Mercredi 7 février 2018
Pourquoi l’initiative de Tliba dérange le clan Bouteflika
Baha Eddine Tliba a-t-il pris de court son propre cercle en annonçant la formation d’un comité de soutien à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat ? A-t-il fait cavalier seul, où sert-il un agenda particulier ? Le député d’Annaba, n’a sûrement pas agi seul, d’autant plus qu’il a sorti de l’anonymat, certaines figures que l’on pensait enterrées à jamais, tel que Belkhadem, Saadani ou autre Sellal.
Et même si quelques personnalités de sa liste se sont, depuis, démarquées publiquement de cette initiative, émettant, comme Sellal ou Belkhadem, des démentis, à travers différents canaux, il reste que le projet Tliba, tombe mal pour le clan Bouteflika pour plusieurs raisons.
En effet, elle intervient au moment où Djamel Ould Abbès, le SG du FLN, (qui annonce des mesures disciplinaires à l’encontre de Tliba), avait interdit à ses militants d’évoquer la candidature du président. « J’interdis à tout le monde au sein de mon parti d’évoquer une candidature du président de la République. C’est au président et à lui seul que revient la décision », avait-il intimé à ses militants.
Le clan présidentiel se donnerait ainsi suffisamment de temps pour décider de la candidature ou pas du président, que l’on sait malade et affaibli. Patienter encore, du moment que l’échéance présidentielle n’est que dans 15 mois, et que les intentions présidentielles de Saïd Bouteflika pourraient se concrétiser en fonction de l’état de santé physique et mentale de son frère.
Cacher son jeu est une manière pour le clan présidentiel de brouiller les cartes de l’opposition qui peine à trouver un homme ou une femme, capable de fédérer. Il l’a déjà fait à maintes reprises. Le mutisme autour de la candidature de Bouteflika est aussi une manière de neutraliser les tentatives d’Ahmed Ouyahia de briguer un mandat, lui qui a affirmé, à plusieurs reprises, qu’il ne sera jamais candidat… face au président Bouteflika.
Autrement, il le sera voulait-il dire. « S’il se décide à se représenter pour un cinquième mandat (Bouteflika), je serais à ses côtés. Je ne serais jamais candidat face au président de la République. Je l’ai soutenu pendant quatre mandats, et je le ferais encore s’il veut continuer », affirmait le Premier ministre lors de la dernière conférence de presse janvier dernier. Voilà donc comment le président Bouteflika prend en otage ses affidés.
Baha Eddine Tliba, par son excès de zèle, probablement actionné par des cercles pas très proches du centre décisionnel, et angoissés par des lendemains incertains, poussent le clan présidentiel à prendre une décision difficile, et apparemment non tranchée, quant à l’intention d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un nouveau mandat ou à laisser la relève à son frère Saïd. Wait and see.