23 novembre 2024
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La belle aventure du peuple défie les aventuriers de la régression féconde

TRIBUNE

La belle aventure du peuple défie les aventuriers de la régression féconde

22 février de l’an 2019, jamais soleil ne fut si lumineux et si doux. Les rues jusque-là interdites à l’espoir, furent envahies par une marée humaine peinte aux couleurs de l’histoire.

Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes ont patienté, attendant que leur colère transformée en orage perce les nuages. L’eau libérée de la pluie arrosa alors une terre assoiffée de dignité. Ailleurs, dans leurs citadelles, les occupants étaient sourds au joyeux vacarme qui annonçait la naissance d’un printemps précoce. Cette naissance a fait du moindre village un lieu où résonne le cœur battant de tout un peuple (1). Le ciel se couvrit alors d’étoiles dont la reine Nedjma servait de boussole.

Pareil événement a surpris les aventuriers de la régression féconde (2) qui voyaient dans ce peuple une quantité négligeable (ghachi). Depuis le 22 février, ces zombis se taisent, eux qui vociféraient contre lui en le traitant de ghachi, de populace et autres vocables méprisant qui trahissaient en vérité leurs idées moisies incapables de comprendre l’histoire et impuissantes à freiner la marche du temps.

Que n’avons-nous pas entendu sur ce peuple ? Il somnole, il hiberne, il se laisse berner, que sais-je encore ! Pourtant depuis 1962, que de batailles livrées, de résistances soutenues, de massacres subis, d’émeutes répétées, d’exil imposé !

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Les ignorants pensent que l’histoire obéit à leur hystérie et à leurs petits désirs. L’histoire est un enfant du temps long qui nourrit l’intelligence politique d’un peuple. Et celui de l’Algérie composé aujourd’hui majoritairement de jeunes a repris le flambeau dont la flamme était entretenue par cette myriade de résistances et d’émeutes parfois spectaculaires, souvent oubliées mais néanmoins pourvoyeuses de dignité, d’unité et de civilité. Le 22 février le peuple s’est réapproprié l’espace public en étonnant le monde.

Aujourd’hui, l’émergence d’un autre paysage a ouvert la voie vers un horizon où tout doit être pensé en partant de la souveraineté populaire. Souveraineté jusque-là mise à mal, que dis-je ignorée et dont le résultat de cette entreprise n’est que ruines et déprimes. Puissions-nous en empruntant ce nouveau chemin, maitriser l’intelligence de l’histoire pour que le pays ne soit pas frustré une nouvelle fois de cet espoir attendu d’une révolution par le peuple et pour le peuple’’. Alors, nous chasserons les angoisses qui troublent nos nuits et nous pourrons dire ensuite adieu à une partie de nos ennuis. Les larmes ne brûleront plus les yeux des parents et dont les cœurs palpiteront quand ils verront le sourire de leurs enfants. Le flot continue des manifestants depuis le 22 février dans nos rues est le fruit de cette intelligence politique d’un peuple qui se saisit de l’intelligence de l’histoire pour avancer…

Alors les aventuriers des ténèbres, avec vos notions creuses comme des citrouilles, du balaie, allez faire votre cuisine indigeste ailleurs. Pas dans le pays dont l’histoire est plus grande que nos rêves (Jean Sénac).

A. A.

Notes

(1) Dans la rue le peuple défend ses droits.

      Dans les palais on s’entredéchire.

    El hogra se rappelle aux courtisans apeurés.

(2) Régression féconde et ‘’ghachi’’, à plusieurs reprises ici et ailleurs j’ai exprimé ma colère contre le contenu à la foi méprisant et médiocre de ces deux notions ‘’médiatisées’’ par deux membres d’une certaine ‘’élite’’. L’un formé à la logique de la sociologie à l’américaine, l’autre à la ‘’philosophie’’ du juste milieu.

Auteur
Ali Akika, cinéaste

 




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