Lundi 21 juin 2021
Élections et démocratie
« La Démocratie ne va pas de soi. Il faut se battre pour elle chaque jour, sinon nous risquons de la perdre », Paul Auster
S’il ne faut jamais conjecturer sur les résultats des scrutins qui ont trait aux régionales et aux départementales en France, on devine aisément que ce sera le triomphe absolu d’un seul parti, celui des abstentionnistes. Il faut se remémorer que le premier référendum de la Cinquième République, qui s’est déroulé à l’initiative du général De Gaulle le 28 septembre 1958, a réuni plus de 80% des inscrits.
Depuis, les tenants de l’abstention ont fait progresser leur choix très régulièrement atteignant même le chiffre de 60% lors de la consultation pour les listes européennes en 2009. Il n’y a qu’une élection qui puisse retenir l’intérêt de l’opinion, et par là même, des électeurs, c’est celle qui doit désigner le président de la République avec près de 75% des votants lors de la dernière présidentielle.
Avec l’apparition de la pandémie, les élections municipales de 2020 ont connu une forte abstention alors que ces élections de proximité ont toujours été régulièrement suivies par les électeurs. Il y a évidemment un effet coronavirus mais ce n’est pas la seule explication. La déflation de l’épidémie est amorcée et n’a pas empêché le fort taux d’abstention que nous avons noté dimanche passé.
Les élections des conseillers régionaux et des conseillers départementaux ne représentent pas grand-chose apparemment pour les électeurs alors qu’il s’agit à l’évidence d’échelons de proximité de première force. Il suffit de lister les différentes compétences de ces deux assemblées pour avoir la preuve que notre vie quotidienne est fortement impactée par les décisions qui y sont prises.
Ce qui l’emporte dans le décrochage du corps électoral, c’est l’inefficacité des suites de leurs votes. Pour autant, il convient de ne pas perdre de vue toutes les raisons d’exercer ce droit conquis de haute lutte. Prendre part à la composition de ces conseils régionaux et départementaux est une belle façon de faire fonctionner la démocratie. Surtout quand on sait que ces deux assemblées influent sur notre vie de tous les jours.
C’est aussi une façon de sanctionner ceux qui n’ont pas tenu leurs promesses et de faire entendre ses désaccords. C’est également prendre en considération ceux qui, dans le passé, se sont battus pour que tout un chacun puisse dire son mot et lutter contre les décisions prises « en haut » sans que la sanction des urnes n’y puisse grand-chose.
Le scepticisme envers les élus que certains traitent de pourris ne peut qu’engraisser les populistes de tous poils et, ainsi, nourrir les extrêmes qui ne voient dans les espaces de débats que tergiversations fielleuses. Une fois que les extrémistes auront pris le pouvoir, il sera trop tard pour les regrets. Si discutables que soient les moyens d’exercer sa souveraineté, la démocratie permet encore et toujours l’expression des choix politiques et la participation aux débats qui s’imposent. C’est une chance que beaucoup de peuples n’ont toujours pas.