24 novembre 2024
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Des devoirs de vacances pour nos ministres !

Regard

Des devoirs de vacances pour nos ministres !

Les membres du gouvernement se contenteront cette année de congés au format japonais. Ils ne bénéficieront que d’une courte pause estivale. 

Pour le président de la République, le premier ministre et le gouvernement, les vacances sont, quasiment, réduites à leurs portions congrues ! Deux semaines pour les ministres et une seule semaine pour le premier ministre et le président.
Le premier ministre promet, quant à lui, de rester «en vigilance » et compte imposer des vacances « minimalistes » pour ses ministres. Il s’emploie, déjà, à convaincre son équipe de ne pas s’éclipser trop longtemps. «Ne pars pas en vacances », aurait-il déjà écrit à plusieurs de ses ministres. Tous les membres du gouvernement ont été priés de rester « joignables et mobilisables » et si possible, à moins de deux heures de la capitale !Image retirée.

Chacun aussi devra avoir en tête «une rentrée chargée en défis, et intense, avec des sujets aussi majeurs pour les citoyens que la réforme des retraites, qui doit être présentée au conseil des ministres dès le 18 septembre, le financement de la protection sociale, l’assainissement des finances publiques, mais aussi la réforme de la formation professionnelle».       

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Le président de la République a demandé, par ailleurs, à chacun de ses ministres, de se pencher, pendant l’été, sur la thématique “le pays, à l’horizon 2023″ et de lui faire des propositions en conséquence.

«Ça va vous faire des devoirs de vacances ! », aurait-il plaisanté à l’issue du dernier conseil des ministres qu’il avait présidé.     

«Des devoirs, on savait qu’on en avait, des vacances, on ne savait pas !», aurait lancé, avec humour, l’un des ministres proches du président de la République.

Crevés, les ministres ? Ils sont plusieurs, -tous en off-, à regretter de ne pas pouvoir profiter d’une pause plus marquée. On n’est pas des surhommes, encore moins des mécaniques, aurait  soufflé l’un d’eux !

Il faudra pourtant se contenter du minimum de vacances et si possible, rester au pays, a affirmé le président de la République. 
Mais pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de faire aussi sobre pour ses vacances ?  Il y a, au moins, deux raisons à cela :

La première, c’est que les années précédentes, les ministres ont donné le sentiment qu’ils ne démarraient pas assez vite après leur nomination et la formation du gouvernement ; donc ça a cassé une dynamique ! 

Et la deuxième raison, c’est qu’en période de crise, on ne va pas, évidemment, étaler sa richesse ; qu’il y ait une mise en scène de la cohérence entre le gouvernement et la société qui souffre, semble quelque chose de normal. Et puis le chômage lui, il ne part pas en vacances. 
Ces ministres qui râlent en off, bombent, en public, le torse pour dire à l’unisson : «nous ne pouvons pas nous plaindre, nous avons été appelés à une tâche difficile et nous considérons que c’est un honneur que de servir le pays.»

Comment aussi les ministres, vont il passer leurs vacances ?

Le ministre de l’industrie a dit qu’il allait se consacrer à l’écriture et entamer le troisième chapitre, de son nouveau livre. 
Celui de l’agriculture pour sa part, prendra des vacances « dans son patelin », avec un ouvrage de l’historien Fernand Braudel, sous le bras. 
Tel autre, occupera le terrain médiatique, par des interviews et des communiqués qu’il postera sur son blog. 

Avec tout ça, un ministre, parmi les plus diserts, a refusé de se dire « crevé », au risque d’être traité de fayot par les autres membres du gouvernement, il s’appliquera lui aussi à occuper le terrain, à travers d’incessants déplacements dans le pays profond. Ce même ministre a ajouté en souriant : « Toutes ces spéculations sur les vacances des ministres font sourire. C’est quand même la gauche, qui a inventé les congés payés ! C’est un comble », ajoute-t-il. 

Vous me semblez surpris amis lecteurs ! vous pensez vraiment qu’il s’agissait de nos ministres ? Que nenni ! Ce sont de ceux de « Fafa », qui se sont exprimés dans leurs journaux, pour livrer leurs sentiments sur les restrictions qui leurs ont été imposées par leur président, en matière de vacances, et « les devoirs studieux » qui leurs ont été assignés par ce même président. 

Et puis, franchement, si un de nos ministres, pendant ses vacances, s’attaquerait au 3e chapitre de son livre, ça se saurait, d’autant plus que ça serait, totalement, inédit ! 

Les nôtres, j’y viens ! Comme leurs collègues d’Outre-mer, ils piaffaient d’impatience « de décrocher » de leurs bureaux et d’aller faire trempette dans des lieux paradisiaques pour sortir de la monotonie du Club des Pins et de Moretti ! 
       
A en croire des sources sûres, beaucoup d’entre eux, n’ont pu programmer des vacances avec leurs familles, selon quelques indiscrétions  recueillies, avant que le président n’intervienne, pour semble-t-il, mettre fin au  suspense : 15 jours pour tous les membres du gouvernement !

Le premier ministre Ahmed Ouyahia, a clairement fait savoir  qu’il ne comptait pas prendre de congé personnellement, pour  préparer la rentrée sociale  qui s’annonce des plus chaudes.

Va-t-il pour autant assigner des devoirs de vacances aux membres de son exécutif ?

