25 novembre 2024
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Talaie El Hourriyet : « La confusion générale règne au sommet de l’État »

L’IMPLACABLE DIAGNOSTIC

Talaie El Hourriyet : « La confusion générale règne au sommet de l’État »

A l’issue de sa réunion samedi 24 novembre, le Bureau politique de Talaie El Hourriyet a rendu public un communiqué particulièrement implacable sur la situation générale du pays. Extraits :

« Le Bureau politique a noté la confusion générale qui règne au sommet de l’État, marquée par la lutte entre des centres de décision au sein de la même famille politique, des dérives institutionnelles, l’instrumentalisation de la justice dans des règlements de compte et le piétinement de dispositions constitutionnelles et législatives.

Il a noté, également, le relâchement de la discipline, de la solidarité et de la cohésion gouvernementales, de graves accusations entre membres du gouvernement, des déclarations et décisions contradictoires sur les mêmes thématiques, des décisions hégémoniques de l’exécutif sur le législatif, le judiciaire et toutes les institutions de l’Etat, sans que le « donneur d’ordre » en dernière instance soit identifié et une gestion « à la dérive » des affaires publiques, où le citoyen est maintenu totalement dans l’ignorance de ce qui se trame dans les arcanes du Pouvoir politique.

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Chaque jour apporte son lot de « ratés » au sein du système, des signes de l’état de déliquescence dans lequel se trouve la plupart des institutions du pays.

Tout ce remue-ménage sur la scène politique nationale a comme toile de fond une lutte ouverte entre différents centres du pouvoir politique, et des forces extra-constitutionnelles, pour influer sur la prochaine échéance électorale.

Ni l’impasse politique, ni la crise économique qui gagnent en complexité, ne semblent assez graves, aux yeux du pouvoir politique en place, accaparé obsessionnellement par l’échéance 2019 qu’il considère comme une simple formalité pour perpétuer la situation du statu quo qui assure la pérennité du régime politique, au point où il semble que les élections ne concernent que le pouvoir politique en place, les autres forces politiques devant servir de décor. De même, dans tous les scenarios qui s’élaborent au sommet, le peuple souverain est totalement ignoré.

Les appels de partis d’opposition et de personnalités politiques nationales pour l’ouverture d’un dialogue politique national pour une sortie de crise consensuelle, n’ont pas encore pu infléchir l’obstination et l’entêtement du pouvoir politique en place à suivre sa feuille de route qui mènera le pays vers l’inconnu.

Les partisans de la prétendue « continuité » s’affairent à préparer le coup de force planifié contre la volonté populaire pour donner un nouveau sursis à un régime politique finissant qui n’hésite pas à jouer le destin de tout un pays pour sauvegarder des intérêts claniques occultes .

Le Bureau politique s’est demandé de quelle continuité peut se prévaloir le pouvoir politique en place et ses supports ? La continuité dans l’échec, dans le statu quo handicapant, dans la régression ? Celle de la déprédation des richesses, de la déstructuration de la société, de la corruption généralisée, des scandales politico-financiers et de l’impunité ? Celle de l’exode de milliers de femmes et d’hommes ? Celle des difficultés que connaissent l’école et l’Université, de la dégradation du système de santé, de la harga qui prend des proportions inquiétantes ? Celle de la répression des mouvements sociaux ? Celle des atteintes aux droits et libertés des citoyens et de la fermeture hermétique du champ politique ? Celle du musellement de la presse ?

Le Bureau politique a, de nouveau, exprimé son inquiétude face à la vague d’arrestations qui a, récemment, touché des journalistes, des blogueurs, des artistes pour faire taire toute voix critique du projet funeste du statu quo et condamne le recours abusif et injustifié à la détention provisoire préventive et aux peines d’emprisonnement pour des délits de presse.

La place des journalistes n’est pas dans les geôles, ni dans les prisons, ni dans le box des accusés !

Le Bureau politique a, par ailleurs, condamné, le recours injustifié à la force à l’encontre du rassemblement et de « la marche pacifique pour les Libertés » organisés, à Bejaia, le 20 novembre courant, et constate que les autorités se font encore plus répressives à mesure que s’approche l’échéance électorale de 2019 alors que le droit à manifester pacifiquement est garanti par la Constitution. (…)

 

La loi de finances ne repose sur aucune stratégie économique

Examinant la situation économique qui prévaut dans notre pays, l’attention du Bureau politique a été retenue par le peu d’intérêt accordé par les députés de la « majorité » au projet de loi de finances 2019 et la manière expéditive avec laquelle il a été « approuvé » par une Assemblée législative plus que jamais en manque de légitimité après le coup de force mené contre son Président.

Pour le Bureau politique, la Loi de finances 2019 appelle les commentaires suivants :

– elle ne repose sur aucune stratégie économique et financière à court, moyen et à long termes, l’objectif étant de passer le guet électoral,

– elle avantage le budget de fonctionnement qui augmente de 18% au détriment du budget d’équipement, qui baisse de 10,9%, avec le maintien du gel de grands projets structurants,

– elle ne contient aucune mesure concrète pour lutter contre l’évasion et la fraude fiscales et aucune mesure de lutte contre la corruption et de régulation de l’informel,

– elle reflète un manque de volonté politique d’engager des réformes et de rationaliser les dépenses publiques, notamment la réduction du train de vie de l’Etat,

– elle maintient la gestion opaque des comptes d’affectation spéciale, en violation des recommandations de la Cour des comptes.

– elle ne prévoit aucune mesure d’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen considérablement érodé,

– elle ne comporte aucune stratégie de lutte contre le chômage ; avec l’ouverture de seulement 18 000 postes de travail budgétisés pour 2019 dans quatre secteurs : l’intérieur et les collectivités locales, la santé, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur alors que ces quatre secteurs totalisent un besoin global de 100.000 postes de travail, au moment même où une instruction du gouvernement portant sur le non-remplacement des fonctionnaires admis à la retraite alimente grandement le chômage,

– elle n’alloue au secteur de l’habitat que 52% des crédits de paiement demandés pour le prochain exercice alors que le gouvernement prévoit de poursuivre la cadence de réalisation de logements aidés, sous différentes formules, prenant le risque de bloquer des chantiers pour défaut de financement, entrainant des faillites d’entreprises et des licenciements de travailleurs.

Fortement influencée par la prochaine échéance électorale, la loi de finances 2019 sera de nature à aggraver les problèmes en différant les solutions. Qu’importe pour le pouvoir politique en place si les Algériens découvrent la dure réalité en 2020 avec des indicateurs très alarmants en termes de croissance, d’inflation, de chômage, des équilibres financiers extérieurs encore plus fragilisés avec un niveau des réserves de change en chute libre et une monnaie nationale à la dérive.

Pour un seul front pour  sortir l’Algérie de la crise

(…) Le Bureau politique a partagé l’appel du président du parti à un véritable sursaut patriotique, un devoir de tous les patriotes, présents dans toutes les institutions de l’Etat, dans tous les courants politiques, au sein de l’opposition dans sa diversité, des personnalités politiques nationales, de former un seul front pour sortir l’Algérie de la crise, au-delà des intérêts partisans, des considérations idéologiques, des aspirations catégorielles, par un dialogue inclusif global pour une solution politique consensuelle.

Le Bureau politique estime, également, du devoir du pouvoir politique en place lui-même, de s’inscrire dans un processus de sortie de crise consensuel pour sortir le pays de l’impasse politique paralysante et éviter au pays la crainte de l’explosion sociale que beaucoup d’acteurs politiques jugent déjà inéluctable.

Le Président du parti a renouvelé le soutien et la solidarité du parti à tous ceux qui revendiquent pacifiquement le droit à la liberté d’expression, les droits et libertés citoyens, à ceux qui manifestent les droits socio-professionnels, qui manifestent contre l’abus de droit dans toutes ses formes, à tous ceux qui demandent le droit à une vie digne après une vie de travail et de labeur et une jeunesse au service de leur patrie, aux nombreux compatriotes qui vivent une situation d’infra-citoyen et revendiquent le droit d’accès aux commodités de base, à ces jeunes victimes de l’échec de la politique de l’emploi qui visait beaucoup plus la paix sociale que l’ouverture de véritables perspectives pour les jeunes, qui se retrouvent seuls, désemparés, face aux pressions des banques et aux poursuites des tribunaux ; et exprimé sa compréhension de ce qui pousse nos fils à l’aventure périlleuse de la harga à la recherche, sous d’autres cieux de ce que leur pays ne leur a pas donné .

A cet égard, le Bureau politique s’incline à la mémoire des jeunes qui ont perdu leur vie dans les eaux de la Méditerranée et présente les condoléances de Talaie El Hourriyet à leurs familles et leurs proches. Il considère qu’il est du devoir des autorités nationales de prendre les mesures nécessaires et de mobiliser les moyens pour la recherche des disparus et le rapatriement des dépouilles des victimes.

 




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