C’est tout sauf un hasard quand l’éminent label berlinois Habibi funk a songé à faire découvrir au monde, qui va de Wellington à Helsinki comme de Lima à Séoul en passant par Pretoria, les trésors musicaux des Amazigh, et bien en particulier, la production musicale kabyle. Une musique qui a, de tout temps, fait preuve de résistance dans un environnement qui lui est traditionnellement hostile.
Bien que cette non des moindres tâches nécessite tout de même une bonne connaissance de notre patrimoine artistique et culturel qui semblait d’avance faire défaut à cette grande boite de production et de diffusion, le choix de Janis stürtz, son historique fondateur, s’est finalement avéré remarquablement judicieux en dénichant particulièrement les neuf magnifiques œuvres de cet artiste chanteur qui a son amazighité dans la voix et les ruisseaux des montagnes du Djurdjura dans sa musique.
Incontestablement, la musique aussi vivante et aussi mouvante du grand et discret Madjid Soula à l’envoutant accent de sa Basse Kabylie n’a guère laissé, par sa maturité artistique et la thématique percutante de ses chansons, tous ces écoutants persévérant aux oreilles averties qui la diffusent désormais quotidiennement sur toutes les stations radio internationales qui ont mission de proposer les musiques venues des quatre coins du monde.
Depuis le 12 décembre dernier, date de la sortie mondiale de la compilation, le producteur allemand ne cache pas sa bonne surprise en constatant l’engouement d’un public de plus nombreux et toujours aussi curieux de découvrir d’aussi belles et nouvelles sonorités musicales venues de cet ailleurs méconnu. Il ne peut cependant pas expliquer le pourquoi du comment de l’excellente vente de ce disque de Soula au pays de la Téquila.
« Oui, nous ne l’avions pas mesuré au départ en sortant cet album mais toutes les radios qui faisait découvrir la musique kabyle de Soula, la faisaient découvrir à d’autres radios et naturellement à d’autres auditeurs, à tel point que c’est devenu une grande source d’inspiration pour beaucoup de mélomanes dans le monde, y compris des jeunes qui n’ont jamais entendu parler de cette culture berbère du nord de l’Afrique. Aujourd’hui, on peut parler d’un excellement départ pour cette nouvelle influence. C’est une bonne chose car notre choix fût bon », explique un des managers de Habibi Funk.
Madjid Soula dit s’être depuis senti motivé à reprendre la route et à travailleur encore la musique kabyle pour servir comme toujours sa culture, et ce pour la première fois depuis d’une dizaine d’années qui l’a plongé dans la réflexion et les interrogations sur le devenir de l’art et la culture amazigh. Il confirme d’ailleurs une reprise de ses activités artistiques qui est déjà très intense.
« Constater un tel formidable regain d’intérêt pour ma musique et sans nul doute davantage pour ma culture ancestrale est, à mes yeux comme aux yeux de tous les Berbères, un remarquable évènement car l’exposition international de notre art permettra, me semble-t-il, d’afficher notre patrimoine culturel en grande lettre de lumière comme pour escompter voir enfin notre identité amazighe reconnue et appréciée par tous et partout dans le monde », me confie timidement le grand sage Madjid Soula qui me quitte non sans me promettre de me faire très prochainement part de son intime rapport aux nombreuses causes qu’il aborde dans ses chansons.
Dans cette attente, je sais retrouver sa voix suave et déchainée sur les fréquences de radio du monde entier.
Yazid Sadat
Bravo,Madjid. Récompense méritée.