En la matière, il y a à faire. Le ministre de l’intérieur et des collectivités locales, Noureddine Bedoui, doit par exemple trouver les moyens pour mettre fin aux incivilités sur les plages et les parkings sauvages et surtout nommer des responsables capables d’exécuter ses directives. Il s’est, d’ailleurs, très vite attelé à la tâche en préparant un mouvement dans les rangs des walis, ceux notamment qui ont été défaillants dans la gestion des revendications des populations des zones du sud du pays et des contestations qui s’en suivirent.        

Le ministre de la justice, lui aussi, est aussi concerné  par les affaires liées à l’ordre public et dans ce qu’il doit préparer comme «ressources humaines » aptes à cerner les affaires de corruption, notamment.       

L’Education, la Santé et aussi, les Postes et Télécommunication sont des secteurs en crise depuis longtemps déjà et dont les responsables doivent apporter les réponses adéquates aux revendications de leurs travailleurs, au risque de voir le front social s’exacerber davantage. 

Le ministre des affaires religieuses n’est pas en reste, lui dont le département «ferme ses portes» en juillet, août mais aussi les mois qui suivent pour cause de «Hadj » et du départ de tous ses cadres en Arabie Saoudite. Pourtant il a à faire avec cette montée des « Salafistes » qu’il faut contenir.     

Que dire aussi du ministre du Tourisme qui n’essaye même pas de mettre à profit les crises sévissant en Egypte et en Tunisie, pour réajuster, en conséquence sa politique touristique : ne dit-on pas «Maçayeb qom inda qom akhar Faouaid »? Ou celui de l’habitat, qui gagnerait à s’occuper de la Ville, maintenant que les classements mondiaux nous font porter les « Bonnets d’ânes » !
Le ministre des sports qui est aussi celui de la jeunesse, faut-il le lui rappeler,  devra aussi affiner sa stratégie en la matière maintenant qu’une étude réalisée par un cabinet conseil américain a fait ressortir que 84% des jeunes algériens interrogés sont prêts à s’expatrier si un emploi a l’étranger leur est garanti ! De quoi l’interpeller lui et l’ensemble du gouvernement auquel il appartient.

Le ministre de l’enseignement supérieur soutenait que l’université algérienne n’a pas besoin de prix Nobel. N’ayant pas mesuré l’absurdité et le ridicule de ses propos, il gagnerait à investir dans la recherche, lui qui s’est contenté, jusqu’à maintenant, de gérer uniquement  les flux d’étudiants !

Celui de la culture devra quant à lui expliquer comment il compte  mettre en pratique sa déclaration par laquelle il a affirmé haut et fort que « l’Etat est présent et qu’il ne tolérera pas de désert culturel en Algérie ».

Le Commerce enfin, dont il est attendu une intervention ferme, pour mettre fin aux hausses vertigineuses des prix  des viandes blanches et rouges, et autres fruits et légumes ! l’envolée inexpliquée des prix laisse conclure que sa médication prônée le ramadhan passé est totalement inopérante tout comme celle du ministre de l’agriculture qui est interpelé sur l’argument de l’offre et de la demande pour la simple raison qu’il est irrecevable, le pays n’étant en situation de sécheresse et la production abondante. Y compris en ce qui concerne les moutons à sacrifier pendant l’aïd.  
Ahmed Ouyahia, en toute responsabilité, a tranché : pas de congé pour lui  est ses proches collaborateurs ; dans la conjoncture actuelle, ce type de sacrifice risque soit de lasser, soit de susciter la critique. 
Il risque de lasser, car déjà entendu les exercices précédents. Et puis présenter l’idée de «  s’arrêter de travailler »comme un mal, comme quelque chose de négatif est incongrue pour ne pas dire démagogique. Il ne suffit pas de jouer aux «  besogneux » pour monter dans l’estime de la population et puis, à contrario, on ne voit pas en quoi le fait d’empêcher, en pratique, les autres de se reposer va améliorer la gestion du pays. 

Il risque, aussi, de susciter la critique car beaucoup seront enclins de dire, si les résultats ne sont pas là, qu’il ne s’agit que de «gesticulations» et «d’enfumage». 
A moins que le premier ministre n’ait décidé de maintenir quelques responsables en place, en perspective d’un changement qu’on dit imminent, ce qui serait de nature à faciliter « les passations de pouvoir ».

Pour l’heure, il n’y a plus de temps à perdre, en matière : 

      – d’économie nationale qui se caractérise, encore, par l’absence de l’Etat, en tant que régulateur du marché. 

– d’encouragement de l’investissement privé national, de stimulateur des I.D.E, de mise en place d’un réseau dynamique de P.M.E P.M.I, de lutte contre l’économie informelle, de l’économie de l’import-import, de celle qui est à l’origine de l’hémorragie des devises. 

– de réforme des finances et de la fiscalité locales à même de dynamiser les collectivités locales et, notamment, toutes ces communes moribondes qui ne survivent que grâce «aux subsides » du FCCL. 

– du mode de fonctionnement des attitudes acquises et des comportements quotidiens de l’administration, centrale et locale, prise en otage par ceux se croyant indétrônables, du fait de leurs soutiens, souvent familiaux, ou de leur appartenance à une corporation qui se veut élitiste  

– de communication, tout azimut, pour régler tous ces conflits, qui montent en puissance, faute d’écoute, d’absence de politique de proximité et de prise en charge adéquates.  

Franchement, qui pense à laisser son maroquin vacant et aller en farniente, alors que les clignotants aux frontières, sont en mode warning ? Parler donc de vacances à ce niveau frôle l’insouciance voire l’indécence.
 

Auteur
Cherif Ali

 




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