Mardi 10 mars 2020
Un peuple orphelin de ses élites
Chacun cherche à tâtons les clés d’un avenir qui reste toujours flou et imprévisible. Certains disent qu’après l’élection du 12 décembre, ils ont bien vu mourir le rêve de la transition démocratique.
D’autres, s’enorgueillissent, toutefois, que le bateau n’est pas resté sans chef, car, d’après eux, les conséquences auraient été plus désastreuses. Au milieu des deux camps, la grande caravane des marcheurs continue son marathon dans la rue, dans l’espoir de réaliser l’idéal de tant de générations d’Algériens.
Chez nous, tout s’accélère à un rythme effréné après la longue agonie de l’ancien système, où le navire sans commandant de bord, troué de partout, ne faisait que tourner dans le vide en pleine mer. Le constat est aujourd’hui implacable, amer, difficile à admettre : tout est à refaire à commencer par le système éducatif, l’économie, la justice, la santé, l’industrie. Sur les écrans des télévisions, les Algériens se plaignent de l’abandon, de la pauvreté, de la bureaucratie, de la corruption, de la stagnation du pays. Ils en appellent de toute leur force au président Tebboune pour réagir.
Ce dernier se retrouve confronté à de nouveaux chantiers dont le coût de réalisation n’est pas, parait-il, à la portée des caisses de l’Etat presque vides. Que fera-t-il alors pour remonter la pente?
Comment pourra-t-il canaliser, en si peu de temps, les énergies et les moyens, alors que l’Algérie frôle déjà la crise économique? Au fil des jours se précise l’ampleur de la tâche et sa complexité, dans un contexte où la mobilisation citoyenne pour le changement n’est pas près de cesser.
L’impatience de ceux d’en-bas pour la refondation de la maison-Algérie, confirme le constat que le peuple est orphelin de ses élites, et que son aspiration à une vie meilleure, à l’ombre d’un Etat de droit où les libertés et la justice ne seront pas de vains concepts, est une exigence fondamentale, scellée et non négociable.
De même, quiconque peut entrevoir à travers les pancartes et les slogans portés durant les manifestations un certain pied de nez lancé à une opposition politique disloquée, laquelle n’arrive pas à se départir de sa confortable posture de critique passive du système, sans jamais pouvoir franchir le seuil de l’initiative et de l’action. En gros, la rue a fait le procès du système dans sa globalité et a décidé son départ!