23 novembre 2024
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La pierre angulaire de la refondation nord-africaine

Académie de la langue tamazight

La pierre angulaire de la refondation nord-africaine

Depuis l’indépendance, plusieurs générations ont dû lutter contre l’apartheid linguistique que le pouvoir a imposé à tamazight et ses locuteurs. 

L’État algérien réitère son engagement (1) pour la création de l’académie de la langue tamazight, première langue nationale du sous-continent nord-africain depuis des millénaires. Nous prenons acte de cette affirmation, en attendant la concrétisation.

Nous serions optimistes et même enjoués si la concrétisation de cette décision allait de soi dans un délai raisonnable et que l’État affirme et confirme ainsi sa résistance face à des forces occultes, hostiles et mobilisées plus que jamais pour enfermer notre grand pays dans la négation historique, le panarabisme et l’islamisme destructeurs.

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L’édification de l’académie de la langue tamazight doit être une étape historique à plus d’un titre,

  • Reprendre le processus d’édification de notre nation, engagé par Tuba II puis Ptolémée mais aussitôt interrompu par les romains et tous les autres colonisateurs qui ont suivi,

  • Engager un processus de réunification de notre nation, de l’Atlantique aux confins du désert libyen, morcelé périodiquement par les conflits internes et externes et dont le dernier découpage date seulement du 16eme siècle (‘’Mérinides – Zianides – Hafsides’’ qui ont donné l’actuel morcellement : ‘’Maroc-Algérie-Tunisie-Libye, et plus tard la Mauritanie’’).

Dans le monde, plusieurs pays ont subi des éclatements, morcellements et sécessions, à cause de conflits ethniques, linguistiques, idéologiques, religieux ou résultant d’occupations étrangères. Mais beaucoup ont concrétisé leur volonté de réunification (échec de la sécession du Sud aux USA en 1860, réunification du Vietnam en 1975, de l’Allemagne en 1989, du Yémen en 1990, …). Quelques pays morcelés recherchent encore les voies de leur réunification (Corée du Nord et du Sud, Chypre turque et grecque en Méditerranée, etc.).

En ce qui nous concerne, les fractionnements résultant des guerres de pouvoir en Afrique du Nord, pendant les siècles dits ‘’obscurs’’, et qui ont donné la dernière configuration (‘’Mérinides – Zianides – Hafsides’’), ne sont justifiés par aucune des raisons énumérées ci-dessus. Ce n’était que des luttes de pouvoir et de conquêtes de monarques auto-proclamés pour agrandir chacun son territoire et sa zone d’influences, afin d’assouvir sa volonté de puissance.    

Il est temps de mettre fin à cet atavisme historique.

Ainsi, la création de l’académie de la langue tamazight doit être un acte fondateur pour la réunification des pays de cette Afrique du Nord morcelée à tort, et l’avènement d’une Tamazgha unie, foyer historique pour tous les citoyens de ces pays, sans exclusive.

Cette création doit être à la hauteur de cet acte fondateur.

Il s’agit notamment :

  • d’engager la création d’une académie transnationale, commune au Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie et Mali, Niger, afin de mener à bien la convergence linguistique en élaborant le vocabulaire moderne de tamazight commun à l’ensemble des pays et des parlers,

  • Impulser, par ce biais, le processus de réunification de ces pays, dans un cadre démocratique et de complémentarité économique, vers la meilleure formulation qui respecte tous les pays (fusion des pays en supprimant les frontières (2), fédération, association,  etc.).

L’Algérie doit prendre cette initiative au plus tôt, mais aussi veiller plus que tout au bon choix des premiers responsables de cette institution, au niveau algérien d’abord, ceux qui auront la responsabilité d’élaborer la feuille de route, puis de lancer la dynamique d’agrégation, de construction et de mutualisation avec les autres pays.

Des tractations de coulisses seraient déjà en cours depuis plusieurs mois en Algérie, pour ‘’mettre la main’’ sur cette institution.

Des groupes de pression seraient, dit-on, en train de préparer des ‘’docteurs linguistes Taïwan’’, selon la formule populaire, qui se seraient reconvertis dans l’arabo-mazighisme de circonstance.

Il y va de la responsabilité de l’État de ne pas dévoyer cette initiative historique qui fera certainement date pour les siècles à venir.

Si l’espoir est permis, le doute est légitime.

Les ratages commis lors de la création de la chaîne tamazight TV4 en 2009, initiative louable mais confiée dès sa création à un homme plus habitué des salles d’audience des tribunaux, pour des faits immoraux, que manager sur les plateaux de la chaîne TV, et qui en avait fait sa propriété privée (3), nous  impose une extrême vigilance.

Sommes-nous condamnés à rater à chaque fois les rendez-vous de l’Histoire ?

Il appartient à l’État algérien d’infirmer cette fatalité.

A. U. L.

Notes.

(1) Déclaration du premier ministre AhmedOuyahia : https://lematindalgerie.comahmed-ouyahia-abdelaziz-bouteflika-se-porte-bien-et-dirige-bien-le-pays

(2) L’intangibilité des frontières africaines, formulée dans les textes fondateurs de l’OUA n’est pas un obstacle : https://www.diploweb.com/Frontieres-africaines-1964-2014.html

(3) ‘’Les lieux appartiennent à ceux qui les organisent’’, dicton populaire.

Auteur
Aumer U Lamara, physicien et écrivain de langue tamazight

 




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