est une des revendications essentielles du Hirak, le président désigné par les vrais décideurs dépoussière le projet mémoriel déposé par son prédécesseur auprès de l’Elysée et en attente de satisfaction.  Il avait ainsi déclaré au quotidien de droite française L’Opinion que « l’Algérie est incontournable pour la France ». Mais tout conduit à penser que ce n’est pas le cas pour la France. 

Si ce projet est la priorité politique du pouvoir algérien afin de masquer les vraies priorités qui demandent urgemment la prise en charge par l’Etat, cependant  il ne semble pas être le cas pour le président français souhaitant relancer son quinquennat en tentant de répondre aux préoccupations réelles des Français. D’ailleurs, à aucun moment Emmanuel Macron n’avait déclaré dans son interview que l’Algérie était incontournable pour la France, il s’est plutôt concentré sur comment relancer l’économie de son pays après la crise et sur les défis actuels auxquels est confrontée la France. C’est là la différence entre un président élu orientant son action vers l’avenir et un président désigné et en défaut de légitimité tourné vers le passé.

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 Tandis qu’Emmanuel Macron à l’occasion de la fête nationale du 14 juillet met sur la table un plan de relance économique de 100 milliards d’euros en répondant à des questions des journalistes français sur des problématiques qui préoccupent les Français et trace des objectifs pour la France, Abdelmadjid Teboune 7 mois après sa désignation par les généraux met sur la table le projet mémoriel pour relancer le pays.  On voit là  un décalage fondamental entre un président tourné vers l’avenir et prenant à bras le corps le présent et un président sans peuple en défaut de légitimité tourné vers le passé à la recherche du temps perdu pour reprendre un titre du roman de Proust.

Le premier ayant le pouvoir entre les mains met sur la table 100 milliards pour changer le quotidien des Français et relancer l’économie, l’autre subissant, en mal d’imagination et de perspective, met sur la table un projet mémoriel pour manipuler l’opinion publique et justifier son mandat.

Or, concrètement, admettons que demain la France fasse des excuses à l’Algérie, et en plus, elle ne les ferait pas, qu’est-ce que ça changerait dans le quotidien des Algériens qui n’ont même pas un lit à l’hôpital pour se soigner ?

Que ferait un malade du Covid en train de mourir à l’hôpital dépourvu du moindre équipement médical des excuses de la France ?  Que feraient des excuses de Macron des médecins et le personnel médical en général en manque de moyens pour soigner les malades ?

Que gagneraient les haragas sur les barques de la mort fuyant votre Algérie-prison Monsieur le président désigné des excuses de la France ? Que feraient-ils les détenus privés de leurs libertés et du droit à leur famille des excuses de la France ? Que feraient ces femmes malmenées par la police et les juges serviles par les excuses de la France ? En quoi ça va faire changer le quotidien des 20 millions, voire plus des Algériens qui vous défient dans la rue ?

Le pouvoir est toujours à l’envers du peuple ! Lorsque le peuple l’interrogeait sur son histoire, car il ne l’a trouvée nulle part, le pouvoir lui parlait du socialisme rentier, de l’islamisme rampant, du panarabisme, le système en place depuis 1962 a tout fait et tout essayé pour le désorienter et l’égarer dans sa quête de soi. Ignorant son algérianité, son amazighité.

Le peuple algérien s’est réconcilié avec son histoire en se la réapppropriant. Les Algériens sont tournés vers la construction de leur État et de leur nation, ils n’attendent rien de la France ni encore moins de vous. Ils veulent juste que la France les laisse tranquilles et que vous leur restituiez le pouvoir pour reconstruire leur pays sereinement, pacifiquement, solidairement, dans l’amour et l’amitié en redonnant du sourire et de l’espoir à chacune et chacun.

Auteur
Omar Tarmelit   

 




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