25 avril 2024
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En finir avec le pouvoir et barrer la route aux islamistes

TRIBUNE

En finir avec le pouvoir et barrer la route aux islamistes

Tout un défi qui divise l’opinion. D’un côté, ceux qui ont accueilli l’idée avec enthousiasme, pour enfin la débattre, et de l’autre, ceux qui sont contre et ils refusent discuter à l’heure actuelle sur un sujet qui semble les gêner. 

Il suffit que Said Sadi parle de la menace islamiste, suivi quelques jours plus tard, par Meziane Abbane qu’une agitation politique enflamme les réseaux sociaux et les médias. Ils ont abordé une question pertinente pour clarifier le climat politique, la double rupture dont ils font une question fondamentale, insistent que c’est une proposition politique pour sécuriser la révolution et garantir un État démocratique. 

En revanche, d’autres qui s’imaginent les circonvenir avec ce schéma politique, affirment de ne pas idéologiser le débat sinon il y a un risque de diviser le Hirak. Néanmoins l’argument avancé y va dans le sens du nihilisme et de la suspicion. 

Mais il reste ceux qui réfutent l’idée d’une manière catégorique, d’un coup, ils ont laissé leurs préoccupations habituelles pour s’occuper d’un cas qui semble les déranger? Une sorte de frénésie qui a même réveillé les vieux démons. Ont-ils des choses à se reprocher ces acteurs qui se sont précipités à maintenir l’opinion à l’étape d’un hirak tout court ? Y a-t-il un problème de compréhension d’un sujet qui nécessite une intervention immédiate pour éviter des malentendus? 

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Toutes ses questions immédiates qui viennent à l’esprit méritent d’être posées pour clarifier l’opinion.

D’abord, pour ne pas perdre de vue l’objectif essentiel du citoyen, l’auteur principal de la révolution, qui est d’imposer un changement radical. Il le réclame sans détour au pouvoir, aux différents acteurs politiques, aux intellectuels et à d’autres qui auront des rôles prépondérants à jouer pour satisfaire cette exigence.

Respectivement, le pouvoir doit partir, les partis politiques doivent cesser d’exister en tant que structures reconnues par ce pouvoir et remettre les compteurs à zéro, les intellectuels doivent offrir leurs services à la nation pour édifier un État de droit. Pour les autres,  que ce  soient les journalistes, les opérateurs économiques, les organisations scientifiques, sportives, culturelles, les syndicats sont appelés à coopérer et s’impliquer pour réussir ce projet. 

Mais sur le terrain, tout bien pesé, c’est le contraire qui est en train de se faire. En effet, il existe un déphasage entre les demandes du citoyen et les répliques des autres. Le pouvoir est inaudible, il refuse de céder, il méprise le peuple et refuse de partir. Les partis politiques ont investi la révolution dans le but de la récupérer à leur avantage. Ils font tout simplement du populisme sans retenue.

Les intellectuels ont déserté le débat pour laisser toute la place aux blogueurs et aux animateurs des réseaux sociaux qui font la pluie et le beau temps sur nos jeunes. Et les autres (journalistes, opérateurs, etc.) sont devenus des agents et des structures pour maintenir le pouvoir en place. 

En désignant ces quatre entités qui travaillent tout en défaveur de l’avenir politique et social de l’Algérie et de ces citoyens, leur influence sur l’évolution de la situation est une réelle préoccupation.

L’autre inquiétude qui s’ajoute, ceux qui ont proposé l’ordre de priorité pour la lutte : « Finissant avec le pouvoir, et après c’est simple, on discutera entre nous ! ». Non, cela ne sera jamais simple, au contraire c’est un piège tendu contre le projet républicain. L’exemple type pour en tirer des enseignements utiles sur ce procédé de lutte est la révolution menée contre la France coloniale. 

Abane Ramdane, dans le cadre du congrès de la Soummam, avait mis en place des mécanismes et des textes dans une perspective d’avenir afin d’assurer un destin républicain à la future nation algérienne. En août 1956, c’est-à-dire 6 ans avant l’indépendance. On peut lire cet extrait de la plateforme de la Soummam : « La révolution algérienne veut conquérir l’indépendance nationale pour installer une république démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens de la même nation, sans discrimination ». 

Malheureusement, le projet n’a pas abouti, à cause des conservateurs qui ont renié cet engagement. À l’indépendance, la République démocratique promise n’est finalement que chimère, c’est sous un régime autoritaire et militaire que les Algériens ont continué à vivre après celui du colonialisme.   

Rééditer une autre mauvaise expérience pour vivre sous un régime théocratique est un danger auquel le courant républicain alerte.    

Si la révolution est en phase du succès, cela aboutirait à éliminer en premier le pouvoir, et ensuite inévitablement les islamistes. Les deux ont contribué, chacun à sa manière, à la faille de l’État. En assumant ce point de vue, depuis 1962, les pouvoirs politiques successifs préfabriqués par les militaires ont toujours pris des mauvaises décisions qui ont détruit notre économie et le filet social, ensuite les religieux qui ont détruit la société par des fléaux idéologiques importés de l’orient, et les premières victimes : la jeunesse et les femmes. 

Donc, les responsables des dégâts sont connus : le pouvoir et les islamistes. Ces derniers sont conscients que tôt au tard ils seront auditionnés par la société dirigée par un État de droit un et jugés par l’Histoire. Donc, leur avenir dépendra des actions à mener aujourd’hui. Leur schéma politique démasqué par Dr Sadi, appuyé par Meziane Abane a suscité en eux une forme de panique. 

Ces deux derniers, en plus d’alerter l’opinion sur le danger des islamistes, ils réclament l’ouverture du débat pour discuter des préalables démocratiques et la transition politique.  Deux principes fondamentaux pour garantir une République démocratique. La tâche est difficile, mais elle est indispensable.

Si nous avons privilégié la solution tunisienne, peut-être, les choses auraient pris une autre tournure que cette agitation animée par ceux qui refusent le débat. 

Peut-on dire aussi à l’heure actuelle que les citoyens sont plus aptes à mener la révolution et moins bien préparés pour l’organiser ? 

Auteur
Mahfoudh Messaoudene

 




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