Lundi 5 février 2018
Anadarko, Statoil et BP, chiche ! Exploitez le gaz de schiste ! (II)
1- Leur présence en Algérie n’est pas aussi blanche qu’on le laisse croire
BP par exemple fait partie des 90 entreprises les plus polluantes de la planète, responsables de deux tiers des émissions à effet de serre dans le monde (01). Pour justifier sa présence passive dans le partage du gaz d’In Salah, elle s’est donné en Algérie à des spots publicitaires relatives à la protection de l’environnement.
Pourtant, de nombreux experts se demandaient pourquoi cette association sur un champ gazier où elle ne ramène aucune expertise. Sonatrach, d’abord connaît bien le gisement, elle sait l’exploiter, dispose de tous les moyens pour le traiter et le transporter enfin une expertise avérée pour le liquéfier et le commercialiser. En quoi BP serait-elle utile dans cette association ? L’argent ?
L’Algérie avait au moment de la signature du contrat des réserves de change qui dépassaient les 200 milliards de dollars.
Anadarko s’est engraissée en Algérie. Créée en 1959, elle est présente dans de nombreux pays. Il n’y a pas si longtemps, elle s’est faite épinglée par le SEC, un organisme de contrôle américain pour fausse déclaration de l’assiette fiscale pour payer ses impôts, alors on imagine les miettes qu’elle pourrait donner au fisc algérien qui ne dispose d’aucun moyen de contrôle.
Elle a extirpé 6,4 milliards de dollars à Sonatrach dans l’affaire de son procès sur la taxe sur le profit exceptionnel, pourtant légitime face à une montée des prix du baril inattendue (02).
Elle est actuellement soupçonnée d’irrégularité dans plus de 1150 contrats passés depuis la création de son association avec Sonatrach (03). Statoil a montré au départ un intérêt particulier pour la formation et a promis aux Algériens un transfert du savoir et du savoir-faire dans le pays.
Dans ce cadre justement, elle a vendu un package de formation à Sonatrach pour plusieurs millions de dollars. Une espèce de « souk » dit « Safe behaviour Programme » destinée à 120 000 travailleurs pour une sensibilisation sur la sécurité. Ce training s’est articulé sur les conséquences des accidents, les causes directes ou indirectes des accidents et surtout sur les mesures à prendre afin de rendre les lieux de travail plus sécurisés. Il s’est déroulé par groupe de 300, surtout pour rentabiliser l’hôtel Sheraton d’Oran mais pas autre chose car il s’est avéré qu’il s’agit là d’une arnaque qui ne dit son nom. En plus, cette société est rentrée avec des parts dans le groupement de l’Institut algérien du pétrole (IAP) pour le hisser au rang d’un pôle d’excellence, résultat : ce fleuron dans la recherche et la formation dans l’industrie pétrolière et gazière est descendu aussi bas qu’un centre de formation professionnel pour ne pas dire de touristique.
2- Pourquoi le gaz de schiste n’est rentable qu’aux Etats-Unis
D’après des études de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), le modèle américain n’est extrapolable nulle part ailleurs et, ce pour plusieurs raisons. La théorie du « first mover advantage » donne un avantage compétitif aux acteurs économiques arrivés en premier sur le marché, donc aux entreprises américaines. Les réserves de gaz de schiste hors des Etats-Unis sont très difficiles à évaluer. Même les estimations des organismes gouvernementaux américains, qui font référence, manquent de crédibilité.
La structure de coûts de l’exploitation de gaz de schiste aux Etats-Unis n’est pas transposable à d’autres pays, du moins à court terme, puisque certaines infrastructures comme le réseau routier ne sont pas nécessairement adaptées.
La différence de taille entre les Etats-Unis et l’Algérie implique également des différences dans les économies d’échelle au désavantage de l’Algérie bien entendu. La seule similitude serait dans la faible densité de population dans les Etats américains producteurs de gaz de schiste, comme le Texas et donne moins d’échos aux problématiques de mitage du paysage et de contamination des eaux. C’est du moins ce que pensent certains experts algériens pour les gisements situés au Sahara algérien. Peut-être aussi la qualité et la quantité du gaz de schiste dans les gisements si l’on croit l’US Energy Information Administration qui prévoit dans les gisements algériens un TOC (4) moyen de 6%, soit situé dans la tranche de l’excellence.
R. R.
Renvois : Lire pour plus de détail
(04)- Qualité du Carbone Organique Total qui détermine la richesse en hydrocarbures