24 novembre 2024
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La paix, inlassablement !

Ukraine en guerre

“Tous les peuples sont pour la paix, aucun gouvernement ne l’est.” Paul Léautaud

Vladimir Poutine a, une fois de plus, trompé toute la planète y compris ses supporters les plus fanatiques. Personne ne pensait que ça aboutirait à ce fiasco.

Il nous a pourtant averti que l’humiliation de la Russie ne pouvait pas durer éternellement, que les causes de son mécontentement étaient réelles et légitimes et que cet élargissement de la géographie de l’Otan, si elle a été acceptée pour les anciens membres du pacte de Varsovie, ne pouvait pas être ingurgitée facilement pour ce qui est des anciens pays sociétaires de l’Union soviétique. 

Il a dit et répété pourtant qu’il cessait les manœuvres militaires qu’il avait initiés au sein même de la Biélorussie, en Crimée et aux approches des républiques du Donbass. Puis, sans aucun avertissement, le potentat russe a projeté son armée  contre son voisin ukrainien.

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Frappes aériennes, explosions, bombardements, colonne de chars, évacuation de civils vers l’ouest… L’horreur de la guerre est revenue avec force aux frontières de l’Europe et personne ne sait encore jusqu’où ira ce conflit, si ce n’est peut-être le président russe.

L’Otan et les Etats-Unis se contentent d’aboyer et de balancer de l’huile sur le feu tandis que l’Union européenne, conforme à son habitude, a lancé des sanctions tous azimuts contre la Russie, oubliant que ce ne sont pas les oligarques qui vont en souffrir mais le peuple russe.

Ces sanctions risquent, de plus, de défavoriser entièrement les paysans européens et de faire que le coût de la vie, dans les 27 pays de l’Union, en subisse les conséquences favorisant une inflation présente déjà depuis quelques temps.

La fourniture des armes à un des belligérants n’est pas non plus un signe de grande maturité. Surtout de la part de l’Allemagne qui, ne serait-ce que du fait de son passé récent, n’aurait pas dû s’engager sur cette pente, elle qui dépend entièrement du gaz russe. 

Le fait même que l’Union européenne soit un élément clé de l’Otan l’empêche de jouer les bons offices entre les deux frères ennemis. Imaginons un seul instant que la Biélorussie veuille, après avoir prêté son territoire au passage de l’armée russe, s’aventure au rôle de diplomate soucieux de jouer l’apaisement.

En attaquant son voisin avec cette puissance de feu infernale, la Russie s’efforce de diviser les pays qui forment la communauté internationale parce que loin de ce qu’écrivent la Pravda et les Ivestia occidentales, Poutine n’est nullement isolé.

La Chine, l’Afrique du Sud, le Mexique, l’Iran, l’Inde, et j’en passe, soit plus de la moitié de la population mondiale, ont décidé de ne pas ajouter le malheur du monde à celui des populations russes. En France même, les candidats à l’investiture suprême ne sont pas aussi clairs qu’ils veulent le montrer.

Ces derniers jours, on a vu Marine Le Pen entretenir le flou face à son mentor russe. Il est vrai qu’elle a été reçue en grandes pompes au Kremlin et que le Rassemblement national est en train, depuis 2014, de rembourser l’énorme prêt de plusieurs millions d’euros que les banques russes lui ont consenti. Quant à Éric Zemmour, il n’a pas cessé de lancer des fleurs au « patriote russe qui défend les intérêts de son pays ».

On l’a entendu parler de la fermeté et de la main de fer de son modèle dont il s’inspirerait si, par malheur, il arriverait à s’assoir dans le fauteuil du président de la République. Jean-Luc Mélenchon n’est pas du reste. Il a certes condamné l’invasion de l’Ukraine mais il n’a pas arrêté d’avoir des propos ambigus.

Quant au reste du spectre politique, entre va-t’en guerre et serpillières des Américains, ils ne savent pas s’élever au niveau de ce qu’a tenté, il y a plus d’un demi-siècle, de leur inculquer une fois pour toutes le général de Gaulle, que nous enterrons une fois de plus.

En dehors du drame qui se joue en Ukraine et dont les populations civiles paient chaque jour un drame insoutenable, cet épisode guerrier sera sans aucun un uppercut de plus décroché au visage de la France et à celui de l’Europe, incapables de monter sur un piédestal pour arrêter les ardeurs belliqueuses de l’ours russe et de calmer les divisions occasionnées par le comportement du gouvernement ukrainien depuis 2014.

À la France et à l’Union européenne de s’élever et de se montrer comme un acteur diplomatique majeur. 

Et ainsi de faire que la paix s’installe enfin définitivement sur ce continent déchiré depuis des siècles par des guerres, inlassablement. Oui, la Paix !

Kamel Bencheikh, écrivain

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