24 novembre 2024
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Y a-t-il quelque chose de bien cousu dans ce monde ?

FOOTAISES de Meziane Ourad

Y a-t-il quelque chose de bien cousu dans ce monde ?

Vendredi 22 juin. Salle du Bataclan, 50 boulevard Voltaire à Paris. Matoub.

Tout est là, la vie, la mort, la raison et la déraison. L’association « Matoub mémoire et transmission » présidée par Nadia son épouse, témoin et et victime de l’attentat qui l’a emporté célèbre la mémoire de l’aède. 1500 personnes attendues. Beaucoup plus se sont présentées.

A quelques heures de la cinglante et disqualifiante défaite de la Tunisie face aux diables belges (5 à 2), la kabylie toute entière s’est invitée dans le 11ème arrondissement de Paris. Pas très loin du métro Charonne. C’est à cette station du célèbre transport parisien que le 8 février 1962, les compagnies policières du préfet Papon instruit par Roger Frey, son ministre de l’Intérieur foncent, « bidules » en main (c’est ainsi qu’on nommait les matraques en bois des flics de ce temps) sur 20000 manifestants pacifistes appelés par les organisations syndicales à dénoncer les crimes de l’OAS. Bilan 9 morts, 250 blessés. La scène la plus violente, la première s’est déroulée à 150 numéros du Bataclan. Au 200 du Boulevard  Voltaire.

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Le Bataclan, cette salle martyre qui a accueilli, vendredi, un digne et immense hommage au barde Matoub Lounès a été comme nous le rappelions dans un précédent écrit, le théâtre d’une tragédie à jamais gravée dans la mémoire des français. Trois fous biberonnés aux litanies wahabistes ont mitraillé une foule de fêtards parisiens venus danser au son du métal rock, d’un groupe américain « Eagles of Death » qui portait mal son nom ce soir là.

Plus de 90 morts et des centaines de blessés. D’estropiés à vie. Des milliers d’âmes déchirées. Matoub, sa femme Nadia et les deux sœurs de celle-ci ont été criblés de 72 balles, le 25 juin 1998, à Thala Bounane sur la route reliant Tizi-Ouzou à Béni-Douala. Lounas est mort. Les trois sœurs portent, à ce jour, les traces de la haine assassine des terroristes islamistes dans la peau.

Islamistes, aujourd’hui, au pouvoir ou à sa périphérie au pays de la tribu Bouteflika. Bouteflika vient soigner ses blessures au corps à Paris, au Val-de-Grâce, à quelques empans du Bataclan.

Les Kabyles sont venus, vendredi 22 juin, soigner leurs blessures à l’âme au 50 boulevard Voltaire, sur les lieux d’un immonde crime. Un crime qui a les mêmes commanditaires que celui qui a emporté Matoub, 17 ans avant les victimes du Bataclan. Commanditaires invités par la FIFA au mondial de Poutine mais que le talent des artistes du ballon et les milliards de sponsors sont en train de chasser progressivement du pays de Lénine.

Avant le 14 juin et la défaite de l’Arabie Saoudite par 5 à 0, face à la Russie, au stade Loujniki de Moscou, les petits peuples soumis à Dieu et à leurs corrompus de dirigeants  ont tous misé leurs pauvres deniers sur la main de Fatma. Les miracles espérés allaient s’accomplir. La Tunisie, l’Iran, le Maroc, la wahhabie … 

Il n’y a plus de petites équipes, paraît-il. Ces pays et d’autres apparentés musulmans étaient certains à l’ouverture de ce « Russie 2018″ de  pouvoir bouleverser la hiérarchie mondiale . Au fil des jours et des matchs,  on commence à s’apercevoir que » le football comme le disait un grand entraîneur, est un sport qui se joue à 11 contre 11 mais, à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne! »

Ecoutons Mehdi Belhadj Kacem philosophe atypique répondant à la question d’un journaliste de « Vice Sport » qui lui demandait pourquoi il s’intéressait tant au football.

« Ma philosophie est assez négative. La seule dimension positive est celle du jeu. J’ai toujours valorisé la question du  jeu. Elle n’est jamais prise en compte par la philosophie. Il y a des intellectuels comme Georges Bataille qui mettent en valeur le jeu, mais je pense pouvoir aller plus loin, notamment dans l’analyse de ses dimensions politiques et esthétiques. Le jeu est extrêmement chronophage. Depuis quelques années, je joue beaucoup au poker. Ça m’aide à arrondir mes fins de mois, mais j’y passe beaucoup de temps. J’ai arrêté les jeux vidéos, ça dévore toute la temporalité. Pendant longtemps, je dévorais les JO en intégralité. Je passais huit heures par jour devant la télévision. Quand il y a la coupe du monde de football, je regarde tous les matchs. Je ne fais pas ça par esprit postmoderne. C’est tout à fait sérieux (…) L’enthousiasme que l’on ressent quand on regarde un match, il n’y a rien de plus sérieux ! »

Il n’y a rien de plus sérieux que la nuit de samedi que j’ai passée à observer les étoiles au télescope aux côtés d’un grand ingénieur algérien, Rabah Bouzidi,  qui m’a reçu à Nantes, qui s’est évertué à m’expliquer combien nous étions petits face à l’infiniment grand.

Quelle serait la place d’un ballon là-dedans ? Décousus tes papiers, me disait dernièrement un lecteur. Connaît-il quelque chose de bien cousu en ce monde ? 

Auteur
Meziane Ourad

 




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