2 mai 2024
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Arabie saoudite : 3e coup de poignard dans le dos de l’Algérie   

DECRYPTAGE

Arabie saoudite : 3e coup de poignard dans le dos de l’Algérie   

Lorsque le royaume wahhabite, notamment son jeune prince, avait été gêné par des frictions de son homologue qatari, c’est à la diplomatie algérienne qu’il s’est adressé pour une médiation que l’Algérie s’est même empressée de prendre en charge.

Ensuite, le président Tebboune, devait réserver sa première visite d’Etat à ce royaume, pas pour faire du tourisme religieux, mais  pour sensibiliser les responsables saoudiens afin qu’ils usent de tout leur poids pour booster les prix du baril dont dépendent fortement l’économie algérienne déjà en difficulté. En vain.

Il se trouve que le samedi dernier, le lendemain de l’échec « discutable » de la réunion de Vienne de l’OPEP, suite au refus de la Russie d’accepter une ponction de 600 000 barils avec ses neuf autres membres non OPEP,  Riyad a entamé une guerre des prix, en procédant à sa plus grande réduction de tarif depuis une vingtaine d’années, selon l’agence Bloomberg. L’Arabie saoudite a réduit ses prix de livraison en avril de 6 à 8 dollars par baril par rapport à mars en Asie, aux États-Unis, en Europe occidentale et en région méditerranéenne, où la Russie vend une grande partie de sa production.

Le premier exportateur mondial d’or noir et ses alliés ont par ailleurs indiqué, selon Reuters, qu’ils supprimaient les limites de production qu’ils s’étaient jusqu’ici fixées. L’Arabie saoudite envisagerait d’augmenter sa production à partir du 1er avril, date de fin des accords de réduction initiaux.

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Le résultat ne s’est pas fait attendre pour casser les prix du baril en les faisant plonger. Sur le New York Mercantile Exchange, les contrats à termes sur le pétrole brut  pour livraison en avril s’échangeaient à 32,94 dollars le baril tard dans nuit d’hier, déjà  en hausse de 5,81% par rapport à la plongée du dimanche dernier.

Ailleurs au niveau de l’Intercontinental Exchange (ICE), le pétrole de Brent proche du Sahara Blend algérien  pour livraison de mai a progressé de 6,84 pour s’échangeait à 36,71 dollars le baril, tandis que l’écart entre la valeur des contrats sur le Brent et le Brut s’établit à 3,77 dollars le baril.

S’agissant d’une baisse de la demande suite aux ravages de coronavirus, les perspectives ne sont pas sur la voie de l’optimiste pour mettre l’économie Algérienne et Vénézuélienne à rude épreuve pour supporter un autre déficit qui épongera la totalité de ses réserves d’échange et l’exposera certainement au recours à l’endettement externe qu’elle aurait voulu éviter à tout prix pour l’ avoir essayé dans les années 90.                                                                                                

1- L’Arabie saoudite ne vise pas la production russe par vengeance

En effet, depuis hier lundi les porte-voix du royaume laissent fuiter des rumeurs reprises par la revue New York Times dans sa livraison mise à jour le 9 mars que le royaume visait d’inonder le marché pour mettre à genoux les deux sociétés russes en chassant sur leur propre terrain.

Or, dans cette affaire le deal entre la Russie et le Royaume saute aux yeux. Il s’agit de donner le coup de grâce de certains producteurs de gaz et de pétrole de schiste qui sont déjà en fin de vie durant l’année 2019 et récupérer ainsi leur parts de marché. La preuve le  ministre russe a même déclaré à l’issue de la réunion qu’il n’ aurait plus de restriction de quota au-delà du 1 er avril. Le deuxième objectif, de toute évidence saoudien est de venir en aide au président Trump en donnant un chèque à blanc à son électorat par des produits à la pompe, beaucoup moins chers.

Rappelons que le candidat Trump a fondé sa compagne électorale sur l’économie que le coronavirus même s’il n’a pas encore touché les Etats Unis, va certainement affecter ses entreprises qui dépendent de celles chinoises. L’Etat fédérale ne va pas cette fois- ci venir en aide aux producteurs de schistes tant que cela arrange le président américain en poste.                         

2- Ce n’est pas  la première fois que le royaume affiche ostentatoirement son égoïsme

Le 7 au 9 décembre  1985 à Genève, l’Arabie Saoudite de connivence avec les autres monarchies du Golfe y compris le Qatar ont entrainé les autres membres surtout les mono-exportateurs d’entre eux  pour changer de politique qui consisterait à ne plus défendre le prix du baril mais se concentrer sur le volume pour gagner des parts du marché et encrer ainsi leur influence à l’international. 

En été 1985, l’Arabie saoudite avait mis en œuvre un autre artifice de vente appelé « netback deal ». Il consistait à fixer le prix du baril en fonction de la valeur de vente du cocktail de produits finis qu’on peut obtenir sur le marché du raffinage. Ce qui voulait dire que sur un marché connaissant des fortes fluctuations des prix, le plus gros risque se trouve assumé par le vendeur du pétrole brut qui assurait d’une manière détournée la marge du raffineur.

Abandonnant ainsi, sa stratégie de défense des cours du baril, ce nouveau deal s’est avéré contre productif et a mené droit vers un « contre choc pétrolier » au détriment bien entendu des producteurs dont l’objectif est un prix acceptable pour leur économie. De là était  amorcée la chute brutale des prix pétroliers sur le marché libre. Au mois de juillet 1986, le baril de pétrole de la Mer du Nord était côté 9,86 dollars sur le marché libre alors qu’il valait encore 30 S/b sept mois auparavant. Il a mis l’Algérie à genoux au point où le premier ministre de l’époque, feu Kasdi Mesbah convoqua l’ambassadeur du royaume pour  lui demander de passer le message au roi « qu’on nous a enlevé le pain de la bouche ».

Enfin en 2014, l’Arabie saoudite sans consulter le cartel s’est attaquée aux producteurs de gaz de schiste américains pour récupérer, dit-elle ses parts du marché. Etant économiquement assez forte pour résister à une baisse des prix «pendant au moins trois ans », elle a inondé le marché en pompant à fond la caisse dans ses gisements.

Conséquences : les prix du pétrole se sont effondrés à un plus bas niveau jamais atteint en quatre ans en raison notamment en plus d’une baisse de la demande dans une économie mondiale atone, une forte hausse de la production de schiste et d’autres sources non conventionnelles. Depuis, le budget algérien s’est mis a accumulé des déficits qui a totalement épongé son Fond de Régulation des Recettes (FRR), puis recourir à la planche à billet, procédé non conventionnel dévastateur d’une économie de rente.                                                   
 

Auteur
Rabah Reghis

 




